Emploi précaire : une réalité pour tous les étudiants ?

Un grand nombre d’étudiants exercent une activité rémunérée en parallèle de leurs études. La DARES relèvent ainsi, dans une étude du 7 juillet 2017, que les étudiants actifs occupent en majorité des emplois précaires. 

Les étudiants, de 18 à 29 ans, ont souvent recours à des contrats courts (CDD, contrat saisonnier ou contrat d’intérim) ou à des contrats partiels. Cette précarité de l’emploi étudiant s’explique par un cumul, par cette population, de l’activité rémunérée et des études. 

 

23% des étudiants sont actifs

En moyenne de 2013 à 2015 on dénombrait, en France métropolitaine, 2,4 millions d’étudiants. L’étude relève que ce chiffre, toujours en hausse, s’explique par une démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur depuis les années 1960. 

23% des étudiants sont actifs (au sens du Bureau international du travail -BIT). Lorsque l’on observe l’activités des étudiants selon les tranches d’âges on remarque qu’arrivés à 25 ans, ce sont 41% des étudiants qui occupent un emploi, contre 8% des 18 ans. 

 

L’emploi étudiant, marqué par la précarité

La spécificité de l’emploi étudiant réside dans les formes d’emplois variées qu’exerce cette tranche de la population. En effet, ces emplois peuvent être exercés durant tout ou partie de l’année : uniquement pendant l’été ou en parallèle des études. Ils peuvent être liés aux études, via les stages, les internats hospitaliers, ou au contraire en être complètement éloignés. 

L’emploi étudiant est marqué par des variables saisonnières : il est ainsi bien plus marqué au printemps et pendant les vacances d’été. 

De plus, un tiers des étudiants actifs le sont via un CDD ou un contrat d’intérim. A contrario, les actifs ne suivant pas d’études ont le plus souvent un CDI (77% contre 31% chez les étudiants). 

Les étudiants sont donc bien plus marqués par la précarité, mais cette précarité résulterait d’un choix. L’étude précise, à cet effet, qu’à l’inverse des actifs du même âge, les étudiants se tourneraient volontairement vers des contrats courts considérant leur emploi comme une activité d’appoint ou un travail occasionnel. 

Le recours au temps partiel est également très important chez les étudiants : 53% des étudiants actifs, hors stagiaire et apprentis, le sont à temps partiel contre 16% pour les jeunes actifs. Ici encore, le temps partiel relève d’un choix, la majorité des étudiants ne souhaitant pas effectuer un nombre d’heures plus important. 

Sur ce point, il est étrange d’affirmer que les étudiants font le choix de se tourner vers des emplois précaires. Travailler en temps complet et à durée indeterminée lorsque l’on est étudiant peut en effet poser quelques difficultés : il s’agit donc, en réalité, d’un choix imposé. 

 

Une activité rémunérée souvent en lien avec les études suivies

56% des étudiants exercent un emploi en lien avec les études suivies : 29% d’entre eux sont en apprentissage, 9% sont en stage, 11% sont des « salariés étudiants » et 6% exercent une autre activité en lien avec les études. 

L’apprentissage représente 53% des emplois étudiants intégrés aux études. Il est surtout présent dans des domaines tels que les sections de techniciens supérieurs ou les écoles d’ingénieurs, et dans des secteurs tels que le secteur privé ou les associations. Il est à noter que le temps de travail effectué dans une entreprise au titre de l’apprentissage s’apparente à du temps de travail effectif, selon le droit du travail. 

Les stages sont, eux, plus présents lorsque l’étudiant avance dans les études et se trouve dans une formation professionnalisante. Ici encore, les stagiaires sont présents dans les entreprises privées et dans les associations. Les secteurs qui reçoivent le plus de stagiaires sont par exemple les secteurs de l’administration publique, de l’enseignement ou de la santé. 

Enfin, les salariés étudiants sont quant à eux, internes des hôpitaux, ou attachés temporaires d’enseignement et de recherche. Ce sont souvent des étudiants avancés dans leurs études (26 ans en moyenne). L’étude relève que ces derniers effectuent un nombre élevé d’heure de travail par jour, en moyenne 8 heures par jour, et qu’ils travaillent souvent tard le soir, durant la nuit, le samedi et le dimanche. 

 

41% des emplois étudiants sont cependant sans lien avec les études

Il s’agit en premier lieu d’activités d’appoint ou temporaires.

Durant l’été les étudiants exercent souvent des emplois tels qu’animateur, employé administratif d’entreprise, employé de commerce (vendeur) ou de personnel des services directs aux particuliers (serveur). Le temps complet est, en outre, bien plus répandu que le temps partiel. 

