Alors que la nouvelle convention sur l’assurance chômage, qui réduit considérablement les droits à l’indemnisation des demandeurs d’emploi, doit entrer en vigueur ce vendredi, la CFDT continue de dire tout le mal qu’elle pense de cette réforme.
Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, voudrait rouvrir le débat sur l’assurance chômage qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Une “grande consultation sur les effets de la réforme”
Hier, un communiqué de presse publié par l’association “solidarités nouvelles face au chômage” (SNC), la CFDT, l’Unsa, ATD Quart-Monde et le mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) faisait état du lancement d’une “grande consultation sur les effets de la réforme de l’assurance chômage”. Déplorant le fait que “les nouvelles règles de l’assurance chômage vont affecter durement les hommes et les femmes qui connaissent le chômage”, les organisations signataires ont décidé de solliciter les demandeurs d’emploi afin qu’ils témoignent des conséquences concrètes de la réforme mise en œuvre par le gouvernement.
Anonyme, la consultation sera lancée le 1er novembre sur sncexpressions.fr. Les intéressés pourront y participer par des contributions libres ou en remplissant un questionnaire. Les premiers résultats seront connus le 1er avril 2020 – soit la date de l’entrée en vigueur d’un certain nombre de mesures de contenues dans la réforme.
La CFDT à l’attaque dans le débat public
Parallèlement au lancement de cette consultation, la CFDT multiplie les prises de positions publiques afin de dénoncer la réforme de l’indemnisation du chômage. Hier, interviewé sur Europe 1, Laurent Berger a qualifié cette réforme de “punition” pour les demandeurs d’emploi. “Cette réforme est néfaste pour les demandeurs d’emploi”, a-t-il ajouté, considérant qu’elle allait les enfermer “trappe à pauvreté”. “On estime que c’est environ 1,4 million de demandeurs d’emploi qui seront concernés. Soit parce qu’ils ne pourront pas s’ouvrir de droits, soit parce que leur droit à l’assurance-chômage va être raccourci, soit parce qu’ils auront un montant inférieur au montant auquel ils auraient pu prétendre avec les anciennes règles. On estime que c’est -25 à -50 % indemnisation chômage en moins” s’est justifié le patron de la CFDT.
Les parlementaires n’ont sans doute pas été étonnés de cette prise de position offensive dans la mesure où, comme l’a révélé hier le JDD, ils tous ont reçu, à la mi-octobre, un courrier destiné à attirer leur attention au sujet des conséquences “désastreuses” de la réforme de l’assurance chômage. Rappelant les raisons de son opposition à l’évolution des règles d’indemnisation du chômage, la centrale en vient même à expliquer aux parlementaires qu’elle pourrait fort bien s’avérer néfaste pour eux aussi : “face à l’incompréhension de changements brutaux” ayant lieu dans leur “vie quotidienne”, les chômeurs “pourront […] vous interpeller directement”. Sous-entendu : et ceci pourrait finir plus ou moins bien…
Quelle stratégie pour la CFDT ?
L’attitude de la CFDT peut, à première vue, apparaître quelque peu surprenante. Il est en effet tout à fait exclu que le gouvernement reporte la mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage. Autrement dit : à court terme, la centrale ne peut pas vraiment miser sur un débouché politique crédible à ses revendications.
Cela étant, il est tout à fait envisageable que la CFDT juge envisageable d’obtenir une révision de la convention sur l’assurance chômage avant la fin du quinquennat. Si, comme elle l’assure, la réforme devait effectivement avoir des conséquences importantes pour les demandeurs d’emploi, il pourrait s’avérer politiquement difficile pour le Président de la République de l’assumer pleinement en 2022. Il pourrait alors être tenté, d’ici-là, de mettre plus ou moins d’eau dans son vinaigre.