A la CGT, sale temps pour le “Général Tapioca”

Ces derniers temps, le Canard Enchaîné s’intéresse décidément de près aux acteurs paritaires : après Patrick Bézier, ex-directeur général d’Audiens, c’est au tour de Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, de recevoir les honneurs de l’hebdomadaire.

 

Dans son édition d’hier, le palmipède consacre un article aux méthodes managériales expéditives du “Général Tapioca”. Tripalio est aujourd’hui en mesure d’apporter quelques précisions à cet article. 

“Comme au cinéma…”

Sous la plume d’Alain Guédé, le Canard raconte comment, depuis quelques mois et en prévision du prochain congrès de la CGT, Philippe Martinez – dont l’auteur précise le surnom en interne : “Général Tapioca” – s’évertue à mener une “purge” interne. 

Cette purge concerne aussi bien des “salariés de base” de l’organisation que des responsables importants. Sont notamment cités le chef de la sécurité et le chauffeur du taulier, ainsi que Jean-François Natton – chargé du secteur travail, santé et protection sociale à la CGT et vice-président du CESE, excusé du peu ! – ou Mijo Isabey, chargée du secteur retraites depuis de nombreuses années et reconnue pour son sérieux dans l’ensemble du monde paritaire et même au sein de l’appareil politico-administratif d’Etat. 

Ces membres de l’organisation sont mis à la porte, “comme au cinéma”, sans le moindre ménagement précise le Canard Enchaîné, qui dépeint notre Philippe Martinez en “vrai libéral”. 

Des “gars” à problèmes ?

Entre autres scènes à peine croyables de mises à l’écart, le journal en décrit une qui a concerné Mme Isabey. “On m’a rapporté que tu avais des problèmes avec les gars de ton équipe” lui a-t-il lancé lors d’une réunion d’explication de texte. Mme Isabey ayant nié ceci, le boss de la CGT s’est emporté : “Donc tu dis que je suis entouré d’une bande de menteurs. Ca pose un problème. Tu n’as plus ma confiance”. Le “Général Tapioca” vire alors Mijo Isabey. Nos lecteurs apprendront avec intérêt l’enjeu de cet échange – enjeu dont nous avons été amené à prendre connaissance par nos propres soins. 

Depuis le début de l’année, nous avons rédigé plusieurs articles au sujet de la gestion très curieuse des cotisations et des données des adhérents au sein de la CGT – voir par exemple ici et ici. Cette gestion est si curieuse qu’elle conduit les dirigeants confédéraux à ne plus être en mesure de déterminer clairement, dans certains cas, qui est ou non adhérent à la CGT et avec quel statut. C’est ainsi que, depuis quelques semaines, une sérieuse campagne de dénigrement – et, là encore, de purge – a été organisée en interne contre certains mandataires de la CGT présents dans des organismes paritaires de protection sociale de tout premier plan, au titre qu’ils ne payaient plus leur cotisation syndicale. Ce qui est – évidemment – tout à fait faux ! 

C’était justement afin d’attester du fait que les “gars” du secteur des retraites étaient bien tous adhérents et cotisants de l’organisation que Mijo Isabey a rencontré Philippe Martinez. En vain, on l’aura compris, puisque ce dernier n’a rien voulu entendre. 

L’envol des cotisations

Cette fort malheureuse affaire soulève un problème qui ne saurait être négligé par M. Martinez. Ainsi donc, à la CGT, un adhérent peut tout à fait être en règle en matière de règlement de ses cotisations mais pourtant, dans le même temps, être considéré par la confédération comme ne les ayant pas réglées. 

Dit en d’autres termes, ceci signifierait qu’il y aurait de la perte en ligne sur certaines cotisations. Des opérations discutables auraient-elles lieu entre leur encaissement au niveau local et leur déclaration ultérieure au niveau confédéral ? L’hypothèse est à prendre au sérieux. Elle expliquerait notamment comment les mandataires cités plus haut ont pu être accusés, à tort, de ne pas payer leur cotisation. Inutile de dire que Philippe Martinez aurait tout intérêt à s’emparer de ce dossier. 

Un vrai bourbier

Plus généralement, l’article du palmipède invite à imaginer le beau bourbier que constitue la CGT actuellement. D’après nos informations, il y avait peu d’autres participants à la réunion qui a eu lieu entre Mijo Isabey et Philippe Martinez. Vraiment peu même : un proche de Mme Isabey et un proche de M. Martinez. Dans cette configuration, il est tentant de se demander qui a pu faire fuiter certains échanges qui ont eu lieu. 

Là encore, d’après nos sources, il est tout à fait envisageable que ce ne soit pas ceux auxquels on pourrait a priori penser – c’est-à-dire ceux qui ont été virés par Philippe Martinez. Dans ces cas-là, ne prie-t-on d’ailleurs pas Dieu de nous garder prioritairement de nos amis ? La prière serait d’autant plus adaptée ici que les enjeux sous-jacents à ce grand débalage semblent importants, en termes de pouvoir à l’intérieur de l’organisation bien entendu, mais pas seulement. 

Affaire à suivre. 

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