Vaccination ou licenciement : les syndicats globalement opposés (mais pris de court)

Entre autres annonces destinées – puisqu’il s’agit là de leur justification officielle – à enrayer la diffusion du variant delta de la Covid-19, le gouvernement a annoncé que les salariés d’un certain nombre de secteurs d’activité, bien au-delà de celui du système de santé au sens large, allaient se trouver contraints de se faire vacciner s’ils souhaitaient conserver leur emploi.

Dans l’ensemble, si les organisations syndicales de salariés s’opposent à cette alternative, constituant en réalité un nouveau motif de licenciement, on relèvera toutefois qu’elles semblent prises de court.

Un motif de licenciement refusé

Il y a quelques jours, la commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle (CNNCEFP) a dû se prononcer, de manière consultative, sur l’avant-projet de loi portant modification des mesures sanitaires, élaboré comme conséquence des annonces du Président de la République. D’après nos informations, la CNNCEFP – composée, pour rappel, de 12 titulaires représentant les salariés, 9 titulaires représentant les employeurs, 8 titulaires représentant les régions et collectivités ultramarines, et 2 titulaires représentant les départements – s’est globalement prononcée contre la possibilité de licencier les salariés non vaccinés. Cette décision porterait notamment sur les salariés qui ne travaillent pas dans le secteur de la santé. La commission doit se saisir de la version définitive du projet de loi, tel que présenté en conseil des ministres, afin de donner à nouveau son avis à son endroit.

Dans le détail, il apparaît que les organisations syndicales de salariés se sont dans l’ensemble opposées à cette possibilité. “La CGT s’est exprimée contre et les autres organisations syndicales également” précise ainsi une source issue de cette organisation. On note, certes, que les membres de cette instance représentant les salariés ne communiquent que prudemment au sujet de la teneur des débats à ce sujet de l’alternative vaccination ou licenciement. Quoi qu’il en soit, étant donné la composition de la CNNCEFP, l’opposition des seuls syndicats de salariés à l’institution de ce nouveau motif de licenciement n’a pas pu suffire à emporter l’avis négatif de la commission. Qui du patronat ou de la représentation territoriale a abondé le refus syndical ? La question mérite d’être posée.

Le cas du licenciement pour non vaccination dans les HCR

Dans la mesure où c’est l’un des principaux secteurs d’activité où les salariés vont devoir se positionner au sujet de la vaccination obligatoire, il est opportun d’aller voir ce qu’il se passer dans les HCR. Du côté de la fédération CFDT des services, qui gère cette CCN, on tient une position pondérée. D’une part, on défend la nécessité d’aller vers une couverture vaccinale élargie : “Il semble évident que si les clients doivent être vaccinés, le personnel doit l’être aussi”. Toutefois, d’un autre côté, la CFDT des services juge que la méthode directive et le calendrier serré du chef de l’Etat ne sont pas adaptés à l’atteinte de cet objectif. “Il faut accompagner les salariés vers la vaccination et non pas les bousculer comme ceci est fait” estime l’organisation. Surtout, on se refuse, pour l’heure – et bien que cette question n’ait toujours pas été évoquée au sein des instances confédérales – à concevoir la création d’un nouveau motif, sanitaire, de licenciement.

Du point de vue de Force Ouvrière, les choses paraissent un peu plus tranchées. “Nous avons la même position que notre confédération” témoigne un responsable de la FGTA-FO, qui poursuit : “Nous refusons toute obligation et surtout toute sanction contre les salariés”. Plus généralement, tout en précisant que son jugement ne procède en rien d’une quelconque opposition au principe vaccinal, cette organisation dénonce vivement la méthode “inacceptable” mise en œuvre par le gouvernement : “Le gouvernement nous met devant le fait accompli sans aucune consultation ! La FGTA-FO ne cautionne pas une telle dérive”. Enfin, FO déplore le sort réservé aux TPE des HCR : “Nous sommes également contre la sanction des TPE sans leur donner les moyens de contrôler les passes sanitaires”, sanction qui risque selon l’organisation de conduire à des fermetures d’établissements et donc à du chômage.

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pourriez aussi aimer

La CPME prône une réforme “systémique” de l’assurance chômage

Invité hier sur BFM Business, Eric Chevée, le vice-président de la confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s'est exprimé, entre autres choses, au sujet de l'avenir de l'assurance chômage. Au lendemain de l'annonce par le Premier ministre Gabriel Attal de la non mise en œuvre de la dernière réforme de l'assurance chômage, a d'abord dû reconnaître que cette réforme n'était guère opportune, y compris du point de vue des employeurs. Ayant interrogé les...

Un nouveau secrétaire général pour la fédération FO des métaux

Lors de leur dernier congrès, qui a eu lieu il y a quelques jours, à Amiens les militants et responsables des syndicats de la fédération FO de la métallurgie ont procédé au renouvellement de l'équipe dirigeante de cette organisation. Ils ont élu un nouveau secrétaire général, en la personne de Valentin Rodriguez. Ce dernier prend la suite de Frédéric Homez, qui...

Election dans le commerce de gros

Stéphane Antiglio a récemment été élu président de la confédération des grossistes de France (CGF), la fédération professionnelle de l'importante CCN du commerce de gros - qui couvre près d'un million de salariés. Il prend la suite de Philippe Barbier. M. Antiglio est actif dans le secteur de la distribution automobile, étant à la tête de PHE/Autodistribution. ...

Réélection dans le verre

Tony Binard vient d'être réélu à la présidence de la fédération française des professionnels du verre (FFPV). Il occupe ce poste depuis 2021. Tony Binard est le dirigeant de Normanver Glass, entreprise de transformation du verre, et du Comptoir Nordique de Miroiterie, société d'installation de produits de verre. ...

Réélection dans l’édition phonographique

Bertrand Burgalat vient d'être réélu à la présidence du syndicat national de l’édition phonographique, le SNEP. Bertrand Burgalat est le fondateur du label Tricatel. A la tête du SNEP, il va notamment devoir poursuivre le chantier de l'intégration de la CCN de l'édition phonographique dans celle de l'édition. ...