La coopération syndicale internationale entre la CFDT/Institut Belleville et les syndicats des pays émergents ou en développement

L’institut Belleville, institut de coopération internationale de la CFDT, a publié un rapport d’activité 2014 sur la coopération syndicale internationale. 

Il ressort de ce document publié le 3 juillet 2015 que d’importantes activités ont été réalisées dans les organisations syndicales des pays en développement ou émergents. 

L’institut Belleville est un institut de coopération internationale de la CFDT. Selon les explications d’Yves Ricordeau, Président de l’institut, de nombreux projets dans les pays émergents ou en développement sont exécutés de concert avec les organisations syndicales locales. La conviction de la CFDT, c’est que la coopération syndicale est un excellent moyen d’application des droits fondamentaux au travail pour tous les travailleurs. 

 

La coopération syndicale avec la Tunisie

Au cours de l’année 2014, l’institut Belleville a réalisé deux actions dans le cadre d’un programme de coopération technique entamé depuis plusieurs années avec l’UGTT: la formation syndicale dans le cadre du renforcement d’un réseau de formateurs et la formation professionnelle continue dans le cadre des politiques de l’emploi et du dialogue social. Ainsi, en janvier 2014, une délégation de cinq responsables de la formation syndicale de l’UGTT a été reçue à Paris. Pendant une semaine, dix militants de l’UGTT, dont deux femmes, ont été formés pendant sur l’animation de formations par l’Institut de formation de la région Ile-de-France IREFE. 

A propos de la formation professionnelle, l’UGTT et la CFDT ont fixé quatre objectifs: la diffusion de la culture de la formation professionnelle et de la validation des acquis et de l’expérience (VAE), la participation des syndicats aux instances nationales et locales de la formation professionnelle et de son financement, l’élaboration d’une stratégie revendicative et formation de responsables syndicaux du secteur de la formation professionnelle et l’élaboration ainsi que la mise en place de répertoires des métiers et e gestion des compétences pour les secteurs du textile. Quant à la formation syndicale, l’UGTT doit renforcer son département formation syndicale en augmentant le nombre de formateurs, en mettant en place des méthodes de formation plus efficientes et en adaptant des programmes de formation. 

 

La coopération syndicale avec le Maroc

Du 5 au 9 mai 2014, une délégation CFDT s’est rendue au Maroc sur invitation de l’UMT (Union Marocaine du Travail). A l’issue des travaux, un protocole visant la reprise des liens historiques entre l’UMT et la CFDT a été signé. 

Il faut rappeler que l’UMT et la CFDT partagent la même vision d’un syndicalisme indépendant. La visite a notamment permis de fixer comme objectif le développement d’une coopération axée sur la promotion des droits syndicaux dans les entreprises françaises au Maroc relevant du secteur de l’industrie électrique et mécanique, l’automobile, l’aéronautique et l’offshoring (au sens de sous-traitance délocalisée). En outre, un comité de pilotage UMT/CFDT a été mis en place en octobre 2014. Quatre axes de coopération ont été fixés à savoir la rénovation de la stratégie de la communication, la démocratie sociale et les instances représentatives du personnel, la formation et l’appropriation des enjeux de développement local. Par exemple, au Togo se pose la problématique comme le travail décent pour une sécurité alimentaire des travailleurs tandis que le pays voisin, le Bénin, a besoin de l’opérationnalisation du régime d’Assurance Maladie Universelle. 

 

La coopération syndicale avec l’Afrique de l’ouest

La CFDT et la CGT ont décidé de travailler avec 25 organisations syndicales francophones de 7 pays d’Afrique de l’ouest à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le Niger, le Sénégal et le Togo. L’objectif est de favoriser un travail syndical entre les organisations syndicales dans chaque pays, un travail en réseau entre syndicats de la sous-région ouest-africaine et une cohérence entre les propositions syndicales dans le domaine économique et social. 

En Afrique ouest-africaine, le secteur informel est la première source de main- d’œuvre. Pour cause, l’institut Belleville a mis en place un projet de coopération avec la CSI Afrique et la CSN du Québec auprès de trois organisations syndicales: la CSTM du Mali, la CSTT du Togo et l’UNSAS du Sénégal. Les travailleurs du secteur informel sont pour la plupart en marge des droits du travail et de la protection sociale. L’objectif est donc de soutenir l’organisation et la représentation syndicale des travailleurs de l’économie informelle et de permettre leur participation active au dialogue social. 

