Une prime ne peut pas être versée pour des heures supplémentaires

Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat CFDT.

 

Si l’exécution d’heures supplémentaires peut dans certains cas ouvrir droit à un repos compensateur de remplacement, le principe veut que ces heures soient rémunérées à un taux majoré. Mais alors sous quelle forme doit se faire ce paiement ? L’employeur peut-il verser au salarié une prime en contrepartie des heures supplémentaires qu’il a effectuées ? 

 

Pour rappel, l’exécution d’heures supplémentaires ouvre droit à une contrepartie

Dès lors que vous effectuez des heures supplémentaires à la demande de votre employeur ou directement (à condition que votre employeur ne s’y soit pas opposé), vous avez droit à une contrepartie. 

En principe, cette contrepartie prend la forme d’une majoration de salaire : 

– De 25% pour les 8 premières heures supplémentaires, 

– De 50% pour les heures suivantes. 

Des dispositions conventionnelles (convention collective, accord d’entreprise,…) peuvent fixer un taux de majoration différent qui ne pourra pas être inférieur à 10%. 

Ces mêmes dispositions conventionnelles peuvent aussi prévoir le remplacement de tout ou partie de la rémunération de ces heures par un repos compensateur équivalent. Ainsi, par exemple, une heure supplémentaire payée normalement à un taux majoré de 50% ouvrira droit à un repos compensateur équivalent d’une heure et demi. 

 

*Afin de savoir si un tel accord collectif s’applique au sein de votre votre entreprise et quelle en est la teneur, vous pouvez vous rapprocher des représentants du personnel ou des organisations syndicales de votre entreprise, de la permanence juridique de votre Union régionale CFDT, ou encore de l’inspection du travail compétente. 

 

Sous quelle forme doit se faire le paiement des heures supplémentaires ? 

Après avoir rappelé comment sont rémunérées les heures supplémentaires, on peut s’interroger sur la forme que doit prendre ce paiement. L’employeur peut-il notamment verser au salarié une prime au titre des heures supplémentaires effectuées ? 

Certains employeurs sont en effet tentés d’échapper aux règles applicables aux heures supplémentaires en les rémunérant dans leur intégralité sous forme de « prime » et en les faisant apparaître sous cette dénomination sur le bulletin de paie. 

Si d’un premier abord on peut avoir l’impression que cette forme de rémunération est sans incidence dès lors qu’elle comprend le paiement de l’heure supplémentaire et sa majoration, cette pratique fait pourtant perdre certains droits aux salariés. A titre d’exemple, l’exécution d’heures supplémentaires au-delà du contingent annuel, permet d’obtenir des repos compensateurs obligatoires. Ce qui ne sera pas le cas si ces heures ne sont pas déclarées en tant que telles sur le bulletin de paie. 

Pourtant, le Code du travail dispose expressément que le bulletin de paie doit faire apparaître le nombre d’heures de travail auquel se rapporte le salaire en distinguant, s’il y a lieu, les heures payées au taux normal et celles qui comportent une majoration pour heures supplémentaires et en mentionnant le ou les taux appliqués aux heures correspondantes. 

Autrement dit, le bulletin de paie doit mentionner la totalité des heures de travail accomplies par le salarié, dont les heures supplémentaires qui doivent apparaître en tant que telles. 

Ne pas les mentionner, de manière intentionnelle, constitue d’ailleurs du travail dissimulé

Les heures supplémentaires ne peuvent donc pas être versées sous la forme d’une prime et apparaître sous cette dénomination sur le bulletin de paie et ce, quand bien même le montant de la prime correspond au montant exact du salaire dû au titre des heures effectuées (Cass.soc.03.04.13, n°12-10092 : « le versement de primes exceptionnelles ne peut tenir lieu de règlement des heures supplémentaires ».). 

L’employeur qui verse les heures supplémentaires par le biais d’une prime s’expose donc à être condamné à payer les heures ainsi que leur majoration, mais aussi à être condamné pour travail dissimulé (versement d’une indemnité forfaitaire égale à 6 mois de salaire au salarié, sanction pénale, etc…). 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Un premier avenant intéressant pour la PSC du ministère de l’Intérieur

Un an après la signature de l’accord ministériel du 16 mai 2024 sur la protection sociale complémentaire (PSC) des agents du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, un premier avenant est venu, le 12 mars 2025, en corriger plusieurs aspects. Publié au Journal officiel d'aujourd'hui, ce texte modifie la structure des bénéficiaires, ajuste un article sur la gouvernance et corrige une rédaction ambiguë sur les ayants droit. La principale évolution porte sur...

Budget 2025 : plus de 33 milliards d’euros alloués aux établissements médico-sociaux par la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe pour l’année 2025 l’objectif de dépenses et le montant total annuel des financements alloués aux établissements et services médico-sociaux relevant de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). L’objectif de dépenses est établi à 33 248,30 Md€ pour l’ensemble du secteur. Ce montant se répartit entre 17 538,87 Md€ pour les établissements et services accueillant des personnes âgées...

Dotations médico-sociales 2025 : 32,55 Md€ répartis entre les régions par la CNSA

Par décision du 2 juin 2025, publiée au Journal officiel d'aujourd'hui, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a fixé les dotations régionales limitatives applicables aux établissements et services médico-sociaux pour l’année 2025. Ces dotations, réparties par Agence régionale de santé (ARS), concernent à la fois les structures accueillant des personnes âgées et celles destinées aux personnes en situation de handicap. Le montant total...