Reste à charge zéro: quand le rapporteur du PLFSS se plante grossièrement sur les chiffres

Olivier Véran, rapporteur du PLFSS 2019, a donné une sacrée leçon de mathématiques (et de flagornerie), vendredi dernier, lors du débat sur le reste à charge zéro et sur les hausses de tarifs pour les complémentaires santé. Manifestement, l’intéressé (qui est médecin au CHU de Grenoble, par ailleurs) est fâché avec le calcul des fractions et des pourcentages. Et sous-estime d’environ 15 fois l’effort demandé aux organismes complémentaires…

 

Au-delà de l’anecdote croustillante, on retiendra surtout le manque de lucidité de la majorité actuelle sur les fonctionnements économiques, y compris dans le domaine de la santé. Manifestement, le rapporteur du PLFSS Olivier Véran n’a pas une claire conscience de l’impact que les mesures qu’il défend auront sur l’économie du pays.  

Le reste à charge zéro en pleine démagogie

On retiendra dans ce dossier que, pour les acteurs de l’exécutif (on y englobera le rapporteur du PLFSS), le reste à charge zéro est une mesure coûteuse pour l’assurance maladie, mais minime pour les complémentaires santé: 0,05% des cotisations à peine. Manifestement, le travail de pédagogie que la profession aurait dû mener auprès des pouvoirs publics n’a pas porté ses fruits. Ni la ministre ni le rapporteur ne semblent mesurer que l’impact de 250 millions d’euros pour des acteurs qui collectent 36 milliards est loin d’être neutre, puisqu’il représente un coût de 7,50€ par an sur un contrat à 1.000 €. 

On ajoutera que la soupe étrange qu’Olivier Véran mixe dans son raisonnement, en mélangeant les comptes de la santé et ceux de la prévoyance, témoignent d’une étrange légèreté vis-à-vis de la réglementation prudentielle. Et d’une étrange méconnaissance des règles comptables dans un domaine qui est pourtant sensible: imagine-t-on un acteur de la prévoyance se déclarer en faillite après avoir puisé dans ses réserves pour financer ses activités en santé?  

Tout cela n’est évidemment pas sérieux et pose une nouvelle fois la question de la capacité des pouvoirs publics à comprendre que la santé n’est pas gratuite, qu’elle a un côut, qui n’a rien de magique, et qu’il n’existe pas plus de cagnotte chez les acteurs complémentaires que dans le régime général. Dans tous les cas, l’assurance maladie et les organismes complémentaires en santé font le même métier: ils répartissent sur les assurés le coût des sinistres qu’ils assurent.  

Dans le cas de l’assurance maladie, cette répartition se fait par l’obligation de cotisations. Dans le cas des organismes complémentaires, elle se fait par les tarifs des contrats. Mais imaginer qu’un gouvernement peut pousser à la consommation médicale par un “zéro reste à charge” sans que cette augmentation de la consommation n’ait un coût relève d’un étrange amateurisme.  

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