SMIC ou minimum de branche, faut-il choisir?

A quoi peuvent bien encore servir les négociations salariales annuelles dans les branches professionnelles, dont l’objet principal est la rémunération minimale? Si certains avaient des doutes sur le sujet, une étude publiée par la DARES permet de les dissiper… ou de les confirmer. 

Les minima de branche pénalisés par le SMIC

La DARES compare les évolutions salariales avant et après la crise. Dans la tranche précédent 2008, les hausses substantielles du SMIC n’ont pas empêché une véritable dynamique de la rémunération minimale de branche. Hors revalorisation du SMIC, la DARES estime que les relavorisations imputables à la seule dynamique des branches a porté sur des indices de 1,5 à 3,3%, soit une majoration aussi forte que celle du SMIC lui-même. 

Depuis 2008, les hausses erratiques et plus modérées du SMIC n’ont pas été compensées par une dynamique de branche. La DARES considère que les revalorisations de branche sont en recul de 0,4 point en moyenne chaque année depuis l’apparition de la Grande Dépression. Ce phénomène est encore plus fort chez les ouvriers. La DARES considère que 69% de la modération salariale des ouvriers est due à la stagnation des salaires dans les branches. 

Cette étude a donc un mérite: elle montre qu’il existe une dynamique vertueuse entre revalorisation du SMIC et revalorisation de branche. Au-delà du simple effet de “rattrapage” du SMIC dans certaines branches, l’augmentation de celui-ci pousse les employeurs à “faire un geste” supplémentaire pour les salariés. Pour peu que le SMIC ne stagne, la nécessité de faire ce geste s’estompe. 

Les minima de branche ne remplacent donc pas le SMIC

Ces conclusions montrent donc l’effet récessif pour les salaires d’une suppression du salaire minimum interprofessionnel. Non seulement, il produit un effet direct sur les plus bas salaires, mais il enraye la dynamique professionnelle de branche. 

En creux l’étude de la DARES répond donc à certaines idées qui ont pu circuler sur une suppression du SMIC au profit de négociations de branche. Juridiquement, cette formule est possible, mais économiquement il comporte une conséquence immédiate: elle désincite les branches à relever les salaires et elle favorise la modération salariale globale. 

Dans l’arbitrage entre l’offre et la demande, la suppression du SMIC produit donc bien un double effet récessif sur les salaires… 

 

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