RSA et bénévolat: la CGT dénonce des méthodes discriminatoires

Ce communiqué de presse provient du site du syndicat CGT.

 

Sans complexe, le conseil départemental du Haut-Rhin a voté à l’unanimité moins une voix « l’incitation » pour les bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (RSA) à effectuer des heures de bénévolat contre le versement de cette allocation. 

Faisant fi de tous les principes liés à l’aide sociale et déjà retoqué par le tribunal administratif de Strasbourg en 2016, le conseil départemental n’en démord pas : les bénéficiaires du RSA seraient responsables de la situation d’inactivité dans laquelle ils se trouvent. Il ne faudrait pas qu’ils s’y complaisent. C’est pourquoi un contrat d’engagement réciproque (CER) va leur être proposé assorti d’action(s) de bénévolat ; les manquements pouvant conduire à sanctions : suspension de l’allocation voire radiation du dispositif. 

La protection des personnes vulnérables est un droit constitutionnel. Les personnes inscrites dans la grande pauvreté le sont souvent pour des facteurs multiples : ruptures dans leur vie personnelle, sociale, avec le monde du travail, les enfermant dans un processus d’exclusion les marginalisant un peu plus. Le contrat du RSA est avant tout conçu comme un support au service de l’insertion socio-professionnelle du bénéficiaire. 

Dévoyant le principe même du bénévolat basé sur le don et le contre-don, voilà un dispositif qui va à nouveau permettre d’utiliser des travailleurs gratuitement. L’esclavage n’est pas mort, il s’est juste modernisé sous les oripeaux d’une conception de l’intérêt général fondée sur une politique de la discrimination.Le bénévolat conclu dans le CER constitue l’étape ultime à l’ubérisation du travail, sans compter évidemment l’occupation de postes de travail en substitution des salariés et un effet domino possible sur le chômage. Le patronat en rêvait, le conseil départemental du Haut-Rhin l’a réalisée : la gratuité du travail. 

La CGT refuse une conception de la solidarité et de la justice sociale basée sur le rejet des plus vulnérables qu’il faudrait sanctionner et contrôler. Nous condamnons tout écho et emprunt aux thèses abjectes de l’extrême droite. 

Rejeter la responsabilité sur les personnes en situation de précarité permet de se dédouaner de ses propres échecs. Les politiques économiques néo-libérales désastreuses menées dans notre pays depuis plus de quarante ans ont creusé les inégalités et engendré l’exclusion des plus faibles de nos concitoyens. Ne nous y trompons pas : ajouter des conditions au versement de l’allocation de RSA face à l’explosion du nombre de bénéficiaires permet non pas l’inclusion sociale mais d’en diminuer le nombre, dans la logique des politiques d’austérité actuelles ! 

Quelle marge de manœuvre auront les professionnels du travail social et les allocataires dans ce type de dispositif entre sanction et accompagnement, vu l’asymétrie de leurs places respectives ? Cette mesure utilisant la carotte et le bâton va mettre à mal la relation de confiance qui les unit, fondement du travail social et base indispensable à toute intervention. Les professionnels de ce secteur revendiquent l’éthique de leurs interventions dans le respect de la dignité et de l’intégrité des personnes accompagnées. 

La CGT dénonce des méthodes fondées sur la discrimination de groupes sociaux, a contrario de l’intérêt général et en totale discordance avec les valeurs républicaines qui font société. 

La CGT est porteuse d’un travail social respectueux du plus vulnérable et non objet de politiques publiques assujetties au dogme de la stigmatisation et de la logique comptable. 

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