Suppressions massives d’emploi à l’AFPA : FO s’inquiète

Cet article provient du site du syndicat FO.

Sale temps pour l’Afpa, autrefois « Association » nationale pour la formation professionnelle pour adultes et transformée depuis janvier 2017 en « Agence » nationale pour la formation professionnelle pour adultes. Entre baisse des budgets alloués à la formation professionnelle, mise en concurrence et restructuration interne, l’organisme de formation fait face à un des pires moments de son histoire. 

En Auvergne-Rhône-Alpes, la suppression par le conseil régional de plus de la moitié des formations, notamment dans le bâtiment, laisse cinquante de ses formateurs sur le carreau. Dans les Hauts-de-France, le budget régional consacré à la formation professionnelle a fondu de 40 millions d’euros. Pour la région Paca, la baisse d’activité aura des conséquences pour plus de 80 formateurs de l’établissement public. 

Code des marchés publics

En plus d’une baisse des budgets régionaux dévolus à la formation, l’Afpa doit s’adapter à la mise en concurrence qui règne dans l’attribution des formations par les collectivités locales. La norme étant devenue l’appel d’offre dans le cadre du code des marchés publics, les régions ont tendance à choisir les organismes les moins chers. Certaines formations sont ainsi facturées à 4 euros de l’heure par stagiaire, voire 3 euros, et même 2,80 euros en région Paca, s’indigne Nathalie Tondolo, secrétaire générale du syndicat FO de l’Afpa (SFNFOFPA). Je ne sais pas ce qu’on arrive à faire avec un tarif aussi bas, j’aimerais bien qu’on me l’explique. 

Un contexte économique aggravé par des problèmes de trésorerie qui mettent l’Agence dans un climat d’incertitude. En clair : Nous ne savons pas comment nous finiront l’année, précise Nathalie Tondolo. 

Résultat : Sur les 8 000 salariés que compte l’organisme de formation, 1 100 équivalents temps plein pourraient disparaître d’ici la fin de l’année 2017. Un plan social qui ne dit pas son nom nourri par des CDD non renouvelés, des auto-entrepreneurs remerciés, des intérimaires en fin de mission, des départs à la retraite, des ruptures conventionnelles et des démissions. Inutile de préciser que les salariés sont très inquiets, que le nombre d’arrêts maladie explose et que les syndicats alertent sur les risques psychosociaux. 

Une mission de service public

Comment en est-on arrivés là ? Créée en 1949, sous le nom de l’Association nationale interprofessionnelle pour la formation rationnelle de la main d’œuvre (ANIFRMO), l’organisme avait à l’origine pour mission de former rapidement des ouvriers du bâtiment et de la métallurgie nécessaires à la reconstruction d’après-guerre. D’années en années, l’association s’est progressivement diversifiée. L’essentiel étant que le Code du travail classe l’Afpa comme l’un des organismes assurant le service public de l’emploi. 

Jusqu’à 2009, l’Afpa était principalement subventionnée par l’État afin d’assurer sa mission de service public. Mais après 2010 et la loi du 5 mars 2014, le processus de décentralisation enclenché deux décennies plus tôt a renforcé le rôle des conseils régionaux dans le pilotage des politiques de formation et d’orientation professionnelle. Or, l’air du temps régional est à l’ouverture à la concurrence. Les régions subventionnent de moins en moins les associations et s’inscrivent de plus en plus dans une logique de marché qui transforme les anciens partenaires en prestataires de service. Avec un effet délétère sur la qualité des formations proposées. 

Voilà pourquoi à FO nous pensons qu’il faut sortir de la logique de la marchandisation de la formation professionnelle des demandeurs d’emploi, explique Nathalie Tondolo. 

Prémisses d’un démantèlement ?

La transformation début 2017 de l’Afpa en établissement public à caractère industriel et commercial n’est toujours pas digérée d’autant qu’elle s’est accompagnée de la création de deux filiales. La première, commerciale, est tournée vers les marchés privés de la formation. La seconde s’occupant de la commande publique hors État. L’Epic conservant les formations financées par l’État comme le plan 500 000 demandeurs d’emploi en formation initié par le précédent gouvernement. 

Mais, s’inquiètent les organisations syndicales, cette politique de filialisation n’annoncent-elle pas les prémisses du démantèlement de l’Afpa ? À partir de maintenant, on ne sait pas trop ce que conservera l’Epic car tout ce qui est ouvert à la concurrence devra être porté par une filiale, s’inquiète Nathalie Tondolo. Et l’État ? même s’il a mis la main au porte-monnaie, n’a pas suffisamment recapitalisé, d’où les problèmes structurels de trésorerie. 

Le nouveau gouvernement a annoncé un plan d’investissement pour la formation de 15 milliards d’euros. Nous espérons que ce plan sera favorable à l’Epic, confie la secrétaire générale. Mais qu’est-ce qui va sortir de ce plan ? Quand et comment ? pour le moment nous n’en savons rien. 

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