Avec les dernières déclarations de Matignon le 7 janvier 2020, les syndicats de salariés n’ont pas tardé à réagir. Voici le florilège des déclarations faites par la CFDT, FO, la CFE-CGC et l’UNSA.
La CFDT ne croit pas à l’ouverture du gouvernement :
Même si le Premier ministre semble vouloir faire un geste en direction des organisations syndicales, il n’a pour l’instant pas renoncé à l’âge pivot de 64 ans. La CFDT continue d’exiger le retrait de cette mesure injuste et appelle à signer une pétition et à se mobiliser le 11 janvier partout dans les territoires afin de maintenir la pression sur l’exécutif.
« On note une volonté d’ouverture du gouvernement. Il faut maintenant qu’il aille plus loin en renonçant définitivement à l’âge pivot ». A la sortie de la première réunion du nouveau cycle de concertation qui s’engage sur la réforme des retraites mardi 7 janvier, Laurent Berger a tenu un discours de fermeté. Pour la CFDT, cette mesure d’âge est une ligne rouge qui empêche les discussions de se dérouler de manière constructive. Elle appelle donc les salariés à signer la pétition en ligne sur le retrait de la mesure et à se mobiliser partout dans les territoires le samedi 11 janvier.
Le Premier ministre a en effet fait un pas en direction des organisations syndicales réformistes en répondant favorablement à la proposition de la CFDT d’organiser une conférence de financement des retraites, mais n’a pas pour autant enterré cet âge pivot de la discorde. Alors qu’une première réunion de calage devrait se tenir à Matignon vendredi 10 janvier au matin pour fixer les contours de cette conférence, la CFDT entend obtenir satisfaction le plus rapidement possible.
« Au moment où le gouvernement ouvre des discussions et semble prêt à avancer sur des sujets aussi essentiels que la pénibilité, les fins de carrière, le minimum contributif et les transitions dans la fonction publique, il aurait tort de rester inflexible sur cette mesure particulièrement injuste et massivement rejetée dans la population », insiste Frédéric Sève, secrétaire national chargé des retraites.
Pour la CFDT, la conférence de financement des retraites doit justement permettre de trouver une issue à la crise actuelle. L’idée est de bien séparer les discussions liées à l’architecture du nouveau système et les débat autour de l’équilibre financiers des régimes de retraites à moyen et long terme. « Les besoins de financement de notre système de retraite ne peuvent être réglés par une mesure d’âge abrupte et particulièrement injuste, explique Frédéric Sève. Nous avons besoin de nous poser et d’étudier tous les scénarios possibles afin de trouver une voie de passage. Contrairement à ce que laisse entendre le gouvernent il n’y a pas d’urgence. Le financement des retraites est largement assuré aujourd’hui grâce aux efforts qui ont déjà été faits par les Français ces dernières années. »
FO reste campée sur ses (op)positions :
Autant elle entend faire connaître et porter ses revendications sur les sujets à l’ordre du jour des réunions consacrées à l’emploi des seniors, à la pénibilité, au minimum de pension, au financement des retraites, autant elle réaffirme que ces questions ne justifient en rien la remise en cause et la suppression du système de retraites actuel pour aller vers un régime unique par points.
Tout au long des échanges et de ladite concertation depuis 2017 sur le sujet des retraites, FO a mis en avant la nécessité d’apporter des réponses sur ces questions (entrée dans l’emploi des jeunes, CDD et précarité, temps partiel subi, bas salaires, handicap…). FO avait d’ailleurs déposé formellement ses revendications sur ces sujets comme sur d’autres le 16 octobre, auprès du Haut-Commissaire, puis du Premier ministre le 25 novembre. Ces revendications sont publiques et peuvent être consultées sur le site Internet de FO.
Sur la pénibilité, FO revendique le réexamen des critères et notamment l’intégration des charges lourdes et de l’exposition aux produits chimiques, sans exclure non plus celui des risques psychosociaux. Elle n’entend en aucun cas cautionner à travers cette question, la remise en cause des dispositions existantes dans le secteur public (carrières ou services actifs ou régimes spéciaux).
Sur la question du financement et de l’équilibre du système de retraite, FO réaffirme que la première condition de l’équilibre des retraites par répartition est celle du droit, pour toutes et tous, à un emploi à temps plein, pérenne, de l’entrée dans la vie active à l’âge légal de la retraite. FO entend à ce titre que soient également soumises à évaluation, conditions, contrôles et sanctions les dépenses publiques d’aides aux entreprises (crédits d’impôts et allégements de cotisations). FO revendique également que soit examinée la négociation de la possibilité d’une augmentation des cotisations telle que suggérée par le Conseil d’orientation des retraites. FO rappelle parallèlement que les régimes complémentaires, dont en premier lieu l’Agirc-Arrco géré par la négociation collective, sont non seulement équilibrés mais disposent de réserves conséquentes.
FO réaffirme aussi son opposition à la mise en œuvre d’un âge pivot, viager ou temporaire. FO ne sera pas dupe d’un affichage de discussions destiné à justifier le projet de régime unique par points.
