Alors que les contours de la future réforme des retraites demeurent vagues, la ministre de la Santé et des Solidarités, Agnès Buzyn, participait hier à un colloque sur la réforme des retraites organisé à l’Assemblée Nationale.
De concert avec des députés bien en vue issus des rangs de la majorité, elle a promis que le futur régime unifié de retraites serait solidaire.
Des retraites à “haut niveau de solidarité”
Citée par l’AFP, Agnès Buzyn s’est voulue rassurante quant aux intentions de l’exécutif en matière de réforme des retraites. “Nous maintiendrons un haut niveau de solidarité […] en reprenant les grands mécanismes qui, aujourd’hui, permettent de limiter les effets sur la retraite des aléas de vie et de carrière” a-t-elle en effet déclaré.
En particulier, la ministre a d’une part évoqué “l’attribution de points” pour chaque enfant et d’autre part un “minimum de pension plus lisible” devant “garantir un niveau de pension satisfaisant à celles et ceux qui auront travaillé toute leur vie avec de petits revenus”.
Dans l’hypothèse – crédible – où ces précisions ministérielles au sujet du “haut niveau de solidarité” du futur régime de retraites devaient s’avérer insuffisantes, Brigitte Bourguignon, députée “République en Marche” et présidente de la commission des affaires sociales, a donné son avis sur la question. Elle a considéré que les “spécificités” des carrières de chacun, notamment en termes de pénibilité, pourraient être prises en compte.
Une conception singulière de la solidarité
Les salariés français – et pas seulement d’ailleurs : les indépendants également, par exemple – qui ont pris connaissance de ces propos de l’exécutif et de représentants de la majorité parlementaire ont peut-être ressenti un certain soulagement quant à la manière dont Emmanuel Macron entend redéfinir de fond en comble le fonctionnement de la retraite en France. La “solidarité” ne sera en effet pas absente du futur dispositif ! Encore faut-il pourtant définir ce que l’on entend vraiment par “solidarité”.
Or, force est de reconnaître qu’à ce sujet, le gouvernement et sa majorité paraissent privilégier une définition plutôt restrictive de cette notion. Richard Ferrand, le Président de l’Assemblée Nationale, s’est ici montré très généreux : selon lui, la solidarité doit permettre à ce que “chacun puisse vivre la dernière partie de sa vie dans la dignité”. A peine plus ambitieuse, Agnès Buzyn a affirmé que la solidarité entre actifs et retraités doit constituer “la promesse que chacun de nous aura les moyens de vivre correctement lorsque nous quitterons la vie active”.
En somme : d’après le gouvernement et la majorité, la retraite et la solidarité qu’elle instaure entre actifs et inactifs ne sont pas destinées à permettre aux retraités de continuer à s’inscrire dans la même dynamique économique et sociale que les travailleurs mais, de manière bien plus floue, à leur assurer les ressources nécessaires afin de “vivre correctement” voire, basiquement, afin de vivre “dans la dignité”. A bon entendeur !