Il y a deux semaines, très mécontents de la direction prise par la remise à plat de la politique de l’apprentissage, le Medef et la CPME avaient décidé de geler la négociation interprofessionnelle sur l’avenir de la formation professionnelle. Autant dire que cette dernière, prévue pour durer moins d’un mois et demi, à raison d’une séance hebdomadaire, était largement compromise.
Préférant peut-être éviter une étatisation pure et simple de la formation professionnelle, le Medef vient d’annoncer qu’il entend reprendre les échanges paritaires.
Officiellement, la principale organisation patronale justifie sa décision en se déclarant satisfaite du contenu du rapport de synthèse de la mission de “concertation” organisée par le CESE au sujet la réforme l’apprentissage rendu hier à Muriel Pénicaud. Il est, certes, vrai, comme nous l’avons dit hier, que ce rapport propose la mise en place d’une forme d’usine à gaz destinée à ne léser aucune des parties prenantes du dossier. Le Medef, ainsi que la CPME, ont ainsi pu s’appuyer sur ce rapport afin de relancer la discussion sur la formation, sans toutefois perdre la face.
Demeurant méfiant à l’égard des pouvoirs publics, les dirigeants du Medef ont tenu à se ménager une éventuelle nouvelle porte de sortie, au cas où les échanges qui se poursuivent sur l’apprentissage viendraient, une fois encore, à mal tourner de leur point de vue. Commentant, auprès de l’AFP, le communiqué commun publié au sujet de l’apprentissage par la CPME et les représentants des régions de France, ils n’ont en effet pas fait preuve d’un enthousiasme débordant : “Ce communiqué est trop flou pour apporter une réponse. On voit bien une certaine ambiguïté dans les termes utilisés qui montre bien que les deux acteurs ne sont pas totalement alignés entre eux” a estimé l’un d’eux.
Dans cette ambiance plutôt fébrile, anticipant peut-être une réticence des représentants des salariés à reprendre une négociation formation professionnelle au-dessus de laquelle est suspendue une telle épée de Damoclès, François Asselin, le président de la CPME a jugé opportun de ne pas trop s’avancer quant à la reprise effective des échanges. Il a précisé qu’ils pouvaient être relancés, “bien sûr, dans la mesure où les autres partenaires viendront”. Evidemment…