Comme Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, il y a quelques jours lors du 49ème congrès confédéral de son organisation, Pascal Pavageau, le secrétaire général de la CGT-FO s’est exprimé hier en faveur de l’établissement d’un agenda de négociations spécifique aux organisations patronales et syndicales. Un souhait qui pourrait tout à fait en rester un.
Pascal Pavageau pour plusieurs ANI
S’exprimant hier sur BFM Business à propos de l’élection à la présidence du Medef, Pascal Pavageau a souhaité mettre la pression sur le successeur de Pierre Gattaz. “Je lui ferai la demande de le rencontrer très rapidement” a-t-il en effet indiqué, précisant qu’une telle entrevue aurait lieu afin d’engager “dès le mois de septembre” des “négociations interprofessionnelles” avec “l’ensemble des organisations syndicales et patronales”. Le patron de FO a cité plusieurs thèmes qui pourraient faire l’objet de telles négociations : le “télétravail”, la “santé au travail” et le “retour à l’emploi des travailleurs handicapés”. Pour M. Pavageau, cette démarche est celle d’une affirmation paritaire contre le gouvernement : “je pense que les interlocuteurs sociaux doivent retrouver la table de la négociation interprofessionnelle au niveau national sans attendre quoi que ce soit de la part du gouvernement” a-t-il ainsi déclaré.
Laurent Berger en voie de démacronisation
L’appel lancé par le secrétaire général de la CGT-FO fait écho à celui lancé, quelques jours plus tôt, par Laurent Berger. Devant les congressistes cédétistes, M. Berger avait en effet fait état de sa volonté de proposer aux représentants patronaux d’établir, dès cet été, un “agenda social autonome” – autonome de celui fixé par le Président de la République. Invité par les militants de sa centrale à durcir quelque peu sa ligne à l’encontre de l’exécutif, le chef de la CFDT a d’ailleurs dit, hier sur France Inter, tout le mal qu’il pensait de l’agenda social d’Emmanuel Macron. Estimant qu’il est “sur la droite” de l’échiquier politique et qu’il “penche vers une vision anglo-saxonne” du “modèle social”, Laurent Berger n’a pas trouvé grand chose à saluer des réformes sociales menées par le chef de l’Etat. C’est dans une telle configuration que Laurent Berger considère avoir plus à espérer de négociations avec le patronat qu’avec l’Etat.
Des appels à la réception pas évidente
Comment ces deux appels confédéraux de FO et de la CFDT seront-ils reçus du côté du patronat et, tout particulièrement, du côté du Medef ? Dans l’immédiat, ce dernier étant en plein processus électoral, aucun candidat ne devrait se risquer à répondre favorablement à MM. Pavageau et Berger, sauf à se discréditer d’emblée aux yeux des grands électeurs patronaux. Par la suite, quel que soit le vainqueur de l’élection : Alexandre Saubot ou Geoffroy Roux de Bézieux, il n’est pas vraiment garanti qu’il souhaitera s’engager dans un cycle de négociations nationales interprofessionnelles. Désuni – comme le démontre l’actuelle élection au Medef – le patronat a en outre tout l’air de faire confiance au Président de la République pour réformer le marché du travail. Il a, dès lors, tout à perdre à répondre positivement à FO et à la CFDT.