Jean-Louis Marchand, président de la Fédération de l’Industrie Européenne de la Construction (FIEC), vient d’accorder une interview au Moniteur Export, où il prend de fortes distances avec le gouvernement français. S’il s’abstient de dénoncer frontalement l’initiative d’Emmanuel Macron, il souligne sans ambage qu’en accord avec les mouvements patronaux français les plus concernés, sa fédération préconise de rendre la lutte contre la fraude beaucoup plus drastique, sans toucher aux dispositions en vigueur.
Cette position n’étonnera pas. La révision des dispositions applicables au travail détaché en Europe pose une question de fond: celle du retour de fait au protectionnisme, dont les conséquences en matière de protection sociale sont encore mal explorées.
Sauf à imposer la sécurité sociale française à l’ensemble des pays de l’Union Européenne, on voit mal en effet comment la France pourrait ne pas mettre ses comptes sociaux en danger en ouvrant des droits aux travailleurs détachés sur son sol. Ceux-ci auront en effet tout intérêt à profiter de leur séjour en France pour obtenir des prises en charge sanitaires moins favorables dans leur pays.
D’un point de vue économique, les entrepreneurs concernés savent la difficulté de rester compétitifs face à des différentiels socio-fiscaux aussi larges.