On a bien tort de sous-estimer l’impact systémique qu’une victoire de Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles aurait sur l’ensemble de l’économie française. En particulier, son projet de sécurité sociale intégrale, incluant les remboursements complémentaires, est porteur de risques évidents qu’il faut récapituler pour comprendre à quoi chacun s’engage ou se destine à y apportant son suffrage.
L’étatisation complète de la santé, une idée des élites dominantes
Le projet d’un remboursement total des soins par une sécurité sociale globale revient à étatiser complètement la santé. Dans la pratique, cette ambition, qui est aussi défendue par la technocratie française (on se souvient ici de l’appel de Martin Hirsch et de Didier Tabuteau en ce sens), et incidemment par l’industrie pharmaceutique, revient à confier la totalité de la santé de chaque Français à un pouvoir politique dont personne ne peut connaître les évolutions, ni les tentations futures.
Dans tous les cas, l’idée de Mélenchon n’est certainement pas, comme il le soutient, une idée qui rompt avec le projet des élites dominantes. Elle est au contraire la réalisation de l’une de leurs ambitions.
Un projet social ou un projet politique?
Il faut réexpliquer pourquoi les élites françaises dont Mélenchon fait partie adorent la nationalisation de la santé. Cette extension du domaine de l’Etat est en effet la plus sûre façon de placer les citoyens dans une posture de dépendance vis-à-vis des pouvoirs publics. Que l’Etat contrôle la totalité des amortisseurs sociaux est en effet la meilleure garantie dont il dispose pour garder le contrôle de la société.
En ce sens, l’étatisation de la santé ne concourt absolument pas d’une logique de “démocratie participative”, ce petit hochet que Mélenchon agite pour occulter la dimension profondément autoritaire de son projet. En réalité, la santé deviendra un levier de pouvoir et de domination définitive dont la “punchline” est déjà connue: pourquoi vous révolter contre un ordre liberticide puisqu’il vous assure un confort tout à fait agréable.
Dans la fable du Chien et du Loup, Mélenchon fait l’éloge du chien.
Une dégradation assurée de la qualité des soins en France
Au demeurant, le confort que l’Etat apportera aux assurés sera de courte durée. Le projet de Mélenchon conduira immanquablement à accélérer la bureaucratisation de la santé à laquelle on assiste depuis plusieurs années. Partout, la concentration des pouvoirs entre les mains d’une caste de gestionnaires débouchera sur une dégradation très rapide des soins et de la prise en charge des patients, comme on le constate dans de nombreux endroits.
Les recrutements massifs annoncés par Mélenchon dans le secteur de la santé, loin de soulager la souffrance des personnels, dilueront indéfiniment les prises de responsabilité dans un système qui produit déjà énormément de souffrance.
La mort de la prospérité est assurée par l’explosion du coût du travail
Pour le reste, la suppression complète des restes à charge encouragera une consommation effrénée des soins par les assurés, sans qu’aucune des stratégies de mitigation du risque actuellement déployées par les assureurs privés ne puisse la juguler. Le coût de la santé augmentera de façon rapide et la situation sera, en quelques mois, insoutenables financièrement.
Parallèlement, l’absorption des complémentaires santé par le régime général conduira à une forte augmentation des cotisations sociales qui produiront très rapidement un chômage encore plus élevé.
Bref, ce projet destructeur, souhaité pour des raisons politiques par les élites technocratiques françaises, ne tardera pas à mettre le pays à genoux.