Alors qu’un peu partout en France, de nouvelles manifestations de “gilets jaunes” sont annoncées pour demain samedi, Muriel Pénicaud reçoit les partenaires sociaux afin d’essayer d’éteindre l’incendie social et politique qui embrase le pays depuis plusieurs semaines.
Au menu du jour ? Des discussions, certes, importantes, mais qui viennent probablement bien trop tard pour apaiser la situation.
Une “concertation” improvisée
La période étant propice aux réflexions sociales, la ministre du Travail a convié les dirigeants des organisations patronales et salariales à une “concertation” destinée à échanger autour de mesures qui pourraient soulager quelque peu le petit peuple de France. En particulier, ils devraient évoquer l’institution d’une prime transport destinée aux salariés devant utiliser leur véhicule afin d’aller travailler, la prime défiscalisée et exonérée de cotisations sociales qui pourrait être versée aux salariés par les entreprises et, enfin, la méthode qui pourrait être celle de la “grande concertation de terrain” promise aux Français par l’exécutif. Vaste programme, en somme, pour une réunion organisée dans l’urgence, improvisée diront les mauvais esprits. Si la situation sociale et politique du pays n’était pas si grave, la manoeuvre de l’exécutif pour reprendre les choses en main pourrait faire sourire.
Des syndicats distants
Les principaux dirigeants syndicaux ne se montrent d’ailleurs pas vraiment prêts à marcher dans la combine. Interrogé hier sur RTL, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a fait part de ses doutes quant aux intentions gouvernementales : “Moi, demain matin je souhaite qu’on mette tous les sujets sur la table et qu’on s’engage dans des négociations, des concertations au long cours sur l’ensemble de ces sujets. Si le gouvernement n’a pas de marge de manœuvre, ça ne vaut pas le coup de jouer le jeu”. Plus radical, Philippe Martinez, de la CGT, a décliné l’invitation du gouvernement et, ce matin dans les colonnes du Monde, dénonce la manière dont l’exécutif gère la crise actuelle. “Le gouvernement joue avec le feu. On ne frappe pas des gamins”, tonne-t-il en effet, en référence aux réactions policières pour le moins musclées aux mobilisations lycéennes.
L’arroseur arrosé
Les réactions des dirigeants syndicaux n’étonneront pas grand monde. Comme ceci a déjà été dit et répété à maintes reprises, le Président de la République ayant fait tout son possible pour ne pas tenir compte de l’avis des syndicats dans le cadre de l’élaboration de ses réformes sociales, ceux-ci sont logiquement réticents, aujourd’hui, à l’idée de lui prêter main forte. La réunion tripartite du jour est d’ailleurs hautement – et, pour l’exécutif : fort malheureusement – symbolique. Après avoir imposé aux organisations salariales sa loi Travail, qui restructure en profondeur le Code du Travail, le chef de l’Etat se trouve contraint, pour espérer reprendre pied, de faire recevoir, en toute urgence et avec égard, les dirigeants syndicaux par Muriel Pénicaud, qui a porté ladite loi Travail.