François Fillon répond aux questions de la CFE-CGC

Cette publication provient du site du syndicat de salariés CFE-CGC.

 

Après Nathalie Arthaud le 11 avril, c’est au tour de François Fillon de répondre aux sept questions posées par la CFE-CGC aux candidats à l’élection présidentielle 2017. Nous publions ci-dessous le texte intégral envoyé par le candidat du parti Les Républicains. QUESTION 1 : Comment réconcilier l’économie de marché avec l’intérêt général de notre pays ? 

François FILLON : Le projet que je porte vise à renouer avec la croissance et le plein emploi. La croissance n’est pas un objectif en soi, elle n’a d’intérêt que si elle permet le plein emploi et se met au service de l’intérêt général. Vous soulignez dans votre « Pacte Social 2017 » – dont je salue au passage la précision – la nécessité de « renforcer les liens entre l’Ecole et le monde professionnel » et de développer l’alternance dans l’enseignement supérieur. Je veux refondre l’apprentissage et le généraliser notamment dans l’enseignement professionnel pour favoriser l’insertion des jeunes sur le marché du travail. Je veux encore mettre l’accent sur la formation pour sécuriser les carrières, en créant un « capital formation » remplaçant et complétant les dispositifs existants. En rupture avec le matraquage fiscal administratif que subissent les entreprises, je propose 40 milliards d’euros d’allègements sociaux et fiscaux pour que les entreprises gagnent en compétitivité et puissent embaucher. 

La solidarité et la lutte contre la pauvreté constituent un autre pilier de mon projet. Nous devons renforcer la coopération des pouvoirs publics avec le secteur de l’Economie Sociale et Solidaire, secteur qui voit fleurir de nombreuses initiatives. Comme vous le soulignez, ces structures présentent l’avantage de répondre aux besoins économiques et sociaux. Parce que je veux leur faire bénéficier d’un soutien stable dans le temps, je renforcerai leur coopération avec les pouvoirs publics en développant une relation basée sur le principe de conventions partenariales pluriannuelles. 

 

QUESTION 2 : Le relèvement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite est fréquemment évoqué comme mesure pour restaurer et pérenniser l’équilibre de nos régimes de retraite. Considérez-vous cette mesure comme pertinente ? Proposez-vous d’autres mesures permettant d’atteindre le même objectif ? 

François FILLON : Les retraites constituent aujourd’hui le poste le plus important des dépenses sociales, dépenses sociales qui représentent plus de la moitié des dépenses publiques. Nous devons voir les choses en face et en finir avec une politique de l’autruche : notre système n’est pas à l’équilibre. Nous ne pouvons plus financer à crédit un système bancal quand notre dette atteint près de 100% du PIB. Face à ce constat et à l’allongement de l’espérance de vie, je relèverai progressivement l’âge de la retraite à 65 ans. Cette mesure permettra de rendre plus efficace notre système de protection sociale et contribuera à la diminution des charges pesant sur les salariés et les entreprises. 

Mon projet vise à doter notre pays d’un système de retraites qui soit équilibré, mais également plus juste. Je prendrai en compte la situation des personnes ayant commencé à travailler jeunes et justifiant de longues périodes de cotisation. C’est pourquoi, le dispositif de départ pour carrières longues sera progressivement étendu pour permettre aux personnes ayant commencé à travailler jeunes de prendre leur retraite plus tôt. L’âge maximal du taux plein sera par ailleurs maintenu à 67 ans. 

J’augmenterai les pensions de base de plus de 300 euros annuels pour les personnes ayant un montant global de pension de moins de 1 000 euros, et revaloriserai les petites pensions de réversion de 10% (ce qui bénéficiera à plus de 300 000 veuves et veufs). Le mécanisme trop complexe du compte pénibilité sera remplacé par une prise en compte de la situation réelle des salariés, notamment grâce à un examen médical individuel et une politique de prévention plus ambitieuse. 

 

QUESTION 3 : Pouvons-nous, en France, tirer profit de la 4e révolution industrielle sans l’expression des intérêts convergents et contradictoires issue de l’exercice du dialogue social ? 

François FILLON : Je veux que la France se dote d’une véritable politique en matière de numérique et que tous les Français bénéficient d’une révolution qui présente de nombreuses opportunités, notamment en termes d’emplois. La révolution numérique est en train d’affecter l’activité des entreprises et les conditions de travail : il semble dès lors tout naturel qu’elle soit au cœur du dialogue social. 

Le dialogue social est un des piliers de notre système social. Je veux lui redonner la priorité et étendre la place accordée à la négociation collective, en particulier au niveau de l’entreprise. Augmenter la place du dialogue social au niveau de l’entreprise ne fait qu’aller dans le sens d’un pragmatisme dont notre économie a tant besoin. 

