Télémédecine : un projet tué dans l’oeuf ?

Le 19 septembre, nous vous parlions d’Agnès Buzyn et de sa capacité à introduire la disruption médicale dans le système de santé français. La ministre semble très accrochée à cette problématique. Cependant, elle se heurte d’ores et déjà à plusieurs réticences. Et malheureusement, le chapitre concernant la télémédecine présent dans le rapport rendu par la Cour des comptes, montre un environnement plus que défavorable à cette innovation. 

Imaginez-vous face à votre ordinateur, webcam branchée, à moitié nu avec votre médecin dans l’écran : cette situation n’est pas prête d’arriver. 

 

Phase 1 de la télémédecine : bilan très contrasté

Jusqu’à présent, toutes les tentatives de globalisation de la télémédecine ont échoué. Pire, elles ont coûté très chères. 

Il n’y a que cinq régions où le nombre d’actes de télémédecine dépasse proportionnellement, les dépenses et les subventions qu’ont engendrées ces actes. Mais, ces activités reviennent assez cher. Dans les Hauts-de-France, chaque téléconsultation revient à 61,70€. Cette réussite, en comparaison des autres régions, est due à un cahier des charges élaboré très tôt par la profession, alors qu’ailleurs la télémédecine n’est qu’en projet. 

En général, toutes les expérimentations qui ont été faites, ont été des échecs. Le plan national de déploiement de la télémédecine qui promettait près de 44M€ d’investissement, n’a libéré qu’un peu plus de 14M€. Lorsqu’en 2015 une nouvelle expérimentation orientée vers la médecine de ville est menée dans le but de contrer les déserts médicaux, c’est la grille tarifaire qui pose problème. 

 

La mise en place d’une stratégie cohérente

En apparence, les recommandations de la Cour des comptes sont d’une simplicité évidente. Il faut tendre vers la “e-santé”. Pour ça, il faut juste lever l’ensemble des obstacles techniques et juridiques qui s’opposent à l’essor de la télémédecine, tout en définissant une grille tarifaire claire. 

Une fois la question de la protection des données numériques de santé traitée, la Cour des comptes préconise de s’inspirer de l’un des pays les plus développé dans le domaine : le Danemark. Depuis 2000, le dossier digital de chaque patient est quotidiennement alimenté par les professionnels de santé. Mais plusieurs autres facteurs viennent expliquer la forte présence de l’e-médecine au Danemark. D’abord, le pays est peu peuplé sur un territoire réduit, mais surtout il possède un système de santé centralisé. Les décisions sont très vite applicables. Ensuite, d’un point de vue purement technique, le Danemark possède l’une des meilleures connectiques au Monde. En 2016, le pays était classé au 10e rang mondial quand la France occupait la 44e place. Les professionnels de santé danois évoquent gagner 50 minutes par jour sur leurs tâches administratives. 

Enfin, les dossiers de santé dématérialisés sont en vigueur depuis plus de 25 ans. En définitive, le projet d’Agnès Buzyn s’il est plus que noble, va se heurter à plusieurs problématiques qu’elle n’est pas à même de résoudre. Un point pour la technostructure médicale. 

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