Quelques jours après Force Ouvrière, la CGT appelle aujourd’hui à la mobilisation contre la réforme des retraites. Comme FO, la CGT a préféré miser sur une journée d’action qui ne soit pas fondée sur un appel à la grève.
Engageant leur riposte à la réforme gouvernementale, les deux centrales entament leur tour de chauffe avec prudence, bien conscientes de ne pas se trouver dans des conditions idéales.
Le samedi de FO
Afin de mettre toutes les chances de mobilisation de son côté, FO avait choisi de se mobiliser un samedi – jour de repos pour bien des Français. Entre 6 000 et 15 000 personnes, selon les sources, ont défilé à Paris à l’appel d’Yves Veyrier, le secrétaire général de FO. Le cortège comprenait évidemment des manifestants parisiens mais pas uniquement : par bus, des membres de l’organisation étaient venus d’un peu partout en France afin de manifester leur refus de la réforme des retraites. Si Force Ouvrière considère que la mobilisation a été une réussite – “la détermination s’exprime” a-t-elle commenté dans un communiqué – encore faut-il préciser que les chiffres cités demeurent relatifs par rapport à celui du nombre de syndiqués revendiqués par la centrale.
Sur le fond, comme l’indiquaient bien les banderolles déployées par les manifestants et comme l’a répété M. Veyrier en marge du défilé, FO s’oppose au principe même de la réforme systémique des retraites voulue par le gouvernement. “Nous sommes contre le principe d’un régime unique par poins” a ainsi déclaré le secrétaire général confédéral devant la presse.
La CGT tout doux sur la grève
Du côté de la CGT également, l’opposition au principe de la réforme des retraites demeure totale. La centrale refuse l’unification des régimes de retraite – lors de sa dernière interview sur RTL, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, a d’ailleurs explicitement défendu le maintien des régimes AGIRC et ARRCO – ainsi que la généralisation du système en points, qui conduit selon à elle à l’individualisation de la constitution des pensions de retraite.
Afin de faire entendre ses mots d’ordre, la centrale de M. Martinez descend dans la rue aujourd’hui. Des défilés sont prévus en régions ainsi qu’à Paris – de République à Nation en l’occurrence. Quelques préavis de grève ont bien été déposés ici ou là – à la SNCF notamment, où des perturbations non négligeables sont prévues sur les réseaux secondaire et francilien, mais également dans la fonction publique – mais, dans le cadre de sa journée d’action, la CGT a plus appuyé sur la nécessité de battre le pavé que sur celle de se mettre en grève.
La riposte malaisée à la réforme des retraites
En somme, entre une manifestation organisée un samedi et une journée de mobilisation fondée un petit peu mais pas trop sur un appel à la grève, les opposants syndicaux à la réforme des retraites initient avec prudence leur riposte à la réforme des retraites. Ils sont en effet probablement bien conscients des limites de leurs forces : division syndicale, non seulement au sujet de la réforme mais également entre opposants, difficultés à se faire entendre au-delà de leurs derniers bastions et, dès lors, risque de sur-sollicitation de ces derniers bastions. Sauf à réussir à élargir leur audience, MM. Martinez et Veyrier risquent rapidement de se retrouver à court d’arguments.
Cela étant, l’exécutif aurait tout à fait tort de se réjouir de la configuration d’action difficile dans laquelle se trouvent la CGT et FO. Car, dans le pays réel – autrement dit : hors des cercles urbains aisés sinon hors sol, acquis à la cause macroniste – la réforme des retraites nourrit bien des craintes, à tout le moins. Les motifs de mécontentements potentiels ne manquant pas par ailleurs, une nouvelle montée de fièvre non maîtrisée n’est pas du tout à exclure.