Réforme des retraites : un inévitable allongement de la durée d’activité

L’enjeu de l’âge du départ à la retraite qui sera mise en oeuvre dans la future réforme des retraites et celui de la durée de cotisation qui sera nécessaire afin d’obtenir une pension d’un niveau correct agitent les esprits depuis plusieurs mois.

 

Dans l’état actuel des choses, il apparaît évident que les Français vont devoir travailler plus longtemps avant de pouvoir profiter de leur pension de retraite. 

Maintenir les Français au travail

Du point de vue de l’exécutif, l’un des objectifs premiers de la réforme des retraites à venir est de faire en sorte que, justement, les Français sollicitent moins rapidement le futur régime unifié qu’ils ne sollicitent actuellement les régimes qui les couvrent. S’il a promis de ne pas toucher à l’âge légal de départ à la retraite, le Président de la République n’en réfléchit en effet pas moins à diverses pistes destinées à s’assurer que les travailleurs demeureront plus longtemps qu’aujourd’hui sur le marché du travail. 

Parmi ces pistes figurent notamment celle de l’instauration d’un “âge pivot” de la retraite, fixé à 63 ou 64 ans – le conseil d’orientation des retraites (COR) penchant plus pour 64 ans à l’horizon 2040 – et représentant l’âge d’un départ sans décote. Une autre solution, aux effets proches, pourrait être d’accélérer les effets de la réforme Touraine des retraites menée en 2014. Actuellement, elle prévoit, à partir de 2020, l’augmentation d’un trimestre tous les trois ans de la durée de cotisation nécessaire à l’obtention d’une pension à taux plein pour les salariés nés après 1973 : cette augmentation pourrait alors être réalisée sur une période inférieure à trois ans. 

Une mise en oeuvre rapide

Cette dernière solution présenterait d’ailleurs l’avantage de pouvoir être rapidement mise en oeuvre – c’est-à-dire sans attendre 2025 et la mise en place effective du futur régime unifié par points. Pour le gouvernement, ceci n’est pas sans intérêt, puisqu’ayant promis de dégager des fonds afin de financer la politique de la dépendance, il va nécessairement devoir trouver rapidement des sources importantes d’économies budgétaires. 

Cité par Capital, Laurent Pietraszewski, député “République en Marche” du Nord et membre de la commission des affaires sociales, ne fait ainsi pas mystère des intentions de la majorité en termes d’accélération du calendrier de la mise en place de la réforme des retraites : “Il ne serait pas illogique de réfléchir aux dispositifs que l’on peut mettre en place pendant cette période [avant 2025, ndlr] afin de dégager des financements dans le domaine social comme la dépendance par exemple”. 

Une réforme des retraites acceptable pour la CFDT ?

Etant entendu, en somme, que, du point de vue du gouvernement, la réforme des retraites est au moins autant l’occasion de réorganiser de fond en comble la politique des retraites en France que d’en profiter afin de réaliser des économies conséquentes sur ce poste budgétaire, il n’est dès lors pas évident que ses intentions vont être bien reçues par les travailleurs. 

Or, il n’est pas dit qu’il va pouvoir compter, cette fois-ci, sur le soutien des syndicats modérés. A de nombreuses reprises, la CFDT a déjà fait savoir que son soutien au principe de la réforme systémique des retraites n’impliquait pas du tout acceptation d’une réforme devant mener à des économies budgétaires. Aux dernières nouvelles, la position cédétiste n’a pas changé. Pour la première fois depuis bien longtemps, la CFDT pourrait bien se trouver contrainte, dans les prochains mois, de hausser sérieusement le ton contre un projet gouvernemental. 

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