Plus de cinq mois après que le rapport Lecocq-Dupuis-Forest sur la santé au travail a été remis au gouvernement, la réforme qu’il était censé initier se fait toujours attendre.
Afin de bien signifier à l’exécutif qu’ils tenaient beaucoup à cette réforme, les syndicats de salariés : CFDT, CGT, FO, CFTC et CFE-CGC, ont demandé l’ouverture rapide d’une négociation nationale et interprofessionnelle.
La santé au travail en attente
Comme l’a récemment rappelé Charlotte Lecocq, la député “République en Marche” du Nord, dans Challenges, la réforme de la santé au travail attend d’être lancée depuis l’automne dernier. Elle aurait dû l’être en octobre puis, en novembre, mais, mouvement des “gilets jaunes” aidant, elle a été reportée au début de l’année 2019. A présent, la députée juge nécessaire d’aller de l’avant. “Maintenant, il est temps que le gouvernement sorte sa lettre de cadrage en apportant sa vision afin que les partenaires sociaux s’en emparent et proposent leurs solutions. […] Il ne faut pas tergiverser pendant des mois” estime-t-elle en effet.
Il faut croire qu’elle n’est pas la seule : en milieu de semaine, les cinq centrales syndicales de salariés représentatives au niveau national ont publié un communiqué commun – reproduit ci-dessous – où elle rappelle au Premier ministre sa promesse de “réforme du système de santé au travail annoncée […] en septembre dernier”.
Des craintes sur la méthode
Dans ce communiqué, en plus d’appeler au lancement de la réforme de la santé au travail, les syndicats de salariés semblent s’inquiéter de la méthode que le gouvernement pourrait choisir afin de mener à bien sa réforme. “En tant qu’organisations syndicales, nous ne pouvons pas nous contenter, sur un sujet aussi essentiel, de concertations menées au pas de charge sur la base d’une réforme construite de façon unilatérale par le Ministère du Travail. Ce serait prendre le risque de mettre en place un système éloigné de la réalité et des besoins des travailleuses et des travailleurs, et sans considération pour les acteurs de la prévention” affirment-elles ainsi.
Cette inquiétude sur la méthode n’est pas infondée, tant il est vrai qu’en matière de réformes sociales, le Président de la République ne semble pas accorder une grande importance à l’avis des partenaires sociaux.
L’appel à la négociation
Contre l’éventualité d’un nouveau recours à la manière forte, les syndicats de salariés jugent que la réforme de la santé au travail doit se faire dans le cadre – au choix du gouvernement ? – d’un “débat de fond”, d’une “concertation loyale et constructive” ou d’une véritable “négociation”.
A l’occasion de ces échanges, les syndicats défendront notamment l’idée selon laquelle la santé au travail n’est pas un “coût” mais un “investissement” pour la collectivité. “La santé au travail doit devenir une véritable priorité dans les entreprises et ne peut être abordée uniquement comme un coût. Tout investissement dans le domaine de la prévention représente un coût largement moindre que la réparation” écrivent-elles. En outre, les syndicats entendent profiter de la réforme afin de porter une conception élargie de la bonne santé au travail : “Par ailleurs, l’ouverture d’une négociation sur la qualité du travail doit être l’occasion de discussions réelles sur les enjeux du travail : son organisation, son sens et sa finalité”.