Respect de la vie privée : la France mauvaise élève

Cet article provient du site du syndicat CGT.

Depuis 2008, la Police est autorisée à prélever abusivement l’ADN de nombreux de nos militants, dès lors qu’ils sont placés en garde à vue et alors même que leur culpabilité n’est pas établie. Cette conservation de l’ADN dure 40 ans et les possibilités d’effacement du fichier, si la personne n’est pas condamnée, sont dissuasives du fait de la complexité de la procédure. 

Ce 22 juin, la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a mis des limites à cette législation, en condamnant la France, pour violation de l’article 8 de la Convention européenne des Droits de l’Homme, relatif au respect de la vie privée. 

Le requérant, un agriculteur, avait participé à une manifestation en 2008, organisée par un syndicat agricole. Il a été condamné à deux reprises, une première fois pour avoir menacé, avec un parapluie, les gendarmes présents lors du rassemblement et, ensuite, pour avoir refusé un prélèvement de son ADN en vue de son inscription au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). 

Sa requête auprès de la CEDH portait sur la condamnation pour refus de prélèvement ADN. 

La Cour décide que « La condamnation pénale du requérant (…) s’analyse en une atteinte disproportionnée à son droit au respect de sa vie privée et ne peut passer pour nécessaire dans une société démocratique. » Et, elle conteste dans ce même arrêt que la loi ne fasse « aucune différenciation [dans le prélèvement de l’ADN] en fonction de la nature et de la gravité de l’infraction commise ». Elle ajoute que la conservation des profils ADN « n’offre pas, en raison tant de sa durée (quarante ans après une condamnation) que de l’absence de possibilité d’effacement, une protection suffisante à l’intéressé. » 

La CGT avait vivement protesté, lors de la création du fichier FNAEG, et a rappelé à plusieurs reprises son opposition aux extensions apportées. En effet, mis en place dans un premier temps pour le fichage des délinquants sexuels, il recense aujourd’hui 3.5 millions d’individus dont certains n’ont pas été condamnés mais simplement placés en garde à vue pour des faits mineurs. Les syndicalistes sont notamment visés par ce fichage accroissant la tendance à la criminalisation de l’action syndicale. 

Pour la CGT, cette condamnation doit conduire la France à réviser fortement sa législation en matière de fichage. 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

Rac0 : les opticiens saluent la progression (légère) des lunettes 100% santé

Le Rassemblement des opticiens de France (Rof) vient de publier ses statistiques relatives à la progression des équipements 100% santé (ou Rac0 pour reste à charge zéro) dans les ventes des professionnels de l'optique. Ainsi la part des lunettes qui intègrent des verres et/ou une monture Rac0 atteint 19,9% en 2023. D'après le communiqué, cette statistique serait alignée avec les ambitions du Rof (lesquelles ne sont pas...

Astrid Panosyan-Bouvet nomme un nouveau membre dans son cabinet

Par un arrêté du 28 janvier 2025, la ministre chargée du travail et de l'emploi auprès de la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles annonce la nomination d’une nouvelle conseillère au sein de son cabinet. Depuis le 6 janvier 2025, Hélène Vignolles occupe ainsi le poste de conseillère en charge du plein emploi. Retrouvez l'intégralité du l'arrêté nominatif ...

Ucanss : nomination d’un nouveau membre (Medef) au conseil d’orientation

Par un arrêté en date du 27 janvier 2025, la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles a officialisé la nomination d’un nouveau membre au sein du conseil d’orientation de l'Union des caisses nationales de sécurité sociale (Ucanss). Antoine Bessière est nommé membre suppléant en remplacement de Clarisse Costa, sur désignation du Mouvement des Entreprises de France (Medef). Consultez...
Lire plus

PLFSS 2025 : retour à la case départ en séance publique

Nous nous y attendions, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 (PLFSS 2025) a finalement été rejeté en commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. C'est donc la version adoptée au Sénat le 26 novembre 2024 qui sera discutée dès le 3 février 2025 en séance publique par les députés. ...

Avis d’extension d’un avenant à un accord à la CCN des métreurs-vérificateurs

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles, envisage d’étendre, par avis publié le 30 janvier 2025, les dispositions de l’avenant n° 1 du 19 décembre 2024 à l'accord du 10 juin 2024 relatif aux modifications et/ou compléments de dispositions, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des collaborateurs salariés des entreprises d’économistes de la construction et des métreurs-vérificateurs ...