Conditions de travail à l’hôpital de Blois : l’enquête de la CFDT

Cet article provient du site du syndicat CFDT.

 

Une enquête menée par la CFDT a permis aux agents de l’hôpital de Blois de s’exprimer sur leurs conditions de travail. Les résultats ont nourri les grandes lignes d’un accord sur la qualité de vie au travail. 

« Vos conditions de travail vous conviennent-elles ? » Les réponses à cette première question de l’enquête Flash menée au printemps 2016 par la CFDT au Centre hospitalier régional (CHR) Simone-Veil de Blois ont dans un premier temps laissé les militants perplexes. « À notre grande surprise, la plupart répondaient oui, explique Sébastien Callue, secrétaire de section. Mais plus on avançait dans le questionnaire, plus les motifs d’insatisfaction apparaissaient, dessinant un tableau alarmant des conditions de travail à l’hôpital. »Deux mille sept cents agents travaillent dans ce CHR, devenu le vaisseau amiral du groupement hospitalier de territoire (GHT) du Loir-et-Cher, constitué des sept hôpitaux publics du département à la suite de la réforme de 2016. Une situation plutôt confortable puisque la mise en réseau n’entraîne pas de suppression de service dans les établissements supports. Mais ici comme dans toute la fonction publique hospitalière, le travail est devenu un sujet hautement sensible. 

L’enquête sur la QVT, un “vrai projet de section” 

De par leur pratique professionnelle, les membres de l’équipe CFDT sont aux premières loges : Sébastien est infirmier psychiatrique, Joël aide-soignant, Maud maître ouvrier, Isabelle sage-femme, l’autre Isabelle aide-soignante, Lenaïc brancardier. La volonté d’agir sur les conditions de travail était présente depuis longtemps. L’occasion en a été donnée par le directeur de l’hôpital lui-même, au détour d’une autre négociation. « Nous demandions que l’hôpital organise un concours réservé afin de permettre à des psychologues contractuels en CDD ou en CDI d’être titularisés », explique Maud Bachelier, secrétaire de section adjointe. Mais la direction de l’hôpital temporisait. Puis les choses se sont accélérées en juillet dernier, le directeur semblant pressé d’apposer sa signature au bas d’un accord sur la qualité de vie au travail (QVT). Un processus de certification de l’établissement par la Haute Autorité de santé était en cours, sans doute pas étranger à ce soudain empressement. 

L’accord sera finalement signé en novembre 2016 pour une application d’ici à 2020. « Nous avons fait patienter la direction quelques mois car nous voulions exploiter les résultats de l’enquête Flash avant de travailler sur la QVT », raconte Joël Patin, membre de la section et secrétaire du Syndicat CFDT Santé-sociaux 41. La conduite de l’enquête a été un « vrai projet de section » : tous se sont impliqués. Les militants CFDT ont interrogé les agents dans tous les services, tant les soignants que les personnels techniques, ouvriers et administratifs, dans tous les métiers et toutes les catégories. Quelque 700 formulaires ont été distribués et 417 remplis. « Enfin un syndicat qui vient nous poser des questions ! », entendaient-ils fréquemment. Le sujet des plannings revenait en boucle. Il arrive très souvent que les agents soient appelés, parfois dès l’après-midi même, pour remplacer un collègue en arrêt maladie. Avec des conséquences sur l’organisation de la vie privée et familiale. Pour peu que l’agent fasse garder ses enfants à la crèche de l’hôpital, c’est le planning de celle-ci, établi deux semaines à l’avance, qui s’en trouve bouleversé à son tour. Les effectifs sont si réduits qu’il est impossible de poser un jour de RTT pour souffler. Les cadres valident les congés à la dernière minute, afin de garder une marge de manœuvre en cas d’imprévu. Les comptes épargne-temps sont archipleins mais inutilisables. L’arrêt de travail est l’ultime soupape pour des agents au bout du rouleau. L’absentéisme alimente la désorganisation et le mal-être. Les agents continuent d’accepter les dépassements d’horaires et les changements de planning de dernière minute uniquement par solidarité et afin d’assurer la continuité des soins. La bonne marche du service repose sur leur sens aigu des responsabilités, voire une culpabilité latente. Beaucoup ont le sentiment de ne plus pouvoir délivrer un soin de qualité aux patients. 

Priorité à “la maîtrise du rapport au temps”« Aller toujours plus vite dans nos gestes quotidiens conduit à la limite de la maltraitance, explique Isabelle. Ne pas avoir le temps de changer une personne âgée ou la réveiller et la doucher en dix minutes, ce n’est pas acceptable. À l’hôpital, on n’organise pas le travail en fonction des patients, on organise les patients en fonction du travail. » Aussi, l’une des principales orientations fixées par l’accord QVT concerne « la maîtrise du rapport au temps ». Un groupe de travail a été créé pour étudier la mise en œuvre d’horaires variables – d’abord en expérimentation dans un seul service –, la modulation des heures de prise et de fin de poste, une meilleure anticipation des plannings. La prise en charge par l’hôpital des frais de garde générés par un remplacement inopiné et un conventionnement avec la mairie de Blois pour obtenir des places réservées au centre aéré sont également à l’ordre du jour. Dans cet environnement majoritairement féminin, une attention particulière a été portée aux aménagements des postes des femmes enceintes. « Le travail des aides-soignantes ou des infirmières est physiquement pénible, explique Joël. La plupart s’arrêtent dès la fin de leur troisième mois de grossesse, et ces absences ne sont pas remplacées. Des postes aménagés, de préférence au sein du même service, permettraient à celles qui le peuvent de travailler jusqu’au début de leur congé maternité. » 

Qualité des relations sociales et culture de la bienveillanceSi le rapport au temps est un axe central de l’accord, trois autres objectifs, déclinés en pistes d’action, ont été identifiés : la qualité des relations sociales, avec un volet reconnaissance au travail, la culture du respect et de la bienveillance, et la transmission des savoirs. L’accord prévoit d’améliorer la mobilité choisie entre les services grâce à la mise en place d’une bourse des emplois. La politique de formation, notamment des personnels de nuit jusqu’alors peu pris en compte, devra favoriser la promotion interne. Outre l’accord QVT, la demande initiale de la section d’organiser des concours ouverts aux contractuels a été finalement satisfaite. D’ici à 2020, quatre concours donneront la possibilité à 89 personnes – des agents des services hospitaliers, des psychologues, des secrétaires médicaux, des agents administratifs – d’être titularisées. 

 

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