Réforme des retraites : J-1 avant les annonces de Jean-Paul Delevoye

La pression monte, aujourd’hui, autour de Jean-Paul Delevoye, le haut commissaire à la réforme des retraites : c’est en effet demain qu’il doit présenter ses préconisations au Premier ministre Edouard Philippe.

 

A la veille de cette échéance politique majeure, il est opportun de revenir sur ses principaux enjeux : déroulement de la journée, état d’esprit des dirigeants syndicaux et propositions à surveiller tout particulièrement. 

L’agenda retraites de Jean-Paul Delevoye

Demain matin, c’est dès 8h30 qu’en présence d’Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, Jean-Paul Delevoye recevra les dirigeants des principales organisations patronales – Medef, CPME, U2P et FNSEA – et salariales – CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC et Unsa – très probablement afin de leur faire part des principales réflexions que lui auront inspiré les longues concertations qu’il a menées avec eux au sujet de la réforme des retraites. Dans la foulée, à 11h30, M. Delevoye rejoindra Edouard Philippe afin de lui remettre officiellement ses préconisations en vue de la création du futur régime français universel de retraite. 

Rappelons que les préconisations retraites de M. Delevoye devraient largement nourrir la réforme systémique des retraites voulue par le Président de la République, qui serait présentée à l’automne en conseil des ministres pour être adoptée au printemps prochain. La mise en oeuvre de la réforme est prévue pour 2025. 

Des syndicats fébriles

Du côté des syndicats de salariés, on peut dire qu’à l’approche du dénouement de la mission de concertation sur les retraites confiée à Jean-Paul Delevoye, l’état d’esprit est à la fébrilité. On y déplore de ne rien savoir du contenu des mesures qu’il proposera tout en craignant que les salariés aient quelque peu à perdre à cette forme. 

« On est encore sur du flou artistique complet » a ainsi déclaré à l’AFP Philippe Pihet, chargé des questions de retraite et de prévoyance au sein de Force Ouvrière. Interrogé hier matin, sur France Inter, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT n’a pas non plus mâché ses mots, estimant d’une part que la réforme des retraites allait avoir de lourdes conséquences pour « les précaires, les intérimaires, qui n’auront pas une carrière complète » et, d’autre part, que laisser penser aux Français qu’ils allaient continuer à pouvoir prendre leur retraite à 62 ans revenait à les « prendre pour des imbéciles ». 

A la CFDT, pourtant favorable au principe de la réforme systémique des retraites, Frédéric Sève, chargé du dossier des retraites, en est réduit à « espére[r] avoir une méthode de construction crédible », qui prendra en compte les « réalités du travail », notamment en termes de pénibilité. La CFDT s’inquiète, autrement dit, de la perspective d’une « uniformisation brutale » des régimes de retraite. 

Les points à surveiller

A la décharge des dirigeants syndicaux, il est vrai que, s’il est acquis que les préconisations de Jean-Paul Delevoye viseront à la création d’un régime « universel » de retraite, où, comme promis par Emmanuel Macron, « chaque euro cotisé donnera les mêmes droits à tous », et qui sera géré en répartition, il n’en demeure pas moins que l’incertitude est grande quant à la forme que prendront les principales recommandations retraites du haut commissaire. 

En particulier, il conviendra d’observer attentivement celles qui concerneront le périmètre du régime : concernera-t-il les salariés et les indépendants de la même manière et s’accommodera-t-il – et si oui, dans quelles conditions – du maintien de régimes spéciaux ? En outre, le niveau de son financement ne manqueront pas d’intéresser largement : les cotisations seront-elles ou non uniformisées, seront-elle ou non plafonnées, ouvriront-elles systématiquement droit à pension, quel serait leur taux et comment serait décidé la valeur d’achat du point ? En matière de prestations, on surveillera notamment les préconisations de M. Delevoye aux sujets de l’âge du départ à la retraite, du mode de définition de la valeur de service du point et, enfin, de la réversion et des droits familiaux. 

Enfin, on prendra connaissance avec intérêt de ses préconisations institutionnelles : quelle doit-être, d’après lui, la gouvernance du futur régime et quel sort réserve-t-il aux régimes complémentaires et aux régimes spécifiques aux indépendants ? 

Réponses demain ! 

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