Cet article provient du site du syndicat de salariés CFE-CGC.
Les élections professionnelles dans les très petites entreprises se tiendront du 25 janvier au 7 février 2021. Décryptage des enjeux avec Gilles Lécuelle, secrétaire national CFE-CGC en charge du dialogue social et de la représentativité.
Quel est le principe des élections professionnelles dans les TPE, qui concerneront environ 4,5 millions de salariés ?Une très petite entreprise est une société qui emploie moins de 11 salariés. Légalement, ces derniers n’ont donc pas droit à un comité social et économique (CSE). Le but de ces élections est de donner aux salariés la possibilité d’exprimer leur choix pour la défense de leurs droits. En mettant un bulletin dans l’urne, même s’il s’agit en l’occurrence d’un bulletin électronique, ils peuvent voter pour l’organisation syndicale la plus en capacité de le faire. C’est particulièrement vrai pour les cadres puisque la CFE-CGC est la seule organisation syndicale qui les représente spécifiquement, et donc la mieux armée pour le faire.En termes de représentativité, quels sont les enjeux pour la CFE-CGC qui a officiellement lancé sa campagne nationale ?Le résultat des élections TPE confortera notre représentativité au niveau national et interprofessionnel. Il est donc déterminant. Rappelons qu’il y a trois niveaux de mesure de la représentativité sur le plan national : celui qui s’exprime via les CSE dans les entreprises de plus de 10 salariés, celui qui concerne les chambres d’agriculture et celui qui est en vigueur depuis 2010 dans les TPE, où il s’agit d’élections sur sigle, c’est-à-dire qu’on vote pour une organisation et non pas pour des militants en chair et en os. Dans certaines branches où les TPE sont majoritaires en nombre, comme celle des pharmacies d’officine par exemple, ces élections sont vitales pour pouvoir peser. Elles constituent par ailleurs la dernière élection nationale dans laquelle on vote pour le collège cadres depuis que les élections prud’homales ne se tiennent plus.« LES TPE SONT AU CŒUR DE LA VIE DES CITOYENS »Quels messages la CFE-CGC délivre-t-elle aux TPE et à leurs salariés ?Il faut d’abord souligner que nous avons toujours pris au sérieux ces élections dans les TPE et que nous abordons ce scrutin avec une équipe confédérale hyper motivée et compétente. Nous avons mis en place des supports de communication, et notamment une affiche très réussie, que nous déploierons au fur et à mesure de la campagne. Nous nous nous appuyons par ailleurs sur un réseau de référents régionaux et fédéraux particulièrement mobilisés sur le terrain.Sur le fond, pour nous, les TPE sont toutes petites mais essentielles. Elles constituent en effet la base de tout le système économique : si elles vont mal, les petites et moyennes entreprises (PME) et les grandes sociétés souffrent également. Les TPE sont au cœur de la vie des citoyens : quand on cherche un plombier ou une baguette de pain, on ne s’adresse pas à une multinationale. Il faut donc être aux petits soins avec ce tissu économique, au contraire de la logique actuelle de réduction des coûts et de pression sur les petits maillons de la chaîne de valeur qui anime les grands donneurs d’ordres.« PRENDRE EN COMPTE LA SPÉCIFICITÉ DES TPE DANS LES ACCORDS DE BRANCHE, VOIRE NÉGOCIER DES ACCORDS DÉDIÉS »Comment envisagez-vous le scrutin ?A l’issue des précédentes élections de 2016, la CFE-CGC a été de très loin la première organisation syndicale du collège Cadres dans les TPE avec près de 30 % des voix. Nous sommes par ailleurs très présents et très participatifs dans les Commissions paritaires régionales de l’artisanat et des professions libérales (CPRIA et CPRPL). Jean-Michel Pécorini, expert confédéral, préside notamment les associations du dialogue social de ces deux secteurs, qui sont les structures sommitales de ces CPR.Plus largement, on constate au plan national une progression régulière de la CFE-CGC depuis quelques années qui devrait logiquement se traduire au prochain scrutin. Nous verrons bien mais en attendant, nous nous impliquons beaucoup pour que les salariés des TPE connaissent leurs droits et pour qu’ils réalisent que leurs conventions collectives constituent des lieux importants de défense de leurs intérêts. Il faut savoir que les TPE négocient rarement leurs propres accords. C’est pourquoi la CFE-CGC accorde une grande importance à prendre en compte leur spécificité dans les accords de branche, voire à négocier des accords qui leur sont dédiés comme ceux sur l’épargne salariale (PEI, PERCOI) qui ont été signés, par exemple dans la chimie et les professions libérales.