L’âge de départ à la retraite qui sera mis en oeuvre dans le futur régime de retraites n’en finit décidément pas de faire couler beaucoup d’encre.
Probablement agacé de voir cet enjeu revenir au coeur du débat politique sur la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, le haut commissaire à la réforme des retraites, vient de faire savoir au gouvernement qu’il pourrait démissionner si l’âge de départ à la retraite venait à être repoussé.
L’ultimatum de M. Delevoye ?
C’est le Canard Enchaîné du jour qui révèle la bonne ambiance qui règne entre la mission de concertation sur la réforme des retraites et le gouvernement. D’après l’hebdomadaire, Jean-Paul Delevoye menacerait en effet de quitter ses fonctions “dès la fin de cette semaine” dans l’hypothèse d’un report à venir de l’âge de départ à la retraite. “Plutôt partir que faire ça” se justifierait M. Delevoye, bien conscient que la polémique sur l’âge de départ à la retraite pollue très largement le bon fonctionnement de sa mission de concertation.
Une “clarification” attendue
Interrogé par l’AFP au sujet de cet ultimatum, M. Delevoye a fait apporter quelques précisions par son entourage. Il reconnaît d’une part attendre une “clarification sur un éventuel recul de l’âge de départ à la retraite, en dehors du cadre des travaux et de la concertation qu’il mène sur la réforme des retraites”.
D’autre part, bien qu’il réfute le terme d’ultimatum, il admet qu’il n’hésiterait pas à démissionner en cas de remise en cause de la promesse présidentielle de ne pas revenir sur l’âge de départ à la retraite. “Il n’a pas pour autant posé d’ultimatum au gouvernement, mais si les engagements pris devant les partenaires sociaux concernant l’âge minimum étaient remis en cause, il en tirerait les conséquences” explique en effet l’un de ses proches.
La réforme des retraites dans le flou
Prenant connaissance du dernier épisode de la polémique sur l’âge de départ à la retraite mis en oeuvre dans la future réforme des retraites, même les esprits les plus portés à la naïveté – qui auraient, par exemple, bien voulu croire Agnès Buzyn lorsqu’elle a rétropédalé par rapport à ses propres déclarations sur la nécessité d’un recul de l’âge de départ à la retraite – seront forcés de constater que ce recul constitue bel et bien une piste sérieuse de réflexion pour l’exécutif.
Si ce dernier devait finalement décider de s’orienter dans cette voie, il devrait alors assumer de mener la réorganisation totale des retraites sans plus pouvoir s’appuyer sur une mission de concertation qui aurait lamentablement échoué et sans plus disposer d’aucun soutien parmi les syndicats de salariés – le tout, bien évidemment, dans un climat social et politique pas précisément serein. Dans une telle configuration, l’ambiance pourrait être chaude.