Travail de nuit : les arguments de la CFDT

Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat de salariés CFDT.

C’est ce que l’on appelle un revirement de dernière minute. À la veille de la présentation en Conseil des ministres du projet de loi portant sur « diverses mesures d’ordre social », le gouvernement a choisi d’en extraire sa mesure la plus explosive : la libéralisation du travail de nuit au-delà de 21 heures dans les commerces alimentaires. Le sujet est renvoyé à une concertation de six mois. À l’issue de cette concertation, le gouvernement pourra prendre une ordonnance « dans un délai de dix-huit mois ». 

À l’origine du projet, figurait la demande des commerces alimentaires de décaler de 21 heures à minuit le début du travail de nuit. À l’heure où certaines enseignes tentent de braver les interdits de la réglementation sur l’ouverture dominicale – en ayant comme à Angers exclusivement recours à des caisses automatiques –, le gouvernement espérait sans doute calmer le jeu en offrant la possibilité aux entreprises du secteur de dégager plus de marges sous réserve d’un accord d’entreprise définissant les contreparties des trois heures de travail supplémentaires. Sauf qu’actuellement, le recours au travail de nuit doit être justifié par « la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale »… Pas sûr que le raisonnement développé par la ministre du Travail et visant à « favoriser la croissance des entreprises [au nom des] évolutions sociétales et nouveaux modes de consommation » soit audible. L’argument avait déjà été introduit dans la loi Pacte (relative à la croissance et à la transformation des entreprises), avant d’être censuré pour des raisons de forme par le Conseil constitutionnel… 

Une compensation financière facultative 

Pour les salariés, un tel assouplissement signifierait travailler plus tard, sans avoir l’assurance d’être mieux payés. Actuellement, la loi prévoit une compensation financière de 5 % entre 21 et 22 heures. Dans l’idée du gouvernement, la réglementation ne prévoirait demain plus aucune contrepartie entre 21 heures et minuit, la compensation financière pour le travail de nuit restant facultative. Une chose est sûre : la concertation promet d’être animée. « Il faut inscrire noir sur blanc un plancher de compensation équivalent à celui qui existe dans les zones touristiques internationales ainsi qu’un socle de contreparties à négocier pour concilier vie personnelle et professionnelle », estime Olivier Guivarch, secrétaire général de la Fédération CFDT des Services. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
avocats Kerialis
Lire plus

L’Autorité de la concurrence recommande la création d’un nouvel office d’avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation

L’Autorité de la concurrence a publié le 16 avril 2025 son cinquième avis sur la liberté d’installation des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation pour la période 2025-2027. Cet avis concerne directement les professions regroupées dans la convention collective nationale des avocats au Conseil d’État et à la...

La Cipav nomme un administrateur provisoire jusqu’à fin 2025

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, nomme Laurent Caussat administrateur provisoire de la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse (Cipav) jusqu’au 31 décembre 2025. Cette nomination fait suite à la décision du tribunal judiciaire de Paris, en date du 9 janvier 2025, qui a annulé les élections du conseil d’administration de la Cipav organisées entre le 9 et le 24 mai 2024. En l’absence de conseil...

Diot-Siaci enregistre une croissance de 14 % en 2024

Le Groupe Diot-Siaci atteint un chiffre d’affaires brut de 1,03 milliard d’euros en 2024, en hausse de 14 % par rapport à 2023. Hors acquisitions récentes, la progression repose sur une croissance organique soutenue. L’activité réalisée hors de France progresse de 24 % et représente désormais près de...

Abeille Assurances publie des résultats 2024 en nette progression

Abeille Assurances réalise en 2024 un chiffre d’affaires consolidé de 6,9 milliards d’euros, en progression de 4,2 % par rapport à 2023. Le résultat net atteint 79 millions d’euros, contre 53 millions un an plus tôt, soit une hausse de 49 %. Les fonds propres s’élèvent à 2,2 milliards d’euros, tandis que les ratios de solvabilité atteignent 137 % pour l’activité IARD & Santé et 216 % pour Abeille Vie​. ...