Cet article a été, initialement, publié sur le site du syndicat CFE-CGC.
Le gouvernement a annoncé le 4 octobre que l’État commandera des TGV et des locomotives pour maintenir l’activité du site de Belfort. La direction d’Alstom s’engage, elle, à investir 40 millions d’euros d’ici à 2020. La CFE-CGC salue ces mesures d’urgence mais rappelle que les problèmes structurels demeurent.
Près d’un mois après l’annonce, brutale, de la fermeture du site de production de Belfort et la forte mobilisation syndicale qui a suivi, le secrétaire d’État à l’Industrie, Christophe Sirugue, a annoncé hier, à l’issue d’une réunion avec les représentants syndicaux et la direction d’Alstom, que l’État va passer plusieurs commandes à l’entreprise (notamment 15 rames de TGV et 20 locomotives dépanneuses diesel) afin de sauver le site.
De son côté, la direction du constructeur français s’est engagée à investir 40 millions d’euros à Belfort d’ici à 2020 pour développer la production d’un nouveau modèle de locomotive hybride ou diesel, moderniser les ateliers de maintenance ferroviaire et diversifier la production de l’usine du site. André Fages : “On ne veut pas vivre aux crochets de l’État”
“Aujourd’hui les salariés de Belfort (ndlr : 480 sur le site) sont plus sereins et dormiront mieux que les nuits précédentes, déclare André Fages, délégué syndical CFE-CGC chez Alstom Transports. Si ces annonces vont dans le bons sens, l’avenir à moyen terme demeure toutefois très incertain : “Ces annonces vont permettre de passer le creux de charge ces trois prochaines années, mais ça ne solutionne pas le problème. Comme nous ne cessons de le répéter ces dernières semaines, on ne veut pas vivre aux crochets de l’État.”
Dès l’annonce du 7 septembre dernier, la CFE-CGC avait appelé le gouvernement (actionnaire minoritaire à hauteur de 20 % d’Alstom) à prendre toutes ses responsabilités. A l’occasion de la conférence de presse de rentrée de la CFE-CGC, le 27 septembre, François Hommeril avait dénoncé «une annonce brutale, sans la moindre préparation ni la moindre concertation avec les représentants des salariés”, et fustigé “le manque de respect envers les salariés du site de Belfort”. Sur le fond, le président confédéral avait souligné “l’absence de travail en profondeur, par les décideurs politiques, sur l’avenir de la filière rail en France sachant que l’ensemble des sites sont aujourd’hui en sous-activité”. Pour François Hommeril, il est indispensable “de mettre en place, dans les dispositifs d’appel d’offre, des dispositions pouvant protéger le maintien de leurs compétences sur le sol national”. François Hommeril : “L’enjeu plus global est celui du maintien des compétences, des investissements et de la protection des brevets”
Sur le plateau d’I-Télé, mardi soir, François Hommeril a réagi aux annonces du jour : “L’argent public est fait pour être investi pour des projets ambitieux, de long terme. S’agissant d’Alstom, cela ne me dérange absolument pas que de l’argent public soit mobilisé pour sauver le site dès l’instant qu’il permet de donner de l’oxygène et du temps pour pouvoir développer un projet de long terme.”
Plus globalement, le président de la CFE-CGC fait écho aux grandes problématiques soulevées par le dossier Alstom. “L’enjeu, c’est celui du maintien des compétences sur place. L’avenir de l’économie française et de ses industries, c’est aussi l’investissement massif – public et privé – dans la recherche ainsi que la protection des brevets et de l’intelligence.”
Sur un dossier devenu très politique et un enjeu de la campagne présidentielle, la CFE-CGC souhaite dorénavant que chacune des parties tienne ses engagements.