La télémédecine fait de plus en plus parler d’elle comme l’une des solutions pour favoriser l’accès aux soins. Un nouveau rapport qui vient d’être publié par le Sénat s’intéresse effectivement aux différentes méthodes pour limiter les déserts médicaux et son contenu pourrait avoir un impact sur le prochain PLFSS ainsi que sur la prochaine convention médicale.
Une confiance nouvelle dans la télémédecine
Comme BI&T l’évoquait la semaine dernière, la télémédecine pourrait être totalement remaniée dans le prochain PLFSS et serait dès lors une pratique pleinement acceptée. Cependant, comme le note le rapport remis au Sénat, jusqu’à maintenant, la télémédecine n’a pas pu exprimer son plein potentiel en raison d’un encadrement inadapté et de restrictions multiples.
Le rapport indique que la télémédecine “offre des solutions nouvelles intéressantes : il convient de les accompagner sans à priori pour que nos territoires et nos concitoyens puissent profiter à plein des innovations en santé“. De plus, il semble reconnu que les jeunes médecins ont envie de travailler en partie via la télémédecine et il semblerait que les expérimentations sur le terrain soient entièrement concluantes.
Ce ne serait pas du luxe quand on sait que la télémédecine a été introduite par la loi HPST du 21 juillet 2009… il aura donc fallu 9 ans pour qu’un dispositif prévu par la loi trouve un réel écho pratique et aboutisse à une amélioration de l’accès aux soins pour les patients. Mais si l’on en croit le rapport, la négociation conventionnelle de 2018 prévoira bel et bien d’inscrire le financement des actes de télémédecine dans le cadre tarifaire de droit commun.
L’objectif du recours plus répandu à la télémédecine sera bien sûr de proposer aux patients des soins de qualité sans leur ôter la possibilité de prendre des rendez-vous physiques. Des évaluations de l’impact économique et thérapeutique sont donc prévues à terme.
L’implication nécessaire des jeunes médecins
La télémédecine ne sera pas le remède miracle face aux déserts médicaux, mais devrait contribuer à moderniser les pratiques et à fluidifier l’accès aux soins. Ainsi, les auteurs du rapport incistent sur l’implantation des jeunes médecins, encore étudiants, dans les zones sous-dotées.
Pour cela, une allocation mensuelle brute spéciale de 1200€ est proposée aux praticiens qui s’engagent à exercer leurs fonctions, à l’issue de leur formation, dans une zone sous-dotée et à appliquer des tarifs de secteur 1. Cet engagement est pris pour une durée de deux ans au minimum. Ce dispositif appelé CESP n’a pas connu tout de suite le succès escompté mais affiche désormais un taux de signature qui semble satisfaisant même si cela reste bien minime face au besoin grandissant de médecins.
Pour améliorer encore l’efficacité de ce système, le rapport propose de mieux cibler les zones d’activité où les étudiants sont susceptibles d’être envoyés. Cela leur permettra d’avoir une meilleur vision de leur engagement et de leur avenir professionnel.
Le relèvement du numerus clausus inefficace ?
Le numerus clausus est identifié comme l’un des facteurs de la désertification médicale. Le rapport note que le relèvement du numerus clausus a surtout ciblé les régions sous-dotées depuis 2012. Mais cela n’a pas d’impact direct comme le précise les auteurs : “ni les variations ciblées du numerus clausus, ni la répartition faite au niveau des épreuves classantes nationales ne sont une réponse directe aux inégalités territoriales […] en outre, la régulation des flux étudiants ne résout pas la moindre attractivité de spécialités “en tension”, notamment la médecine générale […] enfin et surtout, la régulation des flux d’étudiants ne produit ses effets que sur le long terme, compte tenu de la durée des études médicales. Or, comme vos rapporteurs l’ont souligné, le “creux” de la démographie médicale est d’abord une réalité de court terme, sur un horizon de cinq à dix ans”.