Hier, le conseil d’orientation des retraites (COR) a présenté à la presse son rapport annuel sur la situation et les projections démographiques et comptables des régimes de retraite en France.
Ce rapport, qui esquisse des perspectives contrastées, tombe à pic afin d’éclairer le débat public sur l’enjeu des retraites.
Des excédents… puis des déficits
C’est suffisamment rare pour être souligné : les comptes des retraites sont excédentaires. Une première depuis la fin des années 2000 ! Après avoir été, en 2020, déficitaires de près de 14 milliards d’euros, les régimes de retraite sont revenus à l’équilibre à la faveur de “la forte reprise de la croissance”. Selon le dernier rapport du COR, ils ont dégagé un excédent de quelque 900 millions d’euros en 2021. Mieux : selon toute hypothèse, ils devraient présenter un solde positif de plus de 3 milliards d’euros cette année. S’il est vrai que ces niveaux d’excédents sont loin d’effacer le déficit correspondant à l’exercice 2020, encore faut-il insister sur le fait qu’ils contrastent nettement avec les déséquilibres tendanciels connus ces dernières années par les comptes des retraites.
Ces déséquilibres tendanciels ne sont d’ailleurs jamais bien loin. Toujours d’après le COR, le solde global des régimes de retraite français serait amené à “se dégrader sensiblement” dès 2023. Ce retour dans le rouge serait durable, puisque l’organisme ne voit pas de retour à l’équilibre structurel des comptes avant “le milieu des années 2030” – et encore, dans le scenario le plus optimiste. Ces projections déficitaires procèdent notamment d’hypothèses de travail “plus défavorables sur le long terme” que celles envisagées jusqu’alors. En particulier, les “gains de productivité” sont désormais estimés entre 0,7 % et 1,6 % par an, contre 1 % à 1,8 % auparavant et, concernant, le taux de chômage, le COR table bien davantage sur un taux de 7 % à long terme que sur le taux de 5 % considéré par le gouvernement.
L’avenir des retraites diversement appréhendé
Se fondant sur les projections avancées par le COR pour l’état à moyen et long termes des comptes des retraites, l’exécutif laisse entendre qu’une réforme va être engagée. Olivier Dussopt, le ministre du Travail, a ainsi récemment fait savoir qu’il allait rencontrer les partenaires sociaux le 19 septembre afin d’échanger ce sujet avec eux. L’éventualité de l’inscription dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) de mesures de réformes des retraites serait même envisageable, non seulement au sujet de la durée de cotisation – avec une accélération de l’agenda prévu par la loi Touraine, afin d’atteindre plus rapidement 43 annuités – mais également au sujet de l’âge du départ à la retraite.
Du côté des syndicats de salariés, on refuse catégoriquement l’éventualité d’une dégradation des droits des assurés sociaux en matière de retraite. Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a ainsi mis le gouvernement en garde : une “mesure brutale” dans ce domaine perturberait les discussions sociales en cours. Cyril Chabanier, pour la CFTC, a tenu un discours proche, affirmant que “cela bloquerait tous les autres chantiers”. Plus menaçante, FO juge qu’une réforme des retraites menée dès cet automne donnerait lieu à un mouvement social : “cela serait dangereux et entraînerait une forte mobilisation, des manifestations et des grèves”. Les sujets de mécontentement, il est vrai, ne manquent pas au sein de la population
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