BI&T a interviewé François Payelle, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers de France (FPI).
BI&T – Comment pouvez-vous caractériser la situation de la promotion immobilière en ce moment?
François Payelle: Le modèle économique de la promotion immobilière repose sur la vente et la pré-commercialisation. Il faut une pré-commercialisation d’au moins 40% pour s’assurer du financement d’un projet par les banques, préalable indispensable au démarrage des travaux. Nous disposons de quatre indicateurs majeurs dans le secteur: les ventes des promoteurs, les mise en vente par les mêmes, les mises en chantier et les permis de construire, conditionnés par la réaffectation des fonds propres libérés en partie par un chantier qui a trouvé son financement. Depuis l’automne 2014, on voit plus de monde sur les bureaux de vente. Les ventes ont augmenté de 15% au dernier trimestre 2014. La tendance pourrait se confirmer au premier trimestre 2015, même s’il est encore trop tôt pour être affirmatif. Mais, si c’était le cas, on pourrait parler d’un petit coin de ciel bleu dans un ciel qui reste tourmenté.
BI&T – Vous avez produit un Livre blanc avec le MEDEF…
François Payelle: Pierre Gattaz m’en a confié la coordination, mais c’est plus d’un an de boulot partagé entre la FPI, la FFB, la FNAIM, Action Logement et les équipes du Medef. Il débute par une présentation très étayée de l’économie du secteur. Les propositions sont regroupées en 7 thèmes, avec une logique qui met en évidence le poids essentiel du bâtiment et de l’immobilier dans toute l’économie du pays, et bien sûr sur le PIB. Le Livre blanc permet aussi de tordre le cou au mythe du logement « excessivement onéreux » pour les finances publiques. En 2013, ce coût est un peu supérieur à 40 milliards, qui génèrent un retour sur investissement de 63 milliards pour l’Etat et les collectivités locales ! L’effet de levier est donc de 1,5. Les recettes sont bien supérieures aux dépenses et, soutenir le logement, outre la réponse à un besoin essentiel des Français, apparaît donc comme une bonne façon de réduire le déficit des comptes publics! . Au passage, on constate par exemple que le poids de la fiscalité sur le logement neuf chez nous est supérieur de 17 points à la fiscalité allemande.
BI&T – Quelles en sont les principales propositions?
François Payelle: D’abord toutes celles qui visent à maîtriser les coûts de production des logements neufs pour éviter de nouvelles hausses des prix (prix des terrains rendus trop rares, inflation des coûts de construction largement dus à la surenchère normative, ….) ! Ou encore celles qui doivent permettre de sortir de la situation croissante de blocage liée à une gouvernance de plus en plus complexe de l’urbanisme par les collectivités locales . Et enfin bien sûr l’ouverture vers laréforme d’Action Logement annoncée à l’occasion de la présentation du Livre Blanc. Elle est indispensable pour optimiser l’emploi des fonds issus de la PEEC et sera bénéfique pour le logement des salariés.
BI&T – Demandez-vous une baisse de la fiscalité sur les logements neufs?
François Payelle : Soyons réalistes ! Dans l’immédiat nous plaidons pour une vraie stabilité des règles fiscales applicables aux opérateurs privés et à leurs clients, en même temps qu’un arrêt de la mise en cause permanente des aides de l’état à leur égard. Sur les 40,8 milliards de dépenses en 2013, les opérateurs privés qui représentent les deux tiers de la production de logements neufs ont bénéficié de moins de 4 milliards, dont 1,4 milliards dus à la loi TEPA ! A moyen terme uneréflexion de fond doit être engagée sur le rééquilibrage entre les aides à la pierre et les aides à la personne.