Retraites : vers une brutale mesure d’âge (et vive l’Europe sociale !)

A la mi-juin, Tripalio annonçait l’inscription à l’agenda politique, dès le mois de juillet, d’une réforme des retraites : depuis hier, et la publication d’un article des Echos à ce sujet, ce scenario paraît effectivement se confirmer.

Sommé par Bruxelles de réduire les dépenses publiques, le Président de la République s’apprêterait à prendre rapidement une mesure d’âge pour le moins brutale.

Une “réforme des retraites” à la hussarde ?

D’après les informations avancées par les Echos, la “réforme des retraites” voulue par l’exécutif, et qui serait consignée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, consisterait en une mesure d’âge. Il s’agirait du report à 64 ans de l’âge légal du départ à la retraite, d’ici 2022 ou 2023 – les arbitrages définitifs à ce sujet demeurant à effectuer. Si la réforme dite “systémique” des retraites n’est donc plus à l’ordre du jour, une dégradation rapide et brutale des régimes de retraite par répartition devrait être annoncée par le gouvernement.

Si elle devait effectivement avoir lieu, l’objectif d’une telle “réforme des retraites” serait très clair : il s’agirait moins de repenser l’organisation du financement des retraites en France que de donner des gages à Bruxelles quant à la trajectoire budgétaire française. Le report rapide de l’âge de la retraite serait alors un moyen, pour l’exécutif, de s’assurer de l’obtention des 40 milliards d’euros alloués à la France dans le cadre du “plan de relance européen” – plan de relance financé, rappelons-le, par les Etats eux-mêmes, et notamment par la France.

Les cocus de “l’Europe sociale”

On retiendra d’abord de cette séquence qu’elle vient à nouveau témoigner de la difficulté qui existe à articuler les termes “Europe” et “sociale”. Dans le contexte qui est le nôtre, engager un recul de l’âge de la retraite vient en effet garantir la nette dégradation des conditions de travail et de vie d’une proportion importante des travailleurs – proportion qui, il est vrai, ne compte ni parmi les macronistes ni parmi les européistes convaincus. Cette dégradation serait d’autant plus probable et brutale que bien des salariés âgés entre 62 et 64 ans ne sont plus en poste lorsqu’ils arrivent à la retraite : pour les travailleurs âgés, Bruxelles propose ainsi le chômage et la paupérisation.

Dans une telle configuration, on ne peut, une nouvelle fois – après la curieuse affaire de la réforme de l’assurance chômage – que s’interroger sur les raisons de l’engagement européiste de la plupart des hiérarques syndicaux français. Comment donc les dirigeants syndicaux français concernés vont-ils bien pouvoir conjuguer leur amour inconditionnel de la construction européenne et leur refus d’une mesure injuste et brutale de “réforme des retraites” ? On attend l’entrée en piste des équilibristes…

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