A l’AG2R La Mondiale, Tripalio dans le viseur de la direction

AG2R La Mondiale

A l’AG2R La Mondiale, depuis l’envoi au beau milieu de l’été, par les dirigeants de quatre confédérations syndicales de salariés, d’une lettre plutôt critique à Bruno Angles au sujet de son action à la tête du groupe, il se passe rarement une semaine sans la survenue de remous qui viennent perturber le bon cours des choses.

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La semaine dernière, une bien curieuse réunion au sommet a ainsi eu lieu au cours de laquelle la direction de l’AG2R La Mondiale aurait fait état de ses conceptions en matière de liberté d’expression et de liberté de la presse.

L’AG2R La Mondiale en situation délicate

Comme nous l’avons évoqué à plusieurs reprises ces derniers mois, la situation globale de l’AG2R La Mondiale n’est pas évidente. D’une part, la conjoncture économique et financière du groupe demeure délicate. En effet, s’il est vrai que, depuis son arrivée, la direction a œuvré au redressement des équilibres techniques d’un certain nombre de contrats de branches et de grands comptes, il n’en demeure pas moins que, selon plusieurs sources concordantes, la trajectoire d’AG2R Prévoyance n’est toujours pas celle d’une structure bien équilibrée. A ce problème structurel s’ajoutent en outre, depuis peu, des craintes concernant la situation financière exacte d’Aegide-Domitys – filiale du groupe qui opère comme gestionnaire de résidences avec services pour seniors.

D’autre part, à côté de ces problèmes économiques et financiers, la gouvernance de l’AG2R La Mondiale semble être dans une mauvaise passe. Comme tout le monde s’en doute, l’affaire de la lettre confédérale envoyée au directeur général a quelque peu perturbé les relations internes aux instances d’abord et entre les instances et la direction ensuite. “Tout le monde se regarde en chien de faïence”, résume un administrateur de premier plan, qui poursuit : “Ceci n’est pas bon pour la gestion du groupe”. Bien évidemment, les éléments contenus dans l’article publié il y a quelques semaines par Mediapart au sujet de certaines pratiques du déontologue de l’AG2R La Mondiale, le général Benoît Puga, n’ont pas vraiment contribué à apaiser les esprits au sein du groupe.

Des relations internes de plus en plus tendues

Face à cette situation délicate, la direction de l’AG2R La Mondiale aurait pu faire le choix d’une concertation interne assez large visant à dresser un état partagé des lieux et des perspectives du groupe et permettant de fédérer le plus largement possible autour de réorientations de son activité. A l’évidence, ce n’est pas exactement cette orientation qui a été retenue.

Avec les gestionnaires paritaires du groupe, le climat général serait à la suspicion plus qu’à la confiance. Estimant, semble-t-il, que la diffusion publique des éléments contenus dans la lettre confédérale mais également d’autres informations – comme celles relatives à Domitys ou au général Puga – pourrait procéder d’une volonté politique de déstabilisation, la direction se montrerait attentive à l’activité de certains administrateurs. “L’ambiance tourne rapidement à la chasse aux sorcières et à la recherche des supposés traîtres” témoigne une source interne au groupe. Ceci favorise alors la cristallisation des oppositions bien plus qu’une nécessaire recherche de concorde interne. Interrogée à ce sujet, la direction de l’AG2R La Mondiale dément fermement toute attitude hostile envers certains administrateurs.

Cette multiplication des tensions au sommet viendrait s’articuler à celle observée dans le cadre des relations sociales internes au groupe. Plusieurs sources concordantes témoignent d’une “nette dégradation”, depuis la rentrée, du dialogue social en interne. “Certains représentants du personnel font les frais d’attitudes de plus en plus virulentes de la part de la direction” glisse l’un d’entre eux. Les attitudes vexatoires, les accusations plus ou moins graves de mauvais comportements et les tentatives de “déstabilisation” se multiplieraient en réunions. Invitée à s’exprimer sur ce point, la direction du groupe réfute là encore ces différents propos. Quoi qu’il en soit, les relations sociales internes apparaissent clairement dégradées.

Tripalio, un “risque” pour l’AG2R La Mondiale

Parallèlement à cette stratégie de la rugosité en interne, la direction de l’AG2R La Mondiale aurait décidé de porter le fer contre les porteurs de nouvelles dans l’espace public et, en premier lieu, contre Tripalio. En effet, d’après différentes sources, la semaine dernière, une réunion du comité des risques du groupe s’est tenue au cours de laquelle Tripalio aurait été au cœur de l’ordre du jour. Tripalio aurait été décrit comme un “risque systémique” pour l’AG2R La Mondiale. L’opportunité d’une action en justice, au motif de la violation des règles du “secret des affaires”, aurait également été évoquée et quelque peu discutée. Formulées par une direction où un général aux réseaux bien fournis occupe une bonne place, ces attaques à l’encontre du principe de la liberté de la presse paraissaient devoir être prises au sérieux.

S’exprimant à propos de ces éléments divers et variés, cette dernière les nie en bloc. L’expression de “risque systémique” n’aurait, d’abord, pas été employée lors de la dernière réunion du comité des risques : c’est “complètement faux”. Surtout, la direction de l’AG2R La Mondiale n’envisagerait aucun recours à la voie judiciaire contre notre publication : “nous respectons très clairement le travail de la presse”. Enfin, et plus généralement, elle assure n’avoir aucunement l’intention d’exercer de quelconque pression sur ce travail.

Tout en prenant bonne note de ces démentis et précisions apportés par la direction du groupe, et bien que nous félicitant de faire l’objet de son attention, Tripalio demeurera néanmoins attentif, dans les prochaines semaines et les prochains mois, à l’évolution des choses en matière de liberté d’expression à propos de l’AG2R La Mondiale. S’agissant de ce groupe paritaire de protection sociale, comme des autres assureurs paritaires, mais également de l’ensemble des opérateurs qui interviennent sur le marché de la protection sociale et, plus particulièrement encore, de la protection sociale collective et obligatoire, il nous paraît en effet fondamental de pouvoir exercer un droit de regard sur l’usage qui est fait par des états-majors assurantiels dotés de moyens considérables, des cotisations prélevées sur le labeur des travailleurs. Sans cela, la démocratie sociale, déjà bien malade, serait tout bonnement liquidée.

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