L’idée a porté ses fruits: au Sénégal, les femmes se sont organisées en collectifs de tanneuses, de vendeuses de rue, de transformatrices de poissons, de céréales et de restauratrices. Au Togo, les acteurs de l’économie informelle de la CSTT de la région des plateaux ont lancé la campagne sur la politique nationale de la micro- entreprise traditionnelle. 

L’autre sujet pertinent en Afrique ouest-africaine est la démocratie sociale. Le projet de formation pluriannuel sur le “Renforcement des compétences en management démocratique des syndicats” conçu par la CSI Afrique en 2010 en coopération avec l’institut Belleville, et impliquant douze pays africains francophones, s’est poursuivi en 2014. L’objectif est de contribuer à une démarche intersyndicale participative à partir des réalités sociales de chaque pays. Trois pays à savoir le Bénin, le Niger et le Mali ont fait l’objet d’une intervention en novembre 2014 d’autant qu’ils partagent des caractéristiques sociales et économiques. Au nombre de ces caractéréristiques, on peut citer: 

-un fort taux de croissance qui profite peu à l’emploi du fait d’une agriculture peu modernisée et d’un manque d’activité de transformation; 

-des potentialités naturelles inexploitées dans le secteur agricole et minier; 

-un secteur privé peu structuré; 

-un secteur primaire soumis aux aléas climatiques, un secteur secondaire dépendant d’une énergie coûteuse, un secteur tertiaire en pleine croissance; 

-un secteur financier avec des taux de crédits élevés, une micro- finance en manque de solvabilité et de bonne gouvernance; 

Il est aussi des particularités nationales: le Bénin est un excellent pays de transit, avec l’exercice permanent des libertés syndicales et marquées par un dialogue social difficile entre le gouvernement et les organisations syndicales. Le Mali et le Niger sont des pays enclavés, sur lesquels pèsent l’insécurité et des dépenses militaires. Cependant, le Mali et le Bénin disposent d’importantes ressources pétrolifères et minières et de l’avantage d’une volonté de mettre en place un dialogue social réussi. 

Le syndicalisme africain a de l’avenir. Le syndicalisme béninois est très pluriel et revendicatif tandis que le syndicalisme au Niger et au Mali est en construction. Partout, on note une volonté de construire un syndicalisme propositionnel avec des valeurs comme l’intérêt général et le développement durable. 

 

La coopération syndicale avec l’Inde

Plus de 90% de la population de l’Inde exerce dans l’informel. Les organisations syndicales sont davantage implantées dans le secteur formel. C’est pourquoi, la CFDT coopère avec FEDINA, une ONG indienne afin de permettre aux travailleurs de l’informel d’accéder à leurs droits. En novembre 2014, une délégation de la CFDT s’est rendue à Bangalore pour des journées de travail avec la FEDINA à propos de l’économie et de la protection sociale dans le secteur agricole et textile ainsi que celui de la construction et de la fabrication des beedis (cigares indiens). 

 

Les contributions volontaires et le financement AFD

L’institut Belleville bénéficie, dans le cadre de ses activités, des contributions volontaires par des personnes qui ne perçoivent pas de rémunération. L’institut Belleville a aussi bénéficié d’un cofinancement de l’Agence française de développement pour le projet “Soutenir l’action syndicale en matière économique pour faire du travail décent une réalité en Afrique.” Ainsi, les fonds SSM sont évalués à 421 575 euros, les contributions volontaires sont de 140 713 euros, le financement AFD est de 131 987 euros, ce qui fait un budget total de 694 275 euros. 

 

Quelques chiffres sur l’emploi des ressources

Le budget total est de 694 275 euros avec 20% pour le fonctionnement et 80% pour les projets. le budget total des projets est de 553 782 10 euros, soit 8% pour l’Inde, 0% pour l’Europe, 22% pour le Moyen-Orient et 70% pour l’Afrique. 35% ont été dédiés à la formation syndicale, 8% aux droits humains et syndicaux, 3% pour le dialogue avec la société civile et 53% pour le dialogue social. 

 

Partenariats pour un syndicalisme fort

Selon la CFDT, un syndicalisme indépendant est un vecteur de démocratie et du développement. Ainsi, elle soutient, à travers l’institut Belleville, les organisations syndicales des pays émergents ou en développement. L’institut Belleville est membre du Réseau Syndical de Coopération et de Développement (RSCD) qui a pour objectif de faciliter la coordination des acticités des membres et des syndicats du monde. En outre, l’institut Belleville est membre depuis décembre du F3E, un réseau associatif dédié à la qualité et au soutien des actions de solidarité dans le monde. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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