Si, jusqu’à présent, la réforme ferroviaire n’a pas été menée selon un schéma tout à fait logique – les cheminots actuels ayant en effet appris que leur statut ne leur survivrait pas avant même de savoir quels droit conventionnel allait s’appliquer aux futurs cheminots – un certain retour à la raison semble s’opérer en la matière. Ainsi, les négociations relatives à la mise sur pied d’une convention collective ferroviaire viennent de reprendre.
L’essentiel de la CCN en discussion
Si les négociations devant aboutir à la constitution d’une CCN du rail ont débuté en 2014 et ont déjà permis la rédaction et la signature de six des neuf textes qui composeront finalement la CCN, il n’en demeure pas moins que l’essentiel du socle conventionnel demeure à négocier : en l’occurrence, les classifications et rémunérations minimales qui leur sont associées. Ce sont ces deux sujets que les représentants patronaux de l’UTP et salariaux de la CGT, de l’Unsa, de Sud et de la CFDT ont entrepris d’aborder à compter de cette semaine.
L’UTP avance ses pions
Faisant mine de négocier le socle de la future CCN comme si de rien n’était, c’est-à-dire comme s’il n’y avait pas une grève qui perturbait lourdement le trafic ferroviaire depuis plus d’un mois, l’UTP a annoncé la couleur dans le cadre de cette négociation. Au micro de France Info, Thierry Mallet, le président de l’organisation patronale et par ailleurs PDG du groupe Transdev a estimé que “le statut et l’organisation du travail à la SNCF n’amène pas le niveau de performance qu’on peut avoir dans le secteur”. Il a par conséquent jugé que la future CCN devrait être “plus moderne, plus innovante et plus performante” que l’actuel statut des cheminots, afin notamment de permettre plus de “polyvalence” chez les personnels. Espérons que l’UTP a tout de même prévu des contreparties à ses revendications car, en l’état, il n’est pas sûr qu’elles conviendront aux représentants des salariés…
Des attentes syndicales fortes
Alors que la grève contre la réforme ferroviaire avancée par le gouvernement a repris de plus belle hier et que les cheminots sont appelés par leurs syndicats à donner leur avis sur le projet gouvernemental, la reprise des négociations conventionnelles ne manquera d’ailleurs pas de donner quelques sueurs froides aux représentants de l’UTP. Remontés à bloc, les représentants des salariés entendent bien s’appuyer sur le mouvement social cheminot pour faire inscrire dans la future CCN le maximum de droits non dérogeables en entreprise. Traditionnellement plus modérées que la CGT ou Sud, la CFDT et l’Unsa n’en demeurent pas moins mobilisées sur le terrain et ne seront pas, dans l’immédiat, des partenaires faciles pour l’UTP.
Le pari du moyen terme
Du point de vue des représentants salariaux, la reprise des discussions conventionnelles en pleine période de mobilisation sociale peut, en tout cas, apparaître comme un gage d’obtention de concessions importantes de la part du patronat. Du point de vue du gouvernement, cette reprise est également une bonne nouvelle, puisqu’elle pourrait faciliter la concertation engagée avec les syndicats au sujet de la réforme ferroviaire. L’UTP serait-elle donc la perdante de l’affaire ? Rien n’est moins sûr. Prévue pour durer jusqu’à la fin 2019, la négociation conventionnelle aura donc lieu après que climat social se sera apaisé. Il sera dès lors moins difficile pour l’UTP de miser sur l’Unsa et la CFDT pour trouver des compromis moins restrictifs que ceux habituellement négociés en temps de grève.