Alors que le gouvernement s’apprête à dévoiler sa réforme de l’assurance chômage, le directeur de l’Unédic, Vincent Destival, a annoncé vendredi dernier sa démission.
Si la décision de M. Destival ne semble pas résulter de la manière dont se déroule l’actuelle réforme de l’assurance chômage, il n’en demeure pas moins qu’elle pose la question de l’avenir de l’organisation de l’assurance chômage.
De l’Unédic au Secours Catholique
C’est par le moyen d’un communiqué de presse très sobre que l’Unédic a officialisé, vendredi dernier, la démission de son directeur général Vincent Destival. M. Destival dirigeait les services de l’institution depuis 2010.
Comme il est d’usage dans ces cas-là, M. Destival a été remercié par les instances de l’Unédic “pour la qualité et l’intensité de son engagement au cours des neuf années durant lesquelles il a permis d’inscrire au plus haut niveau l’expertise de l’Unédic en tant que gestionnaire de l’Assurance chômage”. D’après les Echos, cette qualité et cette intensité n’auraient, certes, pas empêché lesdites instances de refuser un départ de M. Destival par le moyen d’une rupture conventionnelle, du fait de “prétentions financières [qui] ne se justifiaient pas”. Ambiance !
Quoi qu’il en soit de ces échanges difficiles, il faut croire que l’avenir de Vincent Destival est assuré : il prendrait la tête du Secours Catholique. A l’Unédic, il sera provisoirement remplacé par Pierre Cavard, directeur des études et analyses de l’institution, en attendant la nomination d’un nouveau directeur général.
L’enjeu de l’organisation de l’assurance chômage
Toujours si l’on en croit les Echos, le départ, quelque peu précipité, de M. Destival, n’est pas nécessairement à mettre en lien avec l’actuelle réforme de l’assurance chômage. Une autre piste pourrait être à chercher du côté de la malheureuse affaire de malversations qui a secoué l’assurance garantie des salaires (AGS) il y a quelques mois. A l’Unédic, on ne veut pas, dans tous les cas, jeter de l’huile sur le feu, puisque l’on affirme que Vincent Destival ne peut se voir reprocher “aucun manquement” de quelque ordre que ce soit.
Si la démission du directeur général de l’Unédic ne semble donc pas liée à la réforme de l’assurance chômage, toujours est-il qu’elle pose inévitablement la question de l’organisation future de ce régime. Arrivé à la tête de l’Unédic au moment où Pôle Emploi prenait son envol, il est décrit, en interne, comme ayant contribué à faire en sorte que l’Unédic se maintienne comme institution paritaire autonome de l’Etat. Son départ, dans un contexte de reprise en main de l’assurance chômage par l’Etat, n’est donc pas une bonne nouvelle pour les partisans de l’idée selon laquelle les pouvoirs publics ne doivent pas régenter seuls l’ensemble des politiques sociales.
Après avoir repris le contrôle des paramètres de l’assurance chômage, l’Etat pourrait bien se trouver en capacité, dans les prochaines semaines, de tuer définitivement ce qui reste de paritaire dans l’assurance chômage.