A contrario, en dehors de l’été, la majorité des étudiants travaillent à temps partiel (en moyenne 15 heures et 35 minutes par semaine). Ils travaillent en général moins de 5 heures par jour et sur des semaines de travail de moins de 3 jours. Ici, les étudiants exercent également le même type d’activités, tel qu’employés de commerce (caissier ou vendeur…) ou personnel des services directs aux particuliers (serveurs, baby-sitter…). On retrouve encore l’aspect précaire du travail étudiant : 45% des étudiants sont en CDD contre 45% en CDI et 8% en intérim. 

Ces activités occasionnelles concernent le plus souvent les étudiants de moins de 24 ans, et ceux qui vivent chez leurs parents. 

En second lieu les étudiants exercent des activités régulières.

Ici encore, les étudiants se tournent vers des emplois liés aux activités de commerce ou de services directs aux particuliers. Le CDI est cependant majoritaire, en effet 52% des étudiants exerçant une activité régulière sans lien avec les études suivies sont en CDI, contre 45% en CDD. Néanmoins, le temps partiel reste la règle (61% des emplois occupés), en moyenne les étudiants travaillent 23 heures par semaine. Ce sont particulièrement les étudiants en lettres, art langues étrangères, éducation, enseignements généraux et dans les services, qui sont concernés par ce type d’activité. 

 

On remarque la très grande influence qu’ont les études sur les emplois occupés par les étudiants. Selon les études poursuivies, l’étudiant sera amené à exercer un emploi en lien ou non avec ses études : un étudiant en santé aura plus de chances d’exercer une activité rémunérée dans ce domaine, qu’un étudiant en art par exemple. 

Une certaine disparité sociale apparaît alors entre les étudiants : l’exercice d’une activité en lien avec les études poursuivies sont bénéfiques à l’étudiant, et plus précisément à son apprentissage et son insertion professionnelle. D’un autre côté, lorsque l’activité exercée est déconnectée des études, les répercussions peuvent être néfastes pour l’étudiant et sa réussite, lorsque celle-ci devient, par exemple, chronophage. 

 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Découvrez nos analyses et capsules vidéos
Lancer la vidéo

Nicolas Desormiere (MH) : la garantie aidants, nouvelle corde de la prévoyance CCN

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #6 : focus sur l'avenant santé n° 9 de la CCN Syntec

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #3 : les enjeux de la rentrée de septembre 2025

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #5 : l'actualité des CCN Syntec, chimie, sécurité sociale

You May Also Like

Avis d’extension d’un avenant dans la CCN des personnels navigants officiers des services maritimes

La ministre de la transition écologique, de la biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature, envisage d’étendre, par avis publié le 10 décembre 2025, les dispositions de l'avenant n° 4 signé le 14 octobre 2025 relatif aux salaires minima, conclu dans la convention collective nationale des personnels navigants officiers des entreprises de transport et services maritimes (...

Le secteur agricole des scieries, exploitations forestières et du rouissage-teillage du lin s’accorde sur l’APLD rebond

Un accord et son avenant dédiés à l'activité partielle de longue durée (APLD) rebond viennent de paraître au Bulletin officiel des conventions collectives agricoles pour le secteur des scieries agricoles, des exploitations forestières et du rouissage, teillage du lin. L'accord remonte au 27 juin 2025 tandis que son avenant est daté du 7 novembre 2025. Les deux textes s'appliquent dans de nombreuses conventions collectives locales ainsi que dans la convention collective du...

La CCN agricole des ETARF se dote d’un dispositif d’APLD rebond

Un accord dédié à l'activité partielle de longue durée rebond vient d'être signé dans la convention collective nationale (CCN) des entreprises de travaux et services agricoles, entreprises de travaux et de services ruraux, et entreprises de travaux et services forestiers (ETARF, IDCC 7025). Cet accord est tout juste paru au Bulletin officiel des conventions collectives...
Lire plus

Le PLFSS 2026 n’est pas encore sorti de l’ornière

Les députés ont adopté hier, en deuxième lecture, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (PLFSS 2026). Cette adoption à quelques voix près (voir ci-dessous) ne permet pas de savoir si le texte sera adopté sous cette forme lors du vote final qui aura lieu à l'Assemblée nationale après un nouveau passage au Sénat. A ce stade, le déficit de la Sécurité sociale dépassera les 19 Md€ en 2026 (mais ce déficit est sous-estimé grâce à des transferts de l'Etat savamment insérés par le...
Lire plus

Les députés planchent sur la loi sur la lutte contre les fraudes sociales

Le projet de loi relatif à la lutte contre les fraudes sociales commence son examen en commission des affaires sociales pour sa première lecture à l'Assemblée nationale. A l'issue de son examen au Sénat le texte contient toujours son article 5 consacré à l'implication des organismes complémentaires d'assurance maladie (Ocam) dans cette lutte. Les représentants de...