Cette publication provient du site du syndicat de salariés CFDT.
Alors que le projet de loi sur la réforme des retraites s’apprête à être examiné par les députés, les concertations menées en amont avec les partenaires sociaux butent sur un point central. La prise en compte de la pénibilité pour les salariés exposés à des contraintes physiques au cours de leur vie professionnelle ou exposés à des risques chimiques.
Le gouvernement a présenté plusieurs mesures qui améliorent le projet, notamment l’extension de la retraite progressive à la fonction publique et un dispositif de départ anticipé pour les aides-soignantes, mais il continue de renvoyer à des discussions ultérieures ce qui était au cœur des débats : comment permettre un départ à la retraite avant l’âge légal aux salariés dont l’espérance de vie a été impactée par leur activé professionnelle. « Il ne peut pas y avoir une réforme juste, si nous ne trouvons pas une solution. Nous constatons un gros blocage du patronat. C’est donc à l’exécutif et aux députés de prendre leurs responsabilités », a réaffirmé Laurent Berger en sortant d’une réunion à Matignon censée tirer le bilan des concertations, le 13 février dernier.
À l’heure où nous mettons sous presse (le 14 février), il n’y a pas encore de solution qui se dessine pour dépasser le statu quo, mais rien n’est définitif. À tout moment pendant la procédure parlementaire, le gouvernement peut déposer des amendements. De leur côté, les députés envoient des signaux de plus en plus visibles en direction de l’exécutif exprimant leur volonté d’améliorer la réforme, notamment sur la pénibilité, mais aussi sur les droits familiaux et l’emploi des seniors. Et ils refusent catégoriquement l’idée que ce texte puisse passer en 49.3, c’est-à-dire en vote bloqué sans débat dans l’hémicycle. « Nous irons au bout de l’examen du texte et nous prendrons le temps qu’il faudra », a réaffirmé devant la presse sociale le député Guillaume Gouffier-Cha l’un des rapporteurs du projet de loi, face à la rumeur insistante d’un gouvernement tenté de passer en force pour éviter des débats interminables avec l’opposition.
Pour sortir par le haut de ce bras de fer, la CFDT propose que la question des quatre critères de pénibilité non reconnus par le système aujourd’hui, soit renvoyée à des négociations dans les branches professionnelles afin de trouver une solution la plus fine possible, la plus en phase avec le vécu des salariés. Mais cette proposition n’a de sens que si le projet de loi prévoit un dispositif supplétif (une sorte de mesure-balai) qui s’appliquerait si les branches ne parviennent pas à trouver un accord. « Le patronat ne s’engagera dans une négociation que s’il y est contraint », résume Frédérique Sève, le secrétaire national de la CFDT chargé des retraites. Le gouvernement est prévenu, la CFDT continue d’être mobilisé et ne renonce en rien à obtenir des avancées sur la pénibilité.