Si le nouveau Premier ministre François Bayrou n’a pas encore dévoilé les principales orientations de son action à la tête du gouvernement, il se trouve toutefois déjà mis sous pression par différents responsables politiques et syndicaux sur le thème des retraites.
Bien que le budget social de la nation se trouve dans une situation pour le moins dégradée, les appels à un retour sur la dernière réforme des retraites se multiplient.
Des syndicats toujours très remontés
Interviewée ce matin sur France Culture, Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, est revenue, entre autres choses, sur la question de la réforme des retraites. Réaffirmant le parti pris réformiste de son organisation sur ce thème – elle a réitéré le souhait de son organisation de l’élaboration et de la mise en œuvre d’une réforme systémique des retraites, selon le principe de “la retraite à la carte” – elle a néanmoins, une nouvelle fois, fait part de son refus du contenu de la réforme des retraites de 2023 et de la méthode alors retenue par l’exécutif afin de la mener. Elle a par conséquent appelé à une remise en cause de cette réforme. Cet appel est venu faire écho à celui formulé quelques jours plus tôt par Sophie Binet, la patronne de la CGT qui, avant même la nomination de François Bayrou à Matignon, a revendiqué la constitution d’un gouvernement dont l’un des objectifs prioritaires devait être “l’abrogation de la réforme des retraites”.
Les oppositions politiques sur la brèche
Les syndicats n’ont pas été les seuls à profiter de la nomination d’un nouveau Premier ministre pour avancer leurs pions sur le thème des retraites : bien décidés à obtenir d’importantes concessions dans la perspective d’un pacte plus ou moins implicite de non censure du futur gouvernement, plusieurs partis d’opposition ont remis ce thème sur le tapis. Ainsi, le premier secrétaire du Parti Socialiste (PS) Olivier Faure a fait savoir hier que, dans le cadre des “consultations” initiées par François Bayrou, il avait évoqué la “suspension” de la dernière réforme des retraites et la mise en place d’une “conférence de financement” sur les retraites. De l’autre côté de l’échiquier politique, invité dimanche dernier du “Grand Jury RTL-M6-Le Figaro-Public Sénat”, Louis Alliot, pour le Rassemblement National (RN), a affirmé qu’un refus du nouveau Premier ministre d’abroger la réforme de 2023 constituerait “un problème”.
François Bayrou et l’enjeu des retraites
N’hésitant pas à se montrer taquin, le responsable du RN a d’ailleurs rappelé au locataire de Matignon son positionnement au sujet de cette réforme. “Monsieur Bayrou était hostile à cette réforme des retraites dans la manière où elle s’est faite” a-t-il, en l’occurrence, déclaré. Ce propos n’est, il est vrai, pas infondé, dans la mesure où, lors des débats suscités par la réforme de 2023, François Bayrou avait non seulement estimé qu’il était “possible de trouver mieux comme équilibre” mais il avait en outre tenté d’obtenir, mais en vain, un abaissement de l’âge du départ à taux plein en cas de carrière incomplète. A plusieurs reprises par le passé, le Premier ministre s’est d’ailleurs positionné en faveur d’une réforme des retraites de type systémique, articulant retraite à points et liberté du choix de l’âge de la retraite – soit une position proche de celle défendue par la CFDT. S’étant distingué par ses prises de position sur les retraites, François Bayrou va maintenant devoir les endosser dans le cadre de sa fonction à Matignon.
Les équilibres politiques à l’Assemblée Nationale étant ce qu’ils sont, une stabilisation de l’exécutif suppose de rouvrir le dossier des retraites. L’état des comptes sociaux ne semble, certes, guère compatible avec l’engagement d’une politique de progrès social en la matière.