 

QUESTION 4 : Quel avenir pour le statut de la Fonction publique, en y intégrant les contractuels de plus en plus nombreux dans le périmètre du secteur public ? 

François FILLON : Les conditions de travail des agents publics se sont dégradées et leurs missions évoluent sans pour autant que les moyens nécessaires ne soient mis en œuvre pour améliorer la qualité du travail et du service rendu. Mon objectif pour la fonction publique est double : mieux répartir les agents en fonction des besoins en leur donnant des moyens adaptés à leur mission, tout en réduisant le poids de la dépense publique (en le ramenant, de 57% du PIB aujourd’hui, à 50%). 

Je propose de remplacer un départ sur deux d’agent public. Cela permettra de réduire de 500 000 le nombre d’emplois publics sur 5 ans, sur les 5,6 millions qui existent actuellement, mais tout en maintenant un niveau de recrutement significatif sur la période. 

Je ne souhaite évidemment pas supprimer le statut des fonctionnaires. Je leur propose un pacte de progrès réaliste et ambitieux, leur garantissant de meilleures conditions de travail et de rémunérations. Je souhaite parallèlement simplifier et élargir le recrutement des contractuels de droit public afin d’en faire un outil complémentaire au statut. 

 

QUESTION 5 : Comment construire un droit à la formation spécifique pour la population « encadrants et experts » ? 

François FILLON : La formation professionnelle m’apparaît comme étant un outil indispensable pour lutter contre le chômage et favoriser l’insertion professionnelle. Si la formation doit faciliter le retour à l’emploi des demandeurs d’emplois, elle doit également permettre aux salariés de se construire une carrière et de se prémunir contre les périodes d’inactivité. 

Je remplacerai les dispositifs existants (CPF, CIF…) par un « capital-formation ». Chaque salarié et chaque demandeur d’emploi aura ainsi de meilleurs outils d’accompagnement et de formation professionnelle. Le principe de ce capital formation sera prévu par la loi ; les modalités de sa mise en œuvre fixées par une négociation interprofessionnelle. 

 

QUESTION 6 : Quelle est votre position concernant le principe de « conditionnalité sociale » dans les accords de libre-échange ? Que pensez-vous de l’élévation du Socle social européen comme levier pour favoriser l’adhésion au projet européen ? 

François FILLON : Dans un contexte de compétition internationale, je veux protéger nos intérêts économiques et commerciaux. Que ce soit au niveau européen ou international, nous ne pouvons accepter de perdre notre compétitivité face à des Etats qui ne respectent pas leurs engagements et brisent le jeu d’une concurrence saine et loyale. L’Europe doit mettre en place des règles de réciprocité, notamment en matière de normes sociales et environnementales sur les produits importés ou encore d’accès aux marchés publics. 

Annoncé par le président Juncker en 2015, le projet de Socle européen des droits sociaux se donne pour objectif d’intensifier les actions « en faveur d’un marché du travail équitable et véritablement paneuropéen », selon ses propres mots. L’objectif de respect des valeurs européennes et de lutte contre le dumping social est en accord avec le projet que je porte.  

Je suis par ailleurs fermement opposé au statu quo sur la directive sur le détachement des travailleurs qui permet à des travailleurs étrangers de travailler en France sans y payer de charges sociales. Ma position est très ferme : je la renégocierai et suspendrai son application en France si la négociation n’a pas abouti avant la fin de l’année 2017. 

 

QUESTION 7 : Quelles mesures envisagez-vous afin de développer l’égalité des chances des personnes en situation de handicap dans leur cursus scolaire, universitaire et pour leur accès à un emploi de cadre ou technicien ? 

François FILLON : Le handicap concerne aujourd’hui près de 10 millions de Français. La manière dont nous favorisons l’insertion et la participation des personnes en situation de handicap dans notre société est révélatrice des valeurs auxquelles nous croyons. Je considère que le sujet du handicap doit être porté de manière transversale dans l’ensemble des politiques publiques. 

La formation des personnes handicapées et leur insertion durable dans l’emploi constitue l’un des principaux axes de mon programme en matière de handicap. Je veux que tous les demandeurs d’emplois handicapés puissent accéder à une formation adaptée, et encourager les jeunes en situation de handicap à poursuivre des études supérieures. Concrètement, je développerai les conventions multipartites sous l’égide de l’Etat ainsi que la formation en alternance des personnes en situation de handicap. J’encouragerai le développement des entreprises adaptées et simplifierai les démarches d’embauches. Mon objectif est que les entreprises adaptées deviennent de véritables tremplins pour les jeunes en situation de handicap vers l’emploi adapté ou non. 

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