Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat de salariés CFE-CGC.
Malgré les efforts entrepris ces dernières années, une étude de l’Apec souligne combien les inégalités perdurent en matière de rémunération comme d’accès aux responsabilités pour les femmes cadres.
En amont du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) a publié une étude sur les inégalités femmes-hommes chez les cadres. Premier constat à retenir : les écarts de rémunération ne se réduisent pas puisque les femmes affichent en moyenne une rémunération inférieure de 7 % à celle des hommes, à postes et compétences équivalents. Malgré les mesures législatives mises en place ces dernières années, en particulier l’index égalité dans les entreprises et l’obligation d’enveloppes de rattrapage salariale, les écarts persistent donc (7 % en 2016, 8 % en 2018 et 7 % en 2019).Au total, les écarts de rémunération sont globalement de 13 % en défaveur des femmes cadres, précise l’Apec. Cela s’explique en partie par les différences de profils et de postes occupés, sachant que les femmes cadres sont plus jeunes et occupent des fonctions différentes, avec des niveaux de responsabilité différents. Pour autant, « cette inégalité à poste et compétences équivalents n’est pas perçue par l’ensemble des cadres dans leur entreprise » relève l’Apec, indiquant que seuls 43 % des hommes et 63 % des femmes la constatent. L’Apec fait valoir par ailleurs que la question des salaires « reste un sujet assez tabou en France, donc peu partagé entre collègues ».
Outre la rémunération, les femmes cadres pâtissent également d’un moindre accès au management et encore moins à des postes de direction. Ainsi, 35 % des femmes cadres sont managers contre 43 % des hommes. Et quand elles accèdent à des fonctions de management, « leur poste s’apparente plus souvent à du management de proximité », indique l’Apec. Aux yeux des cadres, les femmes sont encore moins présentes au sein des comités de direction et des comex (un constat partagé par 46 % des femmes cadres et 36 % des hommes cadres). Ce moindre accès aux fonctions de direction constitue « le second palier du plafond de verre », selon l’Apec.La question des quotas au sein de ces comités ne fait toutefois pas l’unanimité. Les hommes cadres y sont favorables à 34 % et les femmes cadres à 52 %. Entre 35 et 54 ans, âge où elles seraient les plus nombreuses à pouvoir y accéder, le taux monte à 57 % contre 31 % pour les hommes.Si des efforts croissants ont été réalisés en faveur de l’égalité professionnelle, leur traduction concrète au sein des entreprises reste insuffisante, de l’avis des cadres et des femmes en particulier, constate encore l’Apec. Trois acteurs sont identifiés par les cadres sondés pour améliorer la situation : les entreprises et leurs dirigeants (55 %), les ressources humaines (41 %) et les managers (33 %), dont les pratiques doivent éviter l’écueil des stéréotypes de genre.« Les résultats de cette étude montre tout le chemin qu’il reste à parcourir pour lutter contre les inégalités professionnelles à l’encontre des femmes cadres, souligne Christine Lê, présidente du conseil d’administration de l’Apec. L’égalité progresse trop lentement, en particulier pour l’accès des femmes aux postes de management les plus importants. Il faut briser ce plafond de verre. L’Apec apporte chaque jour sa contribution à ce combat, pour un marché du travail des cadres plus inclusif conformément à sa raison d’être. Je me félicite que nos actions dans ce sens soient renforcées tout au long du mois de mars. »