Sous évaluer le salaire d’un salarié correspond à du travail dissimulé

Cette publication provient du site de la CFDT.

 

Pour la Cour de cassation, le fait, de verser de prétendus frais kilométriques ou une prétendue indemnité au titre d’un temps d’astreinte, alors qu’il s’agit d’un complément de rémunération du salarié, caractérise du travail dissimulé. Cass.soc. 09.04.15, n°13-26817 et n°13-23066). 

 

  • Les faits

Dans deux arrêts rendus le 9 avril 2015, la Cour de cassation revient sur l’appréciation du délit de dissimulation d’emploi salarié. Dans les deux cas, l’employeur versait à son salarié une indemnité pour frais kilométriques (1) et une gratification pour astreinte (2) alors qu’il s’agissait en réalité d’un complément de rémunération, donc de sommes ayant la nature de salaire. Les salariés ont donc saisi les tribunaux en contestation de leur licenciement, avec notamment une demande de versement d’une indemnité au titre du délit de travail dissimulé. 

 

  • Qu’entend-on par dissimulation d’activité salariée ?

La loi et l’article L.8221-5 du Code du travail interdisent le travail dissimulé par dissimulation d’activité salariée. 

Pour les arrêts qui nous concernent, il s’agit notamment pour tout employeur de « se soustraire intentionnellement à l’accomplissement de la formalité prévue à l’article L. 3243-2, relatif à la délivrance d’un bulletin de paie, ou de mentionner sur ce dernier un nombre d’heures de travail inférieur à celui réellement accompli ou de se soustraire intentionnellement aux déclarations relatives aux salaires ou aux cotisations sociales assises sur ceux-ci auprès des organismes de recouvrement des contributions et cotisations sociales ou de l’administration fiscale en vertu des dispositions légales ». 

La Haute cour a jugé que le fait, pour un employeur « d’une part, de verser de prétendus frais kilométriques alors qu’il s’agissait d’un complément de rémunération du salarié de sorte qu’il y avait eu dissimulation d’une partie du salaire, d’autre part, d’avoir remis au salarié une attestation globalisant son salaire réel sans faire apparaître de tels frais », était constitutif du délit de dissimulation d’activité salariée, l’élément intentionnel de l’infraction de travail dissimulé étant démontré. 

 

  • Une jurisprudence cohérente avec les autres cas de travail dissimulé

Par ces deux décisions la Cour de cassation s’inscrit dans la ligne d’une jurisprudence bien établie. A titre d’exemple, la Cour avait déjà jugé que le délit de travail dissimulé était constitué « par la remise à un salarié d’un bulletin de salaire ne mentionnant pas toutes les heures de travail effectuées implique nécessairement le caractère intentionnel de cette dissimulation » (3). 

De même, « la dissimulation d’emploi salarié prévue par l’article L. 8221-5 du code du travail est caractérisée lorsqu’il est établi que l’employeur a, de manière intentionnelle, mentionné sur le bulletin de paie un nombre d’heures de travail inférieur à celui réellement effectué » (4). 

 

 

(1) affaire n° 13-26817. 

(2) affaire n° 13-23066. 

(3) Cass.soc.09.04.08, n°07-41340. 

(4) Cass.soc.20.06.13, n°10-20507. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

C2S : les règles de non-activité et de ressources sont révisées

Un décret du 28 juin 2025, publié au Journal officiel du 29 juin, vient préciser les modalités d’application de l’article L. 861-2 du code de la sécurité sociale concernant l’accès à la complémentaire santé solidaire (C2S). Le texte modifie plusieurs articles du code de la sécurité sociale (CSS). Le décret introduit un nouvel article...

CNSA : les règles de composition et de fonctionnement du conseil sont modifiées

Un décret du 28 juin 2025, publié au Journal officiel du 29 juin, modifie plusieurs articles du code de la sécurité sociale (CSS) afin d’ajuster la composition et le fonctionnement du conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Le texte vise à synchroniser les mandats, harmoniser les règles de délibération et prévenir les conflits d’intérêts, dans la perspective du renouvellement partiel du conseil prévu au 1er février 2026. Le décret...

Dotation 2025 des CESP : plus de 39  M€ alloués par l’assurance maladie

Deux arrêtés publiés au Journal officiel du 29 juin 2025 précisent les dotations des régimes obligatoires d’assurance maladie consacrées aux contrats d’engagement de service public (CESP) pour l’année 2025. Un premier arrêté daté du 26 juin 2025 fixe la dotation versée au Centre national de gestion (CNG). Ainsi, la part de dotation destinée spécifiquement au financement des CESP s’élève à 29 404 800 euros pour l’année 2025. ...

Un nouveau représentant des départements entre au conseil de la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel du 28 juin, modifie la composition du conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Maël de Calan est nommé membre titulaire du conseil au titre des représentants des conseils départementaux. Il a été désigné par l’Association des départements de France (ADF). Il remplace à ce poste Stéphane Haussoulier. ...

Le nouveau modèle papier de l’arrêt de travail est maintenant obligatoire

Pour lutter contre les arrêts de travail frauduleux un décret généralise l'obligation d'utiliser le nouveau formulaire papier lorsque l'arrêt n'est pas déclaré en ligne. Le décret paru au Journal officiel du 29 juin 2025 précise que l'assuré placé en arrêt de travail (ou dont l'arrêt est prolongé) qui veut envoyer son justificatif au format papier doit désormais transmettre la version originale signée d'un formulaire spécifique. Ce nouveau formulaire est...