Les représentants de la kinésithérapie (IDCC 1147) seront reçus cette semaine au ministère de la santé. Ils dénoncent un décret qui favorise très largement la chiropraxie dont le diplôme sera mieux reconnu et dont les praticiens pourront faire des actes de kiné.
Kinésithérapeute, chiropracteur ou ostéopathe. Les médecines alternatives et moins invasives sont de plus en pris prisées par les particuliers. Pour autant, pas toujours évident de s’y retrouver entre les différentes pratiques. Et ce n’est pas la récente décision du gouvernement qui risque d’améliorer les choses.
En février dernier, un arrêté encadrant la formation des chiropracteurs était publié au Journal Officiel. Une offense pour les kinésithérapeutes qui dénoncentun traitement de faveur.
Rééducation, fake-médecine et termes commerciaux
Le 24 mai 2018, huit structures représentant les masseurs-kinésithérapeutes (FNEK, CNOMK, SNIFMK, SNMKR, FFMKR, CNKS, Alizé, CMK) déposaient un communiqué commun. Elles revenaient sur les annexes de l’arrêté du 13 février relatives à la formation en chiropraxie. Elles y voient un transfert de compétences.
Parmi le détail des activités autorisées, figure par exemple le terme de « réhabilitation », terme anglo-saxon signifiant rééducation. Autres termes détectés par l’Ordre des kiné, l’évocation de la « reflexothéraie », technique non conventionnelle considérée par les kinés, comme une « fake médecine ». Ou encore de la « kinésiotaping », qui désigne une marque commerciale.
De même, la profession note que le diplôme de chiropraxie est désormais reconnu au grade master. Une reconnaissance que réclamait les kinésithérapeutes mais jamais accordée, malgré qu’il faille cinq ans d’études pour exercer.
Vers un déremboursement de la kiné ?
Parmi les griefs exprimés par les kinés, ces derniers craignent que la confusionrègne pour les patients au moment de choisir leur praticien. « La profession alerte de dangers à venir pour les usagers : ces mesures ne peuvent que semer le trouble dans leur esprit en complexifiant leur compréhension du parcours de soin et aboutiront à une perte de chance. »
Cette confusion pourrait inciter les patients à se tourner vers la chiropraxie, qui ne nécessite aucune ordonnance, alors que cette dernière n’est pas remboursée par la Sécurité Sociale. En contrepartie, nombre de mutuelles la dédommage.
Pour les kinésithérapeutes, « cet arrêté cache la volonté d’un désengagement du remboursement des soins de kinésithérapie. »
Les chiropracteurs satisfaits, le ministère circonspect
Chez les chiropracteurs, on savoure un arrêté qui assoie « une volonté de promotion manifeste de cette profession« . L’association française de chiropraxie explique que « et arrêté s’approche de notre pratique réelle et précise bien le contenu de la nouvelle formation, ce qui est un gage de sérieux et de sécurité pour les patients. »
Nous ne rentrons pas en guerre avec les kinés, au contraire, nous travaillons dans une logique interprofessionnelle. Lorsqu’un de mes patients vient de se faire opérer et qu’il a besoin d’une rééducation, je l’oriente vers un kinésithérapeute. Ça a toujours été notre désir premier que d’être reconnus comme profession médicale. En Suisse, en Angleterre et au Danemark c’est déjà le cas. Les chiropracteurs ont même le droit de faire de la radiologie.
Philippe Fleuriau, chiropracteur et président de l’AFC
Restait au ministère de la Santé le soin de trancher la question. Mais pas sûr que les explications fournies ne fassent vraiment évoluer la situation. Pour le cabinet d’Agnès Buzyn, ce conflit repose simplement sur « un malentendu.«
Ce décret ne change absolument pas les conditions d’exercice des chiropracteurs, indique le cabinet de la ministre. Ils ne seront pas plus ou moins reconnus. L’objectif était uniquement de préciser le niveau d’encadrement de cette profession.
Ministère de la Santé
Affaire à suivre. Une solution pourrait rapidement être trouvée puisque des représentants de la kinésithérapie seront reçus cette semaine par le ministère de la Santé.