Peu à peu, les organisations ministérielles prennent forme. Dans le domaine du travail et de la protection sociale, le dispositif se présente de façon finalement très attendue: Emmanuel Macron reconstitue les ligues dissoutes! En voici les aspects les plus saillants.
À l’Élysée, le retour de Pierre-André Imbert
Le conseiller social de l’Élysée devrait être Pierre-André Imbert, qui fut, en son jeune temps, collaborateur parlementaire d’Henri Emmanuelli. Récupéré par Xavier Lacoste chez Altedia et embarqué par Raymond Soubie dans l’aventure Alixio, Pierre-André Imbert a glissé, en 2012, dans les cabinets de gauche. Il fut conseiller restructurations de Michel Sapin alors au ministère du Travail, avant de prendre du galon et de devenir directeur de cabinet de Myriam El-Khomri.
La paternité de la loi éponyme peut donc lui être en partie attribuée…
On notera que, lorsqu’il était consultant, Pierre-André Imbert a essentiellement travaillé pour les grandes entreprises.
À Matignon, la forteresse des traditionnalistes
De son côté, Édouard Philippe s’est doté d’une task force sociale qui laisse présager, là aussi, le retour à la doctrine ancienne.
Son directeur adjoint de cabinet sera Thomas Fatome, énarque, ancien directeur de cabinet de Laurent Wauquiez, devenu, en 2011, directeur de la sécurité sociale. Cette nomination n’a pas gêné la gauche puisqu’il est resté en poste jusqu’en 2017! Il y a notamment mené à bien le chantier de la PUMA. Fatome appartient à la droite ligne étatiste de la sécurité sociale et de l’admiration béate pour son monopole. Les partisans de la libre concurrence s’en méfieront donc largement.
Le conseiller social du Premier Ministre sera Franck Morel, ancien conseiller social des ministres du travail sous la droite, passé ensuite au cabinet Barthélémy, ne devrait pas porter une ligne plus ouverte. Franck Morel appartient à cette technostructure d’État qui n’aime la concurrence que lorsqu’elle n’est pas émiettée. Là encore, l’intéressé connaît essentiellement les grandes entreprises.
Au Travail, le capitalisme de connivence triomphe
Muriel Pénicaud, ancienne du cabinet Aubry passée par la DRH de grandes entreprises, vient de recruter Antoine Foucher comme directeur de cabinet. Directeur des relations sociales de Schneider, Foucher fut pendant deux ans le directeur des relations sociales du MEDEF. Il a quitté cette maison en partie à cause de la pression des “conservateurs” peu amateurs de ses amitiés avec la CFDT. Foucher est anciennement administrateur du Sénat.
L’équipe du Travail devrait donc être là encore marquée par une vision “grandes entreprises” avec de nombreuses passerelles entre la fonction publique et les postes de salariés à la tête de grandes unités.
À la Santé, l’arrivée d’un paritaire
Enfin, Agnès Buzyn s’est dotée d’un directeur de cabinet qui comprend la protection sociale: Gilles de Margerie, inspecteur général des finances et jusqu’alors directeur général adjoint d’Humanis. Elle bénéficiera donc des conseils éclairés d’un bon connaisseur… du paritarisme. Là encore, on retrouve une “marque de fabrique” de l’équipe Macron qui n’est décidément pas très portée sur le libéralisme ni sur la libre concurrence.
Une ligne essentiellement étatiste
Cet ensemble devrait porter une ligne attachée à une économie administrée, avec de nombreuses barrières à l’entrée pour les petits acteurs du marché. Loin du renouveau, on assiste donc à une continuité profonde, défavorable à l’esprit d’entreprise et très proche du capitalisme de connivence qui domine l’économie française.