Réforme des retraites : les hypothèses pour une sortie de crise

Au lendemain d’une nouvelle journée de mobilisation, la onzième, contre la réforme des retraites imposée par l’exécutif, le blocage demeure total entre ce dernier d’une part et les travailleurs et leurs représentants syndicaux d’autre part.

Tripalio propose à ses lecteurs de faire le point sur les hypothèses qui sont celles d’une sortie de la crise sociale et politique suscitée par la réforme des retraites.

Une contestation sociale qui ne peut suffire seule

Du point de vue d’Emmanuel Macron et du gouvernement Borne, la dynamique globale de la mobilisation sociale contre sa réforme des retraites lui donne raison dans son pari d’enlisement progressif de la contestation sociale. Observant que les cortèges sont moins fournis au fil des journées de protestation, ils s’estiment en effet légitimes à en conclure que les Français auraient, bon an mal an, fini par accepter l’idée de la retraite à 64 ans. Quiconque vit au contact du peuple réel sait qu’il n’en est absolument rien et que le reflux de la contestation procède uniquement d’une certaine résignation, articulée à des contraintes matérielles incompatibles, et plus encore en ces temps d’inflation élevée, avec des pertes de salaires. Quoi qu’il en soit, la mise en échec de la réforme par le blocage de la France apparaît difficile accessible.

Qu’attendre du Conseil Constitutionnel ?

D’ailleurs, du côté des responsables des confédérations syndicales françaises de salariés, on place probablement quelque espoir dans la décision que le Conseil Constitutionnel doit rendre d’ici une semaine au sujet de la réforme des retraites. En l’état, si ces espoirs apparaissent loin, en théorie, d’être infondés, tant les motifs pourraient être nombreux d’une invalidation du texte par le Conseil, dans les faits, il apparaît pourtant assez peu probable qu’il s’embarque dans une remise en cause des mesures d’âge contenues dans la réforme – à la fois pour des questions de légitimité politique à agir et parce que, sur le fond, le principe du recul de l’âge de la retraite ne suscite guère de débat du côté des élites politico-administratives, dont font partie les membres du Conseil Constitutionnel.

La possibilité d’un RIP sur la réforme des retraites

En réalité, la décision la plus importante que pourrait prendre le Conseil Constitutionnel pourrait ne pas concerner directement le texte de la réforme de la réforme des retraites. En effet, dans le même temps qu’il va se prononcer à son endroit, le Conseil va annoncer s’il valide ou non le lancement d’une procédure de référendum d’initiative partagée, ou RIP. Initiée par 252 parlementaires – soit bien davantage que les 185 nécessaires – cette procédure pourrait, si elle bénéficiait de l’appui de 10 % du corps électoral, se traduire par l’enclenchement d’un processus référendaire sur la réforme des retraites. L’organisation d’un RIP pourrait permettre à la fois de susciter un réel débat sur l’avenir des retraites – débat jusqu’alors escamoté par l’exécutif – et de sortir par le haut de la situation de blocage politique et social dans laquelle se trouve le pays.

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