Alors que l’invraisemblable comitologie imaginée par la loi Touraine sur la santé entame son parcours parlementaire, la Matinale de l’Economie organisée par le cabinet Rivington à la Maison de la Chimie a permis, en traitant la question de la technologie et de la santé, de mettre à jour le préoccupant désarroi de la technostructure hospitalière face à la révolution numérique qui est en cours.
Ce désarroi est notamment apparu à l’occasion de l’intervention de Chantal Carroger, directrice générale adjointe de l’hôpital universitaire de Nice. Cette “insideuse” a en effet répondu de façon assez précise à la question de la mutualisation des moyens informatiques dans les hôpitaux publics. Alors que la loi de financement de la sécurité sociale a ouvert la voie de façon très discrète à une impressionnante prolifération de la charge administrative par la mise en place de la facturation à l’acte (qui oblige chaque hôpital à facturer individuellement chaque acte pratiqué sur un patient), il est apparu clairement que la technostructure hospitalière n’a ni vision ni stratégie pour dégager des gains de productivité dans l’organisation médicale.
Ce désarroi devrait conduire à une augmentation des recrutements de personnels administratifs, alors que la simplification était le maître mot du gouvernement.
Comme souvent dans les services de l’Etat, le blocage majeur de l’organisation hospitalière tient à la manie de la technostructure de vouloir concentrer les décisions et de ne pas adapter ses pratiques managériales à l’évoution du monde. Alors que les personnels hospitaliers devraient être associés étroitement aux choix techniques transversaux, les personnels administratifs des hôpitaux continuent à monopoliser au maximum les processus de décision.
Alors que la révolution numérique apporte en principe souplesse et flexibilité, elle se traduit en France par une étonnante rigidification des structures et des gouvernances. Peut-être l’Etat (et sa coûteuse hiérarchie) n’est-il plus adapté aux missions qui lui sont confiées…