Ordonnances : république en marche et démocratie à l’arrêt

L’opacité dans laquelle se déroule l’ultime session de “concertation” entre le gouvernement et les partenaires sociaux au sujet des ordonnances de réforme du Code du Travail pose question. Plus précisément, elle témoigne de la fâcheuse tendance de l’auto-proclamée “république en marche” à nettement préférer une démocratie à l’arrêt à un débat public ouvert. 

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Le constat d’opacité des consultations gouvernementales tient évidemment en premier lieu à la méthode définie par l’exécutif. Alors même que l’enjeu de la réforme du Code du Travail concerne l’ensemble des Français – et pas à un titre tout à fait accessoire… – Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont en effet jugé bon non seulement de ne rien dire de leurs intentions et du contenu des ordonnances mais également, et surtout, d’inviter fortement les partenaires sociaux à se taire eux aussi. Elu sur un programme flou pas du tout clarifié, en matière de réforme du droit du Travail, par la loi d’habilitation à prendre des ordonnances, le Président de la République ne change surtout pas son fusil d’épaule, préférant mettre les Français devant le fait accompli. 

Une pratique du secret peut-être retenue, qui sait ? de certaines des anciennes fonctions qu’il a pu exercer par le passé. 

Jeux syndicaux troubles

A la décharge du chef de l’Etat et de son Premier ministre, il faut reconnaître qu’ils ne sont pas entièrement redevables de l’attitude des partenaires sociaux et, tout particulièrement, de celle des syndicats de salariés. Or, dans l’ensemble, force est de reconnaître que ces derniers ont plutôt appliqué avec zèle la consigne gouvernementale. Fait notable : seule la CFDT a volontiers répondu à nos questions au sujet des ordonnances. Du côté de la CFTC et de la CFE-CGC en revanche, une vague de congés a rendu difficile la collecte d’informations. On s’étonnera du choix d’un moment aussi crucial comme période de congés… Enfin, la CGT et FO n’ont pour leur part même pas invoqué le prétexte de congés pour justifier leur refus de s’exprimer publiquement. 

Un tel mutisme syndical ne manque évidemment pas d’interpeller. Certains esprits chagrins en viendraient presque à penser que le gouvernement a su s’offrir certains silences opportuns en acceptant de ne pas trop toucher aux dispositifs paritaires de branches qui assurent un train de vie acceptable à ceux qui les gèrent. Si ces conjectures devaient se vérifier, les salariés seraient heureux d’apprendre que c’est pour d’obscurs et bien peu dicibles motifs qu’ils n’ont rien su des négociations en cours quant à l’avenir de leur contrat de travail. 

 

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