C’est aujourd’hui que la proposition de loi portée par le groupe parlementaire LIOT – pour Libertés, Indépendants, Outre-Mer et Territoire – et visant à obtenir l’abrogation partielle de la dernière réforme des retraites doit être examinée en commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale.
Pour l’exécutif et ses soutiens parlementaires, ce nouveau rebondissement dans le dossier des retraites constitue un véritable camouflet, qui vient confirmer le naufrage démocratique du macronisme.
L’enjeu des retraites de retour à l’Assemblée Nationale
Jugée recevable par Eric Coquerel, le président France Insoumises (LFI) de la commission des Finances de l’Assemblée Nationale, la proposition de loi déposée par le groupe LIOT d’abrogation des mesures d’âge contenues dans la dernière réforme des retraites – soit : les mesures les plus importantes de cette réforme – est examinée ce mercredi par les membres de la commission des Affaires Sociales. Ils doivent débattre du contenu de la proposition de loi et statuer sur le fait de savoir si oui ou non, le texte pourra être débattu et faire l’objet d’un vote en séance plénière le 8 juin prochain, dans le cadre de la niche parlementaire du groupe LIOT. Sorti de l’Assemblée Nationale par la petite porte du 49.3, le thème des retraites y fait ainsi son retour, empruntant là encore une porte dérobée.
Un texte aux perspectives incertaines
A priori, les chances de succès de l’initiative des députés LIOT apparaissent, certes, limitées. Juridiquement, d’abord, une incertitude existe quant à sa constitutionnalité : la dernière réforme des retraites étant censée soulager les caisses sociales à hauteur d’une quinzaine de milliards d’euros, il n’est pas garanti qu’une proposition de loi visant à revenir sur cette réforme puisse se trouver conforme à l’article 40 de la Constitution – aux termes duquel une proposition de loi ne peut pas dégrader les finances publiques. Politiquement, surtout, la proposition de loi LIOT, qui serait sans doute votée par les forces de gauche de la NUPES et par celles de la droite radicale, n’est en revanche pas soutenue par les parlementaires les Républicains (LR). Or, ils jouent d’une part le rôle de force pivot à l’Assemblée Nationale et ils se trouvent fort bien représentés au Sénat d’autre part.
La macronie aux basses manœuvres
Malgré ces obstacles importants, l’heure semble être à la panique du côté de l’écurie présidentielle. C’est, du moins, ce dont témoignent différentes prises de position de certains de ses représentants de premier plan. Ainsi, il y a quelques jours, le chef de file des députés “Horizon”, Laurent Marchangeli, a cru bon de prévenir les députés corses du groupe LIOT que la poursuite de leur démarche sur les retraites pourrait avoir des conséquences sur les discussions relatives au statut institutionnel de l’Île de Beauté. De manière plus formelle, la présidente de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est montrée décidée à convoquer si nécessaire un bureau exceptionnel de l’Assemblée, où le camp macroniste est majoritaire, afin de torpiller la proposition de loi.
Une bien piètre image de la démocratie
Observant ce petit cirque, certains mauvais esprits pourraient en venir à considérer qu’il vient surtout révéler une nouvelle fois au grand jour que le pouvoir en place n’est pas majoritaire et qu’il n’est donc pas en mesure d’appliquer légitimement – c’est-à-dire sans recourir à la méthode forte – sa politique. Plus généralement, il faut bien constater à nouveau que la macronie refuse de laisser s’exprimer la représentation nationale. Le “cheminement démocratique” de la réforme des retraites cher au Président de la République est décidément semé d’embûches. Il en ressort que le macronisme a un réel problème avec le principe démocratique.