Aussi, FO appelle solennellement le gouvernement à arrêter le processus législatif et réaffirme son opposition résolue au régime unique par points.
FO constate qu’il a fallu le déclenchement de la grève à compter du 5 décembre et la mobilisation continue et massive à plusieurs reprises pour que le gouvernement concède la nécessité d’aborder ces sujets.
Déterminée à défendre ses revendications, FO renouvelle son appel au renforcement et à l’élargissement de la grève, des mobilisations qui l’accompagnent, notamment les manifestations le 9 janvier.
La CFE-CGC confirme sa participation à la mobilisation du 9 janvier :
La CFE-CGC se mobilise contre une réforme des retraites de plus en plus dangereuse.
La CFE-CGC, organisation syndicale représentative au plan national appelle les salariés visés par ses statuts à cesser le travail à l’occasion du mouvement national prévu le 9 janvier 2020.
Cette grève est motivée par des revendications professionnelles, notamment le refus de la perspective d’une baisse des retraites et le refus de voir les réserves des régimes complémentaires de retraite être détournées de leur objet et subir une étatisation du fait de la réforme présentée par le gouvernement et actuellement en examen au Conseil d’État.
Nous estimons que l’argent des réserves appartient aux salariés actuels et futurs qui par leurs cotisations et celles des entreprises les ont constituées dans le but d’anticiper les évolutions démographiques.
Nous revendiquons donc l’abandon de cette réforme au profit d’une authentique négociation et du maintien du pilotage et de la gestion des régimes de retraite par les partenaires sociaux.
L’UNSA rappelle sa position plus modérée :
Dès le début, l’UNSA a fait le choix de l’efficacité syndicale et de peser sur le contenu de la réforme par points, réforme que nous ne demandions pas. L’UNSA a eu la volonté de faire des propositions, de trouver les aménagements et les garanties indispensables.Notre feuille de route est toujours de défendre l’intérêt général de tous les salariés et les intérêts particuliers de ceux des secteurs les plus impactés.
C’est la raison pour laquelle l’UNSA a structuré son action en développant ses propositions et argumentaires d’une part et en mobilisant les salariés concernés d’autre part, au bon endroit et au bon moment.
Déjà des avancées
Ainsi, grâce à la proposition de l’UNSA, acceptée par le gouvernement, l’application de la réforme est repoussée à la génération 1974 et non pas 1963 comme initialement prévu.Et ce n’est pas rien… Surtout parce que l’UNSA a également gagné, pour tous, que 100 % des droits dans le régime actuel restent acquis. Nous mettrons également à profit cette période de transition afin, en particulier, de reconstruire les carrières des salariés qui entreraient dans le nouveau système.L’UNSA n’a cessé de marteler que l’âge pivot à 64 ans, dès 2022, proposé par le Premier ministre est une ligne rouge. Nous avons proposé des solutions afin de financer le régime de retraite. Notre opposition résolue à cette mesure injuste et punitive a fait évoluer le gouvernement. Premier signe de souplesse du Premier ministre : une réunion de cadrage et de méthode pour une « conférence de financement » aura lieu vendredi 10 janvier. Si les résultats n’en sont pas encore connus, et pour cause, l’UNSA exige dès à présent, le retrait de l’épouvantail de cette mesure punitive d’âge, et ce afin de pouvoir échanger sereinement Et vendredi, l’UNSA cherchera, comme toujours, à faire bouger les lignes.Notre capacité à imaginer des solutions alternatives qui préservent les salariés, à les expliquer et à les porter devant l’opinion publique peut permettre de convaincre l’exécutif de les reprendre à son compte. C’est notre identité.
Le refus de la stratégie du « tout ou rien »
Nous n’avons pas fait le choix d’une opposition politisée exigeant le retrait complet, total et définitif de la réforme du gouvernement.Ce choix est, pour nous, une impasse. Sauf à obtenir totalement satisfaction, il laissera les salariés démunis et frustrés. Nous ne voulons pas les abandonner. Notre détermination reste entière pour négocier les plus grandes avancées ou les moindres reculs. Si certains attendent le grand soir, à l’UNSA, on préfère se préoccuper de tous les petits matins difficiles que vivent les salariés.C’est déjà une stratégie payante. Au-delà des avancées pour tous, des garanties, des revalorisations, des protections sectorielles ont déjà été arrachées par l’UNSA. Nous nous en félicitons tout en maintenant la pression sur la suite des négociations. C’est, pour nous, cela être efficaces et utiles aux salariés.
L’UNSA mobilisée tous les jours
L’UNSA poursuit son action au quotidien. Conditions de la transition (en particulier dans les secteurs qui ont commencé ou commenceront des négociations), retrait de la mesure d’âge, fonctions publiques, pénibilité, emploi des seniors, prise en compte des droits acquis, il y a encore des gains à obtenir ou des reculs à éviter. C’est la raison pour laquelle la mobilisation de l’UNSA ne faiblira pas.