Interrogé par l’AFP en marge d’un “atelier participatif” (sic) sur la réforme des retraites organisé à Montreuil (93), Jean-Paul Delevoye, le haut commissaire à la réforme des retraites, a précisé son agenda des prochains mois des “concertations” qu’il doit mener avec les partenaires sociaux. Loin de clarifier les choses, ses propos ont plutôt laissé entendre qu’il tente d’obtenir un délai de quelques mois de la part du chef de l’Etat.
Reprise des discussions en octobre
M. Delevoye a d’abord annoncé que le processus de concertation sociale allait reprendre au mois d’octobre. Une réunion “multilatérale”, rassemblant la CFDT, la CGT, FO, la CFTC, la CFE-CGC et l’Unsa côté syndicats de salariés et le Medef, la CPME et l’U2P côté syndicats d’employeurs, permettra de faire un bilan d’étape des discussions passées et de faire l’inventaire des sujets qui restent à aborder. “On tirera le bilan des six premiers mois et on tracera les travaux des six prochains mois” a en effet déclaré l’émissaire du gouvernement. Au menu de ces futurs échanges, des sujets sensibles, comme la structure des futures cotisations au régime unifié, les mécanismes de solidarité : droit familiaux, réversion, minimum vieillesse notamment, l’âge de départ à la retraite, la durée de cotisation, les carrières longues et les primes des fonctionnaires.
Un hiver plus long cette année
Les lecteurs attentifs auront probablement relevé que, détaillant son agenda, M. Delevoye a bel et bien évoqué les “travaux des six prochains mois”. Il s’est d’ailleurs montré insistant sur ce point. Il a ainsi jugé “possible” que la concertation avec les partenaires sociaux dure plus longtemps qu’initialement prévu – il était entendu qu’elle devait se terminer à la fin de l’année 2018. Le haut commissaire a estimé que sa mission pourrait empiéter sur l’hiver prochain. C’est le moins que l’on puisse dire : si elle dure effectivement six mois, à compter d’octobre prochain, ceci signifie qu’elle prendrait fin en mars 2019. Afin de ne pas trop contredire le Président de la République, M. Delevoye a, certes, tenu à réaffirmer qu’il partageait la volonté du chef de l’Etat de voir la réforme des retraites être votée avant la fin du premier semestre 2019.
Ménager les syndicats de salariés ?
La tentative de l’émissaire du gouvernement d’obtenir quelques mois de délai supplémentaire afin de mener à bien sa mission peut être interprétée comme une preuve du fait que cette dernière s’avère difficile. Passablement irrités par l’attitude et les réformes sociales du chef de l’Etat, les dirigeants des organisations salariales craignent largement ses projets pour les retraites. Trois mois de concertation en plus suffiront-ils toutefois à la préparation des esprits syndicaux à la remise à plat complète de l’organisation de la retraite en France ? Rien n’est moins sûr.