Le Medef livre ses conclusions sur les écosystèmes numériques mondiaux

Cette publication provient du site du syndicat patronal Medef

 

Après 180 jours de mission et 21 pays visités, le Medef vous présente le “Guide des écosystèmes numériques mondiaux”, qui rassemble les principales conclusions de la mission Digital Disruption Lab. 

Les écosystèmes leaders : Estonie, Israël, Etats-Unis, SingapourCes quatre pays, bien que très différents dans leur positionnement technologique, sont finalement les seuls à afficher une vision et une stratégie plus ou moins claires à 20 ans en termes numérique. 

Ils ne constituent pas, pour des raisons financières et structurelles, des destinations intéressantes pour une grande majorité de start-up françaises (marchés domestiques quasi inexistants pour certains, talents très rares et hors de prix, coûts de la vie parmi les plus élevés du monde, concurrence exacerbée, coûts de la R&D et d’accès aux marchés très élevés…).  

En revanche, ces écosystèmes constituent de vraies opportunités pour nos centres et laboratoires de R&D, pour nos universités, nos grandes entreprises, nos investisseurs et nos start-up à forte valeur ajoutée technologiques (TRL de 1 à 6): 

  • Développement de collaborations avec les universités, les laboratoires et les centres de recherche locaux pour faire de la R&D et du transfert de technologies ;
  • Implantation de centres de R&D ;
  • Développement de projets en Open Innovation avec les start-up, les grandes entreprises et les universités dans le cadre de programmes de R&D nationaux et de coopérations internationales ;
  • Acquisition de brevets et de technologies matures ;
  • Rachat de start-up très avancées technologiquement et/ou commercialement.

Les écosystèmes matures : Japon, Corée du Sud, Finlande, Suède, Chine, Canada, Allemagne, Royaume-Uni 

Ces neuf pays font également partie des pays les plus innovants au monde en termes de créations de start-up et d’investissements dans la R&D mais ne possèdent pas vraiment de vision et de stratégie numériques à long terme, que ce soit au niveau de leur positionnement technologique ou de leur politique industrielle et commerciale globale. Au-delà de ce trait commun, nous pouvons cependant les différencier au regard d’un critère déterminant qui est celui de l’entrepreneuriat. 

En ce qui concerne la Chine, le Japon et la Corée du Sud, les barrières et les contraintes à l’entrée restent très fortes pour des entrepreneurs français et ne doivent pas être sous-estimées. Notamment parce que ces pays ont structuré leurs écosystèmes numériques autour de 3 à 5 acteurs leaders (moteur de recherche, réseaux sociaux, e-commerce, plateformes…) qui sont souvent aujourd’hui en situation de monopoles et tuent dans l’œuf toute concurrence naissante. Cela dit, de nombreuses opportunités existent, tant pour nos centres et laboratoires de R&D, que pour nos universités, nos grandes entreprises, nos investisseurs et nos start-up matures :  

  • Japon : des collaborations intéressantes peuvent être initiées par nos universités, nos grandes entreprises, nos ETI, nos PME et nos start-up autour de l’IoT, du Big Data et de la robotique.
  • Corée du Sud : très demandeuse de collaborations, à la fois pour attirer les start-up et les entrepreneurs français sur son territoire afin de combler le déficit de créateurs d’entreprise et remplir les nombreux incubateurs et accélérateurs (beaucoup de dispositifs et d’aides disponibles), mais aussi pour mettre en place des partenariats permettant de développer et de promouvoir l’industrie 4.0 auprès des PME et ETI traditionnelles.
  • Chine : les opportunités sont moins évidentes pour nos start-up, à fois pour des raisons culturelles, administratives, commerciales, humaines et financières. En revanche, il existe de belles opportunités en matière de R&D et de transfert de technologies que ce soit avec les universités chinoises ou les grands groupes technologiques et industriels, notamment autour de la robotique, de l’IoT, du hardware, des télécoms et de l’intelligence artificielle.

En ce qui concerne la Finlande, l’Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni, deux types d’opportunités majeures apparaissent

  • Développer des projets de R&D, d’Open Innovation et de transferts de technologies avec les différents acteurs de leurs écosystèmes numériques, notamment autour des solutions technologiques dédiées aux villes intelligentes, à la mobilité connectée, à l’énergie, aux infrastructures et à l’intelligence artificielle…
  • Pour nos start-up, nos investisseurs et nos grandes entreprises : acquérir des start-up pour récupérer leur technologie ou pour prendre pieds dans le pays afin de se développer plus rapidement en Europe puis dans le reste du monde.

Enfin ce qui concerne le Canada, on peut distinguer deux types d’opportunités

  • Le Québec et l’Ontario, constituent un formidable hub pour nos start-up notamment afin d’entrer sur le marché nord-américain : beaucoup de talents disponibles, coût de la vie nettement plus bas qu’aux États-Unis (surtout à Montréal) malgré une excellente qualité de vie, apprentissage de la pratique des affaires anglosaxonne, nombreux financements disponibles, culture de l’Open Innovation très répandue, beaucoup de centres de recherche, de laboratoires et de studio de développement, forte présence des entreprises françaises…
  • Le corridor Toronto-Waterloo, représente quant à lui – tant pour nos start-up que pour nos PME, ETI ou grandes entreprises – une très bonne base technologique et industrielle pour le développement de projets télécoms, hardware et/ou IoT avec là encore beaucoup de talents disponibles et un très bel écosystème de production.

Les écosystèmes en développement : Lituanie, Jordanie, Mexique, Afrique du Sud, Hong Kong, Maroc 

Ces six pays, qui ont beaucoup investi dans la structuration de leur écosystème ces cinq dernières années, rentrent aujourd’hui dans une phase de développement très dynamique et constituent de fantastiques hub pour nos start-up. 

Même si chacun de ces pays a adopté une stratégie et un positionnement spécifique en termes de technologies et de secteurs porteurs, ils offrent tous des opportunités à peu près identiques aux universités, aux grandes entreprises, aux investisseurs et aux start-up françaises : 

  • Développement d’accords avec les universités pour lancer des programmes de R&D autour de secteurs et technologies privilégiés et partenariats avec les structures de transfert de technologie de ces mêmes universités ; embauche de doctorants et sponsoring de chaires ;
  • Accords avec des laboratoires et des centres de recherche publics et privés autour de programmes de R&D ;
  • Pour les universités et grandes écoles françaises : exporter les programmes de management et d’entrepreneuriat qui font défaut aux universités locales ;
  • Implantation de centres de R&D grâce à un capital humain disponible – ingénieurs, chercheurs, mathématiciens, développeurs – de très bon niveau, dense et très compétitif ;
  • Rachat de start-up dans tous les secteurs et autour de toutes les technologies ;
  • Open Innovation avec les start-up, les PME et les grandes entreprises locales ;
  • Investir dans une implantation locale sous forme de filiale, de joint-venture, de bureau de représentation, d’accord de partenariat ou d’investissement industriel est extrêmement intéressant pour développer, adapter et commercialiser ses produits et services sur tous les marchés régionaux.

Les écosystèmes émergents : Philippines, Argentine, Colombie, Kenya 

Ces quatre pays, qui sont en train d’émerger sur la scène tech internationale, sont en pleine phase de structuration de leur écosystème numérique selon la stratégie dite du « leapfrogging » ou « saut de grenouille » et autour d’approches souvent très disruptives fondées sur l’IoT et l’innovation inversée. 

Développer des collaborations avec ces quatre pays nécessite de s’implanter sur place et de s’associer ou s’appuyer sur des acteurs locaux. Car l’innovation inversée existant en fonction des besoins des marchés émergents, elle implique la valorisation de l’expertise et des savoir-faire des personnels implantés localement, l’émergence de nouvelles compétences créatives au sein de ces équipes, et la création d’un véritable écosystème local participatif grâce à une approche open source qui favorisera la création de communautés, le développement de produits issus de l’innovation inversée et l’émergence d’un modèle d’affaires fondu dans le tissu local. 

  • Installer une filiale pour développer des applications et des plateformes mobiles aidant à résoudre tous les problèmes de la vie quotidienne des entreprises, des étudiants, des citoyens et des agriculteurs de ces pays à forte dominante agricole ;
  • Développer des solutions dans le secteur des Fintech et toutes les solutions de crédit, de paiement et de transfert d’argent via le numérique
  • Concevoir sur place, avec l’écosystème de production, des solutions IoT dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’hygiène, de la sécurité, de la traçabilité, de la mobilité et des transports, de l’énergie, de l’eau et de l’éducation…à destination des entreprises, des étudiants, des citoyens, des exclus dans les townships et des agriculteurs ;
  • Concevoir avec les acteurs de la logistique (Poste, messageries, transporteurs…) locale les solutions e-Commerce via mobile et les solutions de géolocalisation, de stockage et de livraison associées ;
  • Les infrastructures : concevoir et mettre à leur disposition des infrastructures télécom innovantes et performantes, des plateformes IoT et des plateformes de MOOC en open source, des outils pour échanger plus facilement et s’affranchir des distances ou encore en connectant les systèmes informatiques pour de meilleures synergies et une expérience client améliorée.
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