Alors que l’opportunité d’une suspension de la dernière réforme des retraites continue de susciter un débat public d’autant plus vif que le sort du gouvernement de Sébastien Lecornu en dépend directement, la CFDT a récemment pris sur ce thème une position qui n’est pas passée inaperçue.

Pour la CFDT, la suspension de la dernière réforme des retraites doit être l’occasion de relancer le débat sur la retraite par points et à la carte.
La suspension de la réforme des retraites, une question de “démocratie”
Interrogée il y a quelques jours sur BFM TV, Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, a réaffirmé la revendication cédétiste d’une suspension de la dernière réforme des retraites. Faisant valoir la légitimité de cette demande en invoquant le fait que “c’est une réforme qui a été passée au forceps, qui n’a pas été du tout acceptée”, elle a fustigé les responsables politiques qui, en refusant de “céder sur cette question de la suspension”, refuseraient une nouvelle fois la tenue d’un débat public sur cette réforme. Ne niant pas le coût non négligeable d’une telle opération – Sébastien Lecornu a parlé de trois milliards d’euros pour l’année 2027 – la patronne de la CFDT a toutefois estimé qu’elle “vaut le coût” dont il est question, car il s’agit selon elle, sur ce dossier, de redonner sa chance à “la démocratie”.
La CFDT veut poser “la question de la retraite à la carte”
Du point de vue de la CFDT, la suspension de la dernière réforme des retraites ne serait pas un moyen de mettre sous le tapis l’enjeu des retraites mais, au contraire, de le remettre au centre du débat public. Il s’agirait plus précisément, selon elle, de débattre de l’opportunité de sortir de notre système de retraites, notamment fondé sur la notion d’âge légal de la retraite, jugée “profondément injuste” par la CFDT, et de mettre en place un système, “profondément juste”, fondé sur les points et le choix par les assurés de leur âge de départ.
“Les personnes choisissent, elles ont la main sur l’âge auquel elles veulent partir et du montant de la pension dont elles veulent bénéficier” a appuyé Marylise Léon. “C’est profondément juste, c’est un régime universel qui permet notamment aux poly-pensionnés, ceux qui font des allers-retours entre le public et le privé, d’avoir une équité de traitement”, a-t-elle expliqué. Elle a ajouté que la pénibilité et les problématiques liées aux carrières féminines y sont également mieux prises en compte.
Une proposition cédétiste quelque peu risquée
En l’état, et quoi que l’on pense, sur le fond, de la pertinence ou non de la proposition de la CFDT, on en retient que sa formulation dans l’état actuel du débat public sur les retraites apparaît, certes opportun – étant donné que la question des retraites est de nouveau au centre de ce débat – mais néanmoins quelque peu risquée. D’une part, en prenant dans ce débat une position distincte de celle des autres confédérations salariales, notamment la CGT, FO et la CFE-CGC, la CFDT prend le risque de fragiliser le mouvement intersyndical de mobilisation contre la politique de l’exécutif. D’autre part, et plus fondamentalement, en appelant de fait à rouvrir un débat initié par le Président de la République en 2019 – et même sans partager les propositions qui étaient alors les siennes – elle prend le risque de relancer une réforme aux développements pas nécessairement faciles à maîtriser pour les syndicats et, par conséquent, pas nécessairement évidents du point de vue des salariés.