Le syndicat Info’Com CGT est une organisation membre de la CGT qui fait régulièrement parler d’elle dans le débat public du fait de ses prises de position à la limite entre l’agit-prop et la provocation – on se souvient par exemple de l’affaire, survenue l’an passé, des affiches sado-maso.
Hélas pour les responsables de cette organisation, elle fait aujourd’hui parler d’elle pour des raisons un peu plus prosaïques qu’à l’accoutumée.
Le salaire confortable du secrétaire général
D’après certaines informations qui nous sont parvenues, le secrétaire général d’Info’Com CGT, Romain Altmann, perçoit, pour l’occupation de son poste, un salaire plutôt confortable, puisqu’il s’élèverait à “près de 7 000 euros mensuels bruts” – ce chiffre ne comprenant pas les cotisations patronales. En interne, ce chiffre susciterait chez certains quelque émotion. Certains affirment d’abord que ce coût serait pris en charge par le syndicat, dont la taille – quelques centaines d’adhérents – et, avec elle, les ressources, sont pourtant relativement limitées. Plus généralement, la pratique d’un tel niveau rémunération, dans le cas d’une organisation membre d’une confédération qui se veut ouvrière, peut paraître problématique.
Interrogé au sujet de ces informations, M. Altmann ne nie pas les chiffres qui circulent. Toutefois, il tient à assurer que sa rémunération est décidée chaque année, “de manière transparente et démocratique, dans le respect des statuts du syndicat”, par son instance exécutive. En outre, il affirme qu’elle n’est pas financée par le syndicat lui-même mais, en application des règles en vigueur dans le paritarisme de la presse quotidienne nationale – secteur dont il est issu – par son employeur d’origine, en l’occurrence le Monde. On relèvera au passage les libéralités pratiquées par les employeurs de la presse, pourtant sous perfusion de subventions publiques. Quoi qu’il en soit de ce débat, Romain Altmann balaie donc d’un revers de manche les commentaires critiques relatifs à son salaire.
Info’Com CGT se fait de la pub
Bien lancés toutefois, ses adversaires ne limitent pas leurs critiques à des considérations de rémunération. Ils dénoncent également le mélange des genres entre business et syndicalisme auquel se livrerait le secrétaire général d’Info’Com CGT. Ils l’accusent, plus précisément, de profiter de sa position de dirigeant de l’agence de pub “Camarade Agency” – une société privée dont Info’Com CGT serait l’actionnaire unique et qu’il a lancée il y a deux ans afin d’accompagner des organisations CGT dans leur communication – afin de faire des affaires juteuses au détriment desdites organisations.
Invité à s’exprimer à ce sujet, M. Altmann nie catégoriquement toucher la moindre rémunération complémentaire pour la direction de “Camarade Agency”. Il se félicite en revanche de pouvoir mettre à la disposition d’organisations CGT le “savoir-faire d’Info’Com CGT en matière de communication, qui est largement reconnu en interne au sein de la CGT”. Là encore, le patron de ce syndicat juge donc qu’il n’y a pas de sujet. Il est vrai, à sa décharge, que la CGT n’a pas le monopole des entrelacs entrepreneuriaux et syndicaux – la question n’en demeurant pas moins posée de la légitimité, sur le fond, de tels entrelacs…
Une gestion immobilière dynamique
Enfin, décidément remontés contre le management syndical opéré par le dirigeant d’Info’Com CGT, certains de ses opposants affirment qu’il veut engager son organisation sur la voie d’une gestion immobilière trop dynamique. Il serait notamment question de préparer la vente de locaux appartenant historiquement au syndicat et, de manière préalable, d’engager l’expulsion d’une organisation CGT qui y est logée jusqu’à présent – le syndicat général du livre et des industries connexes CGT. Parmi ses opposants, les esprits les plus chagrins vont même jusqu’à prétendre que cette nouvelle gestion immobilière serait destinée à financer les frais de fonctionnement de la direction du syndicat – y compris concernant les rémunérations.
Prié de nous donner sa version des faits au sujet de ce dernier développement, Romain Altmann explique qu’il n’est plus d’accord avec les conditions dans lesquelles le syndicat général du livre et des industries connexes CGT occupe les locaux appartenant à Info’Com CGT : “Ils l’occupent à titre gratuit et nous souhaitons réévaluer ceci”. D’après lui, en effet, le financement de l’organisation, qui ne veut pas dépendre de fonds publics, impose certaines décisions difficiles. En revanche, il assure que, pour l’heure, aucune vente de local n’est décidée. Par ailleurs, M. Altmann réaffirme que l’argent du syndicat ne finance pas les rémunérations de ses dirigeants.
Ainsi vont les choses au sein de certaines organisations de la